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A l'unisson de tous les médias, France Inter  consacre aux évènements de mai 68 une place inconsidérée. D'abord, pourquoi le 21 mars évoquer avec tant de flon-flons "la révolte étudiante" de mai, quarante ans après ? Car, de bien entendu, l'essentiel,  aux yeux de nos journalistes, ce sont les "hauts-faits" des étudiants que l'on doit célébrer ! On peut nous rétorquer, cette "révolution" a pris naissance le 22 mars 1968. Ce jour-là, protestant contre l'arrestation de jeunes à la suite d'une manif' contre la guerre du Viet-Nam, un groupe d'étudiants a ocupé le centre administratif de la fac de Nanterre, et s'est proclamé "Mouvement du 22 mars". Parmi ces insurgés, un inconnu : Daniel Cohn-Bendit. On n'a pas fini d'en parler ...
L'agitation va se poursuivre localement pour déboucher, en mai,  par les "barricades de la rue Gay-Lussac", au quartier latin, la "prise de la Sorbonne" et l'occupation de l'Odéon.
Que les violentes bagarres aient suscité une vive émotion dans la classe ouvrière, que celle-ci ait manifesté sa solidarité avec les étudiants, nul ne le conteste. La puissante riposte populaire du 13 mai, à Denfert-Rochereau, à l'appel des syndicats, a créé un climat favorable au développement rapide, en 'tache d'huile', de grèves ouvrières massives.  L'occupation des usines, des bureaux, des magasins par les travailleurs, villes aprè villes, professions après professions, l'arrêt total des transports ont paralysé la France en quelques jours. Qui oserait affirmer qu'un tel mouvement est né sans qu'une sourde colère ouvrière ne l'ai provoqué ?
Les dirigeants étudiants ont cru pouvoir en prendre la tête, en dénonçant, haut et fort, les"traitres de la CGT", l'organisation et ses militants  qui, de la base au sommet, conduisaient la lutte.
Mais de cette lutte, de son extraordinaire puissance, des résultats qu'elle permit d'obtenir, pas un mot - ou si peu - dans la presse, à la radio et à la télé.
Vous pensez, 35% d'augentation du Smic, une misère ! Plus de 10% de majoration des salaires en moyenne,
 pas la peine d'en parler ! La section syndicale, avec ses propres locaux,  reconnue dans l'entreprise, de la pure démagogie; des mesures concernant les abattements d'âge et de zones, sans intérêt !
Rien que des revendications  bassement matérielles, vous dis-je.
Les leaders étudiants, eux, ont changé le monde. Ils ont découvert la plage sous les pavés. Ils ont inventé l'interdiction d'interdire. Ils ont discerné une télé porte-parole du pouvoir, dénoncé les CRS-SS.
Et quand ils ont cessé de crier et de danser, de barricader les rues et la société, ils sont rentrés sagement chez papa-maman pour dîner, une fois la Révolution terminée.
Certains d'entre eux ont pourtant voulu continuer, de Révolution prolétarienne en Mao-spontex, plus "rouges" que tout le monde, ils auraient bien pris le maquis à Saint-Germain-des Prés, jusqu'à Libération complète des places à prendre. Et le plus beau, c'est qu'ils les ont prises, les bonnes place : dans la politique, la presse, la haute-administration.
Aujourd'hui, bien rangés, bien embourgeoisés, ils évoquent les jours heureux d'autres fois, il y a quarante ans, quand ils jouaient à la Révolution.

D'autres, à l'époque, militaient à Occident, à Ordre Nouveau. Casqués-bottés, ils "cassaient du coco" ou des étudiants, en commando  comme à Rouen. Et le temp a passé, l'eau a coulé sous les ponts, mais eux ont gardé leurs vigoureuses convictions. Ils ont troqué leurs blousons contre des costumes-deux pièces. Ils sont devenus députés et ministres, très sarkozystes, toujours pour l'ordre (nouveau), et l'occident (américain).

En mai, fais ce qu'il te plaît, dit-on. 
Et pourquoi pas, en mai prochain, pour fêter mai 68, occuper nos entreprises, comme il y a quarante ans ?

Tag(s) : #Politique
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