Pour sauver Petroplus,
le gouvernement refuse la proposition
d'une société iranienne,
frappée par des sanctions internationales
mais qui "aurait tout pour plaire".
ROUEN - Les 470 salariés de la raffinerie Petroplus de Petit-Couronne, en Seine-Maritime, sont suspendus mardi au dépôt d'offres de reprise de leur groupe devant le tribunal de Rouen, un dossier emblématique suivi de près par le gouvernement français.
Les chances de trouver un repreneur pour cette raffinerie, à l'arrêt depuis janvier 2012 après le dépôt de bilan de son propriétaire Petroplus, sont toutefois limitées, estiment les services du Premier ministre, qui ont rencontré l'intersyndicale lundi soir.
Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a fait valoir pour sa part que l'Etat était prêt à mettre de l'argent dans cet équipement, devenu symbolique des difficultés de l'industrie française.
"Pour reprendre une raffinerie de cette envergure, il faut deux choses : beaucoup d'argent et du pétrole. Nous sommes disponibles pour accompagner un offreur, nous l'avons dit à tous ceux qui se sont présentés", a-t-il déclaré sur RTL, précisant attendre plusieurs propositions.
Lors de la dernière audition début novembre, une seule offre ferme, de la société NetOil, qui dit avoir obtenu un accord avec le pétrolier BP, et six lettres d'intention avaient été déposées auprès du tribunal de commerce de Rouen.
Selon l'intersyndicale, NetOil est toujours candidat au rachat et de nombreuses sociétés se seraient dites intéressées, parmi lesquelles une société iranienne, frappée par des sanctions internationales mais qui "aurait tout pour plaire".
"Ce sont des raffineurs, ils ont du pétrole et de l'argent", estime Yvon Scornet, porte-parole de l'intersyndicale.
Concernant la fourniture de pétrole à raffiner, Arnaud Montebourg a assuré que la piste libyenne, un temps évoquée, était sérieuse.
"Elle l'a toujours été", a-t-il dit, ajoutant que les pays producteurs de pétrole ont intérêt aujourd'hui à se positionner sur le marché européen.
UN PLAN SOCIAL ÉVOQUÉ
L'heure limite pour le dépôt des offres est fixée à 17h00 ce mardi. Les administrateurs provisoires annonceront leur décision mercredi, lors d'un comité d'entreprise extraordinaire.
Si un ou plusieurs dossiers sont jugés recevables, une audience de cession pourra se tenir au tribunal de commerce "dans un délai de trois ou quatre semaines", a précisé Yvon Scornet. Dans le cas contraire, la raffinerie sera mise en cessation d¹activité à la date fixée préalablement par le tribunal, soit le 16 avril.
Arnaud Montebourg a précisé que si l'Etat participait à la reprise de cette raffinerie, ce serait "de façon minoritaire".
Les perspectives de reprise étant limitées, le financement d'un plan social a été évoqué, indiquait-on lundi à Matignon.
Une source proche du dossier le confirmait mardi. "Hier soir, il n'y avait pas d'offre ferme et définitive, avec un 'business plan', un plan de financement, etc. Il y a encore des discussions, des repreneurs qui travaillent. Ce n'est pas définitif", a souligné cette source.
S'il y avait une offre de reprise, l'Etat pourrait intervenir via le Fonds stratégique d'investissement (FSI) "pour boucler le plan de financement", explique-t-on. "Arnaud Montebourg a rappelé la disponibilité de l'Etat à faire cela. En l'état des offres, cette demande n'a pas été faite."
Petit-Couronne est l'une des huit raffineries françaises qui fournissent une partie des 50 millions de mètres cubes de carburant consommés chaque année en France, selon l'Ufip (Union française des industries pétrolières).
Secteur stratégique, le raffinage français est en crise depuis des années, cumulant des marges peu élevées à une faible demande et à une surcapacité de production d'essence, dans un pays où le diesel représente 80% de la consommation de carburant.