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La Chine populaire, telle que la présente nos médias, suscite l'hostilité d'une part importante des Français. Les anticommunistes, qu'ils soient du Parti bleu ou du Parti rose, rejettent la nature même du régime. Pour eux, il s'agit d'une dictature "rouge", couleur, à laquelle s'ajoute, pour la fraction raciste de la population, le "jaune" (comme le "péril" du même nom).
Pourtant, la bande du CAC, les Quarante Voleurs, qui distribuent l'information en France, portent pour eux-mêmes un jugement plus prudent sur le  marché juteux que représente le quart de la population mondiale, et un vaste pays où le coût du travail fait encore saliver plus d'un patron. Ainsi s'explique l'envoi d'émissaires à Pékin, le sénateur Poncelet, l'ancien Premier ministre Raffarin et le conseiller présidentiel Levitte, chargés d'excuser la France pour le mauvais accueil réservé à Paris à la Flamme olympique. 
Martin  Bouygues, Anne Lauvergeon ont dû téléphoner longuement à l'Elysée, pour ne pas voir leurs contrats révisés.
Mais ce n'est pas le sujet que nous voulons aborder ici.
Ce qui pose question c'est le sentiment partagé, à l'opposé de l'échiquier politique, par un certain nombre de militants vis-à-vis de l'expérience chinoise, sentiment qui va des réserves les plus vives au rejet pur et simple. Ce qui motive leurs critiques, c'est d'une part, ce qu'ils ressentent comme un système d'exploitation intensive des travailleurs, "plus féroce que nos régimes capitalistes", pour certains. C'est, d'autre part, la privation des libertés et les atteintes  aux droits de l'homme.
Il n'est pas dans nos intentions de nier l'effort intense exigé des Chinois pour produire, vite et beaucoup, dans tous les domaines de l'économie. Il semble en effet que pour réaliser cet objectif, les salariés soient contraints à supporter des conditions de travail plus que difficiles, sans contre pouvoir syndical véritable.
Cette considération suffit-elle à qualifier le système de "capitaliste" ?
Nous répondons par la négative. Certes, la Chine n'en est pas au "socialisme". Ses dirigeants ne l'envisagent qu'au terme de plusieurs décennies. Le stade actuel est celui de la construction d'une société nouvelle, qui vise à permettre à l'ensemble de la population de satisfaire ses besoins essentiels (qu'ils soient matériels ou intellectuels).
Pour réaliser cet objectif ambitieux, faut-il encore "accumuler un capital" susceptible de construire une société où chacun aura la possibilité d'accéder à un niveau de vie élevé. Et il n'y a pas de capital sans travail. Comme il s'agit d'un peuple d'un milliard trois cent millions d'habitants, la tâche est immense. Il faut aussi considérer le bas niveau de production de la Chine, d'avant la Révolution, et celui, considérablement déterioré, produit de la révolution culturelle de Mao. L'aventure industrielle à grande échelle n'a pas trente ans d'âge. Et son intensification, beaucoup moins.
Et déjà, de trois à quatre cent millions de Chinois vivent à l'égal des Européens et des Américains. Certes, la grande majorité du peuple vit encore très modestement. Mais la misère, générale d'il y a soixante ans, ne frappe plus qu'une petite fraction de la population. Nous tenons ces statistiques, non de l'Ambassade de Chine, mais des organismes économiques dépendants des capitalistes .  
Considération encore plus importante, la République populaire a réalisé l'autosuffisance alimentaire de la population (qui représente 27% de celle du monde entier), alors que l'on sait que la surface de ses terres arables ne représente que 7% de la superficie de son territoire*.
La famine
, qui ravage encore les peuples de continents entiers, engendrant des émeutes de la faim, a disparu en Chine. Alors qu'en Afrique, par exemple, les mono cultures sont destinées à l'exportation, laissant les peuples sans moyens de se nourrir, le gouvernement chinois priorise la constitution de stocks almentaires à usage interne, au détriment des exportations. Cette politique est jugée responsable de la hausse du prix des denrées alimentaires dans le monde, par les "experts" occidentaux. Ceux-ci ajoutent que la généralisation de la viande dans l'alimentation chinoise est également un facteur de raréfaction au niveau mondial. 
Le fait de donner la priorité aux besoins alimentaires de la population, en quantité et en qualité,  n'est-il pas le signe que le pouvoir populaire pourvoit au premier droit de l'homme : le droit de pouvoir se nourrir. Ne nous dit-on pas que la centaine de magasins Carrefour, une enseigne étrangère parmi beaucoup d'autres,  établie sur le territoire chinois, ne désemplit pas, et que 90% des denrées alimentaires vendues sont chinoises. Les images des médias français nous montrant l'effet du boycott : des 'grandes surfaces'  vides, alors qu'en temps normal, elles regorgent de monde. 
On nous dira : tout cela  ne fait pas le socialisme. Non, bien sûr, mais ce n'est pas le signe d'un retour au capitalisme ! Et le nombre de milliardaires individuels engendrés par l'industrialisation à outrance, ne contrarit pas l'élévation du niveau de vie du plus grand nombre, contrairement à ce qui se passe en Occident.
Quant à tous ceux qui n'ont à la bouche que "les Droits de l'Homme", ils ignorent superbement les travailleurs pauvres dans nos pays, qui  vivent de plus en plus mal, qui n'ont plus la possibilité de se nourrir convenablement. Ils ont bien le droit de s'abstenir aux élections en signe de protestation.
Pour nos beaux esprits anticommunistes, qui ont, eux,  les moyens de bien se nourrir, le fait de manger à sa faim ne se décline pas parmi les Droits de l'Homme.
 
Que nos amis, censeurs sévères de la Chine populaire, réfléchissent. Le peuple chinois ne mesure-t-il pas la construction du socialisme à l'aune des progrès matériels dont il bénéficie année après année ?
Pourquoi la diaspora chinoise, en France et dans le monde, est fière des progrès fulgurants réalisés par leur pays, alors que, dans le passé, les immigrés des pays socialistes étaient des "dissidents", utilisés par la propagande impérialiste occidentale ?
La Chine  est-elle, pour autant, l'eldorado, le pays de cocagne ?
Personne ne le prétend, à commencer par ses dirigeants.
Ce qui reste à faire est encore sans commune mesure avec ce qui a été accompli.
Mais l'expérience chinoise existe, comme l'expérience cubaine, comme existait, jusqu'en 1991, l'expérience soviétique.
Nous attendons encore l'expérience française...


* Eléments apportés par l'économiste libéral, Bernard Marie, sur France Inter, le 18 avril 2008

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