L'arrivée du grand froid rend la vie des sans-logis encore plus intôlérable. Plus de 200.000 personnes sont condamnées à subir les intempéries, loin de toute protection. Il est difficile de décrire leurs conditions d'existence : le gel qui mord la peau à longueur de jour, et surtout de nuit quand les heures sont encore plus longues, l'humidité qui pénêtre jusqu'à l'os, l'humiliation permanente, conséquence du manque d'intimité, d'une toilette négligée, du regard indifférent du passant. Les associations d'aide sonnent l'alarme, tirent le cordon des sonnettes officielles. Les promesses gouvernementales, faites en début d'année, de mettre à disposition 22.000 places supplémentaires pour accueillir les nombreuses détresses, n'ont pas été tenues. La ministre du logement a beau hocher la tête, et refuser l'évidence : il manque 14.000 accueils d'urgence. Madame Christine Boutin n'a pas ce genre de souci. Pourtant, entre deux voyages à Rome en tant que "consulteur pontifical pour le Vatican", elle qui a fondé en 1993 l'association "Alliance pour le droit à la vie", la ministre devrait se rappeler que les personnes humaines ont autant de droits d'être protégées au sein de la société que les foetus dans le ventre de leurs mères.
Et au-delà des SDF ( les "plus pauvres des plus pauvres" sont marqués d'un sigle, comme les lépreux au Moyen-Age ), il existe plus de 800.000 hommes, femmes et enfants qui doivent se contenter d'un chambre d'hôtel insalubre, d'un camping-car sans chauffage, d'une chambre de bonne précaire et exigüe pour quatre ou cinq personnes.
Cette situation s'installe dans la 'normalité'. Le cauchemar des uns n'empêche pas d'autres, ceux qui nous gouvernent, de faire de beaux rêves dans des lits bien moelleux.
"Il y aura toujours des riches et des pauvres !" comme disent les riches.
Et si les uns et les autres changeaient de camp ?