Le pouvoir sarkozien exulte, et les médias, à sa suite, également : le personnel de l'usine Continental, à Sarreguemines a accepté, à 74%, l'ultimatum de la direction. Les ouvriers et les cadres ont voté l'abandon des 35 heures, le retour à la semaine de 40 heures, moyennant une augmentation de 6% des salaires. Sinon, c'était l'incertitude quant à l'avenir de l'entreprise, avec la menace d'une délocalisation.
On ne s'étonnera pas, dans ces conditions, que les salariés aient choisi l'emploi, assorti d'une majoration des rémunérations, au chômage.
Tel est le seul choix "offert", en 2007, au monde du travail par le Medef, via son gouvernement.
Cette situation est le fruit vénéneux de la loi, dite des "35 heures", prise par le gouvernement Jospin. En donnant la priorité à la réduction du temps de travail, alors que le niveau des salaires était très bas, la majorité de 'gauche plurielle' conduisait les salariés à rechercher une augmentation de leurs rémunérations par le biais des heures supplémentaires.
C'est ce qu'a bien compris le duo Florence Parisot-Nicolas Sarkozy en faisant voter deux lois, coup sur coup, pour inciter le monde du travail à "travailler plus" pour faire face à la hausse accélérée du coût de la vie.
Ainsi, les salariés sont "perdant-perdant" sur tous les tableaux. Avec le gouvernement socialiste, ils ont subi la contrepartie des réductions d'horaire : la "flexibilité" et "l'annualisation du travail", c'est-à-dire l'organisation de celui-ci au seul gré des patrons. Réduit dans le temps, et non dans sa masse - au contraire -, l'intensité du rendement est devenue de plus en plus harassante, insupportable, et cela avec des salaires toujours aussi bas !
Le besoin prioritaire de voir sa feuille de paie augmentée prime toute autre considération.
Dans ces conditions, on comprend, même si on le regrette, le vote des ouvriers de Continental.
Ce ne sont pas eux les responsables, mais bien les organisations syndicales, les partis poltiques qui ont prêté la main à ces opérations, ô combien rentables pour le capital !
Loin d'en tirer les leçons, les dirigeants des Confédérations ouvrières persistent et signent. Aujourd'hui, elles acceptent de participer à l'Elysée à une conférence initiée par Nicolas Sarkozy visant à "fixer l'agenda social pour 2008".
En clair, le président de la République veut associer "les partenaires sociaux" à la mise en oeuvre du programme de contre-révolution sociale voulu par le Medef, et mis en musique par Nicolas Sarkozy. Il s'agit de "la réforme du marché du travail" ( c'est-à-dire la destruction du Code du travail ), de l'allègement des cotisations patronales, du travail généralisé le dimanche et d'autres mesures de cet ordre.
Ainsi, le bourreau demande aux avocats de signer l'arrêt de mort !
Face à ces menaces, auxquelles s'ajoutent l'annulation des "régimes spéciaux de retraites", l'allongement prévu du nombre des annuités de 40 à 41 pour l'ensemble du monde du travail, la loi limitant le droit de grève, la fusion ASSEDIC-UNEDIC, la privatisation larvée des universités, la réduction programmée du nombre de fonctionnaires, la suppression d'hôpitaux, jugés "non-rentables", celle de nombreux bureaux de poste et d'écoles rurales,
que font les syndicats ?
Ils attendent, avec impatience, la reconnaissance officielle de leur représentativité, si possible monnayée par le pouvoir, une place - un strapontin -parmi les "élites" qui décident à la place du peuple.
Les salariés accepteront-ils longtemps cette comédie ?