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Depuis l'ère Sarkozy, la stratégie sociale du pouvoir est simple : obtenir la présence des organisations syndicales dans de pseudo  "négociations" portant sur les revendications du Medef. Celles-ci visent à soustraire les employeurs de toutes les obligations découlant de l'application du Code du Travail.
  
Cette méthode a pour objectif de "normaliser",  c'est-à-dire de justifier aux yeux de l'opinion, le bien fondé des remises en cause des conquêtes sociales, par la présence active des syndicats dans le processus de démantèlement des acquis, issus des luttes ouvrières. Les dirigeants syndicaux servent ainsi, par leur présence,  de caution à la "contre-révolution sociale" sarkozienne. 
Certes, l'argument évoqué pour justifier cette attitude, relève du faux bon sens : 
"Les représentants des travailleurs doivent être toujours présents là où se discutent leurs droits, afin de  défendre ceux-ci efficacement. La 'politique de la chaise vide' laisserait gouvernement et patrons libres de décider seuls", 
répètent à satiété les tenants du renoncement.

Ce raisonnement ne tient pas. 
En effet, Nicolas Sarkozy a bien prévenu : "Ou les syndicats acceptent l'essentiel des revendications patronales, ou je les imposerai par la loi !" 
Aussi, les ministres, les gens du Medef, posent l'intégralité  de leurs desiderata, quitte à accepter, dans l'immédiat,  quelques modifications à la marge. Ils imposent ainsi leurs exigences avec le label syndical. C'est tout bénéfice pour le pouvoir et les patrons : l'accord syndical sera dissuasif vis-à-vis de tout mouvement social. 
Et  même, si aucune signature des centrales ouvières n'est apposée au bas du texte, le fait d'avoir accepté de discuter pendant des jours et des jours des prétentions du Médef, donne à celles-ci une 'respectabilité sociale', puisqu'elles étaient "négociables" ...

Alors, pourquoi entrer dans le jeu patronal ? Pourquoi prêter la main à la mise à mort du Code du Travail ? Les dirigeants des syndicats qui 'collaborent'  avec 'l'ennemi de classe', comme on disait il y a vingt ou trente ans, prétendent le faire sous prétexte de limiter "la casse"...
Ce même argument a été avancé par les syndicalistes ralliés à Vichy . Georges Albertini, ancien socialiste l'un des dirigeants de la Collaboration avec les nazis durant l'Occupation, s'est servi ouvertement de ce sophisme pour tenter de se dédouaner. 
Ainsi, à son procès pour "intelligence avec l'ennemi", en décembre 1944, Georges Albertini justifie son attitude :
"Cette politique qu'on appelle une politique de collabration, moi, par un vieux reste de vocabulaire socialiste, je l'appelle une 'politique de présence' ".*

C'est cette 'présence' qui pose problème. 

* Extrait de l'ouvrage de Jean Lévy
"Le dossier Georges Albertini  Une intelligence avec l'ennemi", 
 livre édité chez L'Harmattan


 

Tag(s) : #Social
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