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INVESTIG'ACTION  

 

TTIP ou Tentative Terroriste des Investisseurs Privés

 

 

ELISABETH BEAGUE

 

 Imaginez, lecteurs, ce qu’il risque de nous arriver. L’Etat est en faillite, il va être vendu, ministère par ministère. Arcelor Mittal aurait bien racheté l’industrie mais, comme il l’a déjà mise à mal durablement, l’industrie n’est plus en Belgique un secteur porteur. Arcelor Mittal préfère donc s’intéresser au ministère des Affaires Sociales, il y a là beaucoup à faire. Monsanto, quant à lui, se porte acquéreur de l’Agriculture et prévoit d’ores et déjà de réaliser de sérieux bénéfices.     

                                                                                 chapitre 1

A ce jour, nous savons aussi que Continental étudie nos infrastructures et le domaine de la mobilité tandis que Bayer a pris contact avec le ministère de la Santé. Nestlé discute en ce moment avec le groupe Suez les modalités de partage du service énergétique. Davantage intéressé par le captage et la commercialisation de l’eau, Nestlé abandonnerait à Suez les domaines du gaz et de l’électricité.

Voyons dans un premier chapitre quelles sont les intentions du groupe repreneur des Affaires Sociales.

D’après nos informations, l’étude d’Arcelar Mittal avance à grands pas et quelques mesures choc seraient imminentes.

1) La protection sociale sera considérée comme une entrave à la libre concurrence, les mutualités seront donc démantelées et les assurés sociaux seront priés de s’adresser à des caisses privées. Les primes seront calculées en fonction des coûts et des risques, comme c’est déjà le cas pour nos assurances automobiles. Une liste sera dressée des maladies pouvant bénéficier d’une couverture d’assurance, couverture renouvelable chaque année après examen médical du souscripteur pour réévaluer le montant à percevoir, et il conviendra d’exclure de la liste celles des maladies considérées comme étant chroniques et dont les coûts s’étalent sur des années en risquant de croître progressivement. En outre, le souscripteur fournira à la caisse d’assurances une copie de son contrat de travail ainsi qu’un billet de paie pour attester de la régularité de ses revenus et prouver sa capacité à honorer ses mensualités.

2) Les offres d’emploi seront publiées en anglais qui deviendra la langue universelle. Des traductions pourront être obtenues moyennant paiement.

3) Les contrats d’embauche seront établis selon le moins-disant car il est évident que les Belges sont trop riches. Et les riches sont capricieux, leur niveau de vie étant trop élevé, ils ont perdu le goût de se battre. Aux USA – merci aux cow-boys pour le bon exemple qu’ils nous donnent – on apprend à se démerder tout seul, on n’attend pas comme une plante que la pluie tombe pour être arrosé.

4) Les contrats de travail seront conclus pour des périodes maximales de trois ans, renouvelables trois fois. Après quoi, le travailleur sera considéré comme ayant atteint un plafond de rentabilité. Il sera alors contraint d’aller voir ailleurs. Cette mobilité du travail obligera – pour son bien – le travailleur à rester performant tout au long de sa carrière. Pour augmenter sa combativité, on veillera aussi à augmenter le coût de la vie et donc le coût de l’énergie (débat à prévoir avec le ou les investisseur(s) qui se montrera(ont) intéressé(s) à prendre en charge les secteurs du gaz, de l’électricité et de l’eau).

5) Si des contestations apparaissent, elles seront réglées – vite fait, bien fait – par des cours d’arbitrage qui les jugeront injustifiées et stériles (au contraire des avis rendus parfois par les glandeurs de l’OIT). Arcelor Mittal sera sûr de pouvoir ainsi se soustraire aux exigences actuelles en matière de temps de travail, de salaires, de conditions de travail, de sécurité et d’hygiène. Et le travailleur saura qu’il est inutile d’introduire une plainte car celle-ci serait jugée d’emblée comme étant frivole. Il ne restera plus au travailleur que de travailler en fermant sa gueule. Comme il perdra moins de temps en discussions inutiles, il sera plus rentable.

6) Arcelor Mittal se fait fort d’éradiquer le chômage. Pour ceux des demandeurs d’emploi qui n’auraient pas décroché de contrat, un ramassage matinal sera organisé tous les jours pour rassembler les forces inoccupées et répondre aux besoins non couverts par les travailleurs sous contrat. Ces besoins évoluant en fonction des régions et des saisons, le dossier est pour le moment encore à l’étude. Des actionnaires d’Arcelor Mittal s’y emploient activement.

Lecteurs, nous continuerons bien entendu à vous tenir au courant de ce qui se trame dans votre dos. Un ajout pourrait être apporté au dossier Arcelor Mittal si d’autres mesures se précisent.

Entre-temps, un deuxième chapitre est consacré à Monsanto.


"Monsanto s’y connaît aussi en mauvaises herbes, nous ne dresserons pas ici la liste de tous les produits éradicateurs que la firme a commercialisés. Sachez seulement que ces produits sont tellement performants qu’ils n’éradiquent pas seulement les mauvaises herbes, ils éradiquent aussi les agriculteurs..."  

chapitre 2


"Monsanto s’y connaît aussi en mauvaises herbes, nous ne dresserons pas ici la liste de tous les produits éradicateurs que la firme a commercialisés. Sachez seulement que ces produits sont tellement performants qu’ils n’éradiquent pas seulement les mauvaises herbes, ils éradiquent aussi les agriculteurs..."

 

Amis lecteurs,

A ce jour, nous ne disposons pas encore de toutes les données relatives au programme de Monsanto qui s’est porteur acquéreur de l’agriculture, de la pisciculture et de l’élevage. Nous pouvons cependant vous en dévoiler déjà quelques unes.

Faisons d’emblée confiance à ce génie qui, il y a 25 ans déjà, inventait le poisson antigel. Grâce à un gène particulier, ce poisson pouvait en effet nager en eaux profondes et glacées, là où il était sûr de ne pas rencontrer de concurrence, et ratisser le plancton sur des kilomètres. Bien sûr, le poisson antigel a nui aux autres variétés et à la flore sous-marine mais, comme il grossissait vite, il assurait aussi une nourriture abondante et rapportait des dollars à profusion. Quelques riverains ont bien essayé de protester, ils ne trouvaient plus au marché leurs sardines habituelles, mais tous les procès qu’ils ont intentés sont restés sans suite. Et si l’on veut manger, eh bien on mange ce qu’on trouve et on arrête de faire la fine bouche. D’autant que, d’après les prévisions et les calculs, la population mondiale ne va pas cesser de sitôt de croître et d’embellir.

Monsanto s’y connaît aussi en mauvaises herbes, nous ne dresserons pas ici la liste de tous les produits éradicateurs que la firme a commercialisés. Sachez seulement que ces produits sont tellement performants qu’ils n’éradiquent pas seulement les mauvaises herbes, ils éradiquent aussi les agriculteurs. Là encore, il y a eu des protestations, là encore Monsanto a réfuté ces plaintes « injustifiées et frivoles » et mis ses détracteurs au défi d’apporter des preuves scientifiques pertinentes. Vous penserez « vive l’impertinence ! » mais ce n’est pas si simple que ça. Qui étudie les preuves ? Qui pratique les tests ? Qui compare ? Qui réfléchit ou fait mine de réfléchir au problème ? Et, finalement, qui juge ? Ajoutons : qui paie les juges ? Questions « banco ».

Un peu mégalomane quand même, Monsanto a créé les bœufs obèses, piqués à l’hormone de croissance. Cela rapporte, un bœuf obèse est plus lourd qu’un bœuf « normal », c’est donc plus cher, et, débité en morceaux, ça fait un plus gros tas. Pour arriver à un bon résultat, il a quand même fallu un peu de tripotage dans toutes les hormones parce qu’au début on ne se rendait pas compte que les femelles traitées étaient stériles et que, si ça continuait ainsi, ce ne serait pas rentable. C’était trop vache !

Bref, tout cela, c’est de l’histoire. Venons-en aux premières mesures dont nous avons réussi, non sans mal car Monsanto est un spécialiste des brevets et des secrets de fabrication, à prendre connaissance.

1) Les produits ne seront plus étiquetés que de manière très succincte. Les exigences de marquage et de certification sont effet onéreuses et restrictives pour le commerce. Le consommateur saura simplement s’il achète des champignons de Paris ou des croquettes pour son chat. Seule, la « variété » du produit sera indiquée. Il ne s’agit pas de donner des croquettes « goût bacon » à un chat qui n’aime que les croquettes « goût salami ».

2) Toutes les normes sanitaires, phytosanitaires et environnementales seront annulées car elles constituent des entraves au profit et représentent des obstacles plus rigoureux que nécessaires. Elles sont de toute façon inutiles puisqu’en cas de procès le gagnant est connu d’avance. Remarquons d’ailleurs que certains procès durent si longtemps que tout le monde est mort avant que le verdict ne soit prononcé.

3) Les exploitations agricoles devront être concentrées au maximum, les petits exploitants seront donc expropriés (et pourront éventuellement bénéficier du ramassage matinal – voir TTIP chapitre 1).

4) Il sera mis fin aux circuits courts entre producteurs et consommateurs, ces circuits courts constituant une concurrence déloyale. Des inspecteurs en civil circuleront pour détecter les fraudes, ce qui fera plaisir à Arcelor Mittal puisque cela créera des emplois. A l’occasion, Arcelor Mittal renvoiera la balle.

5) Les potagers privés seront taxés en fonction de leur superficie et de leur rendement, et il sera interdit de cultiver des herbes aromatiques dans des bacs à fleurs.

6) Toute graine ramassée au hasard d’une promenade familiale dans un bois devra faire l’objet d’une déclaration auprès d’un office de contrôle qui vérifiera si la graine figure sur la liste des propriétés privées de Monsanto.

7) Toutes les semences seront brevetées et appartiendront en fait et en droit à Monsanto. Celles que vous achèterez pour votre jardin seront stériles, vous en achèterez donc chaque année et vous obtiendrez une carte de fidélité. Mais, même sans carte de fidélité, vous serez fiché.

8) Monsanto sera d’ailleurs propriétaire de la chaîne alimentaire complète, depuis la semence jusqu’à l’assiette. Du coup, vous ne perdrez pas de temps à vous poser la question de l’origine du produit.

Une belle vue d’ensemble, n’est-ce pas ? Il faut une fameuse équipe de chimistes, de financiers, d’avocats et de banquiers pour mettre au point un tel programme. Gageons que ce n’est pas fini et que ce « ministère » nous réserve encore quelques belles surprises.

Entre-temps, soyez rassurés, l’équipe gagne bien sa vie et c’est vous qui payez.

lcollon.info

 
Tag(s) : #Contre l'impérialisme
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