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 La corruption est devenue un système banalisé dans la gestion des entreprises. Les spots de l’actualité se focalisent ces dernières semaines, sur la puissante et première fédération patronale du MEDEF, l’UIMM et ses ‘caisses noires’. Son président, Denis Gautier-Sauvagnac, disposerait ainsi de fonds qui atteindraient des centaines de millions. Il aurait soustrait à la trésorerie de son organisation un montant global de 17 millions d’euros en liquide. Pour quel usage ? Il s’agirait de ‘fluidifier les rapports sociaux’ avec les syndicats, selon les commentaires de DGS, confirmés par ses prédécesseurs à la tête de l’UIMM, messieurs François Ceyrac, Arnaud Leenhardt et Daniel Dewavrin. François Ceyrac, également ancien président du CNPF, n’a-t-il pas écrit , dans une lettre manuscrite adressée le 6 octobre à Denis Gautier-Sauvagnac, que les retraits en liquide ont toujours existé :
« Je suis bien placé pour savoir que les actions que l’on vous reproche, consistant à donner des aides en espèces à divers partenaires dans la vie sociale, sont dans la continuité historique de l’UIMM dans sa mission de recherche du dialogue social ».
Ces propos ont reçu l’aval des deux autres anciens présidents de l’organisation patronale. Le Monde (daté du 16 octobre), qui fait part de cette information, publie également une interview de Daniel Dewavrin, qui fait sien l’objectif recherché de ‘fluidifier les rapports sociaux’. En clair, le but est d’obtenir ‘de certains syndicats’ une position favorisant la signature d’accords à minima, éloignés des revendications initiales. Les bénéficiaires seraient naturellement les syndicats ‘compréhensifs’, voire, dit-on, certains de leurs dirigeants.
On aimerait connaître le nom de ces ‘certains syndicats’, ainsi évoqués, ne serait-ce que pour mettre à l’abri du soupçon, ceux qui ‘ne mangent pas de ce pain là’. Cette transparence permettrait d’éviter de jeter l’opprobre sur l’ensemble des organisations syndicales et de ses responsables. Le flou entretenu ces jours-ci sur les bénéficiaires des largesses patronales ne vise-t-il pas à discréditer les organisations syndicales dans leur ensemble, à quelques jours de mouvements sociaux qui s’annoncent puissants ?
De toutes façons, les pratiques patronales de soudoyer certains de ceux qu’on appelle indûment des ‘partenaires sociaux’, ne tombent-elles pas sous le coup de la loi ?
On attend à ce sujet l’opinion de la ministre de la Justice, si prompte à agiter le glaive contre les auteurs de délits, surtout lorsqu’il y a récidive.
 
Il faut savoir que l’UIMM a toujours été le fer de lance financier de nombreuses opérations de soutien aux éléments les plus activistes du monde politique. Dans les années 70, la fédération patronale est mêlée de près à toutes les activités de la nébuleuse anticommuniste animée par Georges Albertini*, l’ancien lieutenant de Marcel Déat pendant l’Occupation. On peut citer  l’Institut d’Histoire Sociale, l’Institut Supérieur du Travail, et aussi l’ALEPS, association d’économistes ultralibéraux (officiant aux universités de Aix-Marseille 3 et de Paris-Dauphine), qui, encore cette année, tient ses assises dans les locaux de l’UIMM. Dans quelles conditions financières ?
Dans les centres de documentation et de formation anticommunistes (IHS, IST), participaient des membres éminents de l’UIMM de l’époque, aux côtés d’anciens collabos, et aussi de membres fondateurs d’Occident tels Alain Madelin ou Xavier Rauffer (aujourd’hui, consacré ‘expert en terrorisme’ et professeur à ce titre dans de hautes écoles de la République).
Faut-il rappeler également le rôle joué par « Pierre Pucheu, qui par l’intermédiaire du Comptoir Sidérurgique de France, organisation intégrée au Comité des Forges, fut pour le PPF** une source de revenus régulière et abondante »***.
Pierre Pucheu sera l’un des pourvoyeurs de la Cagoule en 1937. Devenu ministre de l’Intérieur de Pétain, en 1941, il fournira aux Allemands la liste des otages qui seront fusillés à Chateaubriand.
Il serait erroné de croire que cette politique patronale se soit limitée à la seule corporation métallurgique. Le secteur financier (banques et assurances), l’industrie chimique, ont toujours été également en première ligne du combat contre les forces de progrès, contre le communisme, prenant fait et cause pour le fascisme et le nazisme.****
L’affaire actuelle de l’UIMM n’est que la partie immergée de l’iceberg.
 
*           Jean LEVY, Le dossier Georges Albertini, L’Harmattan
**    Le Parti Populaire Français fut fondé en 1936 par Jacques Doriot, l’un des dirigeants    de la collaboration avec l’occupant nazi.
***     Jean-Paul BRUNET, Jacques Doriot, Balland.
****   Annie LACROIX-RIZ, Industriels et banquiers sous l’Occupation, Armand Collin.
,,               Le choix de la défaite, Armand Collin.
 
 
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