Cet antique proverbe doit servir de référence aux 'élites' qui nous gouvernent. En effet, de nombreuses initiatives prises par le pouvoir sarkozien sont puisées dans l'arsenal idéologique de la bourgeoisie du XIXème siècle.
Prenons un exemple : les autorités gouvernementales font campagne aujourd'hui pour que nombre de locataires de logements HLM en deviennent propriétaires :
"Nous vous offrons des conditions d'achat très avantageuses. Et le montant des mensualités de remboursement n'excède pas la somme que vous payez, actuellement, en loyer, . Et, au bout du compte, vous acquérez un 'bien' que vous pourrez transmetre à vos enfants !".
Proposition alléchante, du moins au premier abord. Il y a pourtant un revers à la médaille. En tant que locataire, vous ne participez pas aux travaux concernant votre immeuble. Mais demain, comme propriétaire, vous devrez mettre la main au porte-monnaie pour régler la réfection de la toiture, la mise aux normes des ascenseurs et de la tuyauterie, pour renouveler la chaufferie, pour effectuer le ravalement des façades. Jusqu'ici ces travaux, extèmement lourds, financièrement parlant, étaient réglés par l'Office d'HLM. Demain, ils seront à charge des nouveaux 'propriétaires' qui, pour beaucoup d'entre eux, ne disposent d'aucune économie pour y faire face.
Cette situation sera la règle. Les HLM mis en vente ne seront pas les derniers construits, mais les plus vétustes, là où les travaux indispensables n'ont jamais été effectués depuis des décennies.
Qu'adviendra-t-il des 'propriétaires', le plus souvent très modestes, qui ne pourront pas payer ?
Le pouvoir le sait bien, mais n'en souffle mot. L'opération vise donc à un tranfert de charges, tout bénéfice pour l'Administration.
Cependant, l'aspect mercantile du projet, n'est peut-être pas l'objectif essentiel du pouvoir.
Faire des couches populaires des 'propriètaires' répond, depuis l'aube du capitalisme, à une politique de neutralisation idéologique des "classes dangereuses". Déjà, au lendemain de l'insurrection des canuts lyonnais, à Lyon, en 1831, le journaliste Saint-Marc Girardin songeait aux solutions qui écarteraient les "barbares" des faubourgs de la lutte de classe. Parmi les mesures préconisées : permettre à ceux-ci de devenir "propriétaires" pour que leur nouvelle condition les conduise à changer de mentalité et de comportement.
N'est-ce pas également le sens d'une des "réformes", qualifiées de "modernes", menées par Sarkozy ?
Comme quoi " C'est dans les vieux pots qu'on fait la meilleure soupe" !