Tel est le l'affirmation de Contact, "le magazine des adhérents de la FNAC"
. Et pour qu'il n'y ait aucune anbiguité, sur la couverture, on peut lire en gros : "68 court toujours", avec le dessin du poingt révolutionnaire ...Mais Denis Olivennes, le PDG sur le départ de la FNAC - il vient d'être muté par son patron, François Pinault, à la tête du Nouvel Obs' - ne s'arrête pas en si bon chemin. Il écrit, à l'intention des lecteurs, son dernier éditorial avant "de nouvelles aventures", selon sa si jolie expression :
"Partir en évoquant pour vous, dans ce dernier 'papier', la commémoration de mai 68, à laquelle la FNAC va participer, me paraît un joli clin d'oeil au destin".
Et Denis Olivennes ajoute, grandiloquent :
"Beaucoup des valeurs de liberté qui la fondent (la FNAC) sont celles du joli mois de mai (...) Qu'à l'époque nous ayons jeté des pavés ou que nous nous en soyions offusqués, au contraire, ou plus encore pour ceux d'entre nous qui étaient trop jeunes ou qui n'étaient pas nés, ce décryptage des retombées de mai 68 nous concerne tous : c'est un voyage à l'intérieur de notre histoire commune".
En mai 68, la FNAC était occupée par les grévistes jusqu'au 7 juin.
C'est le magazine qui nous rappelle ce fait dans un encadré. Mais motus sur les revendications du personnel, alors satisfaites. Vous pensez : çà pourrait donner des idéees aux salariés d'aujourd'hui !
Et pour faire bonne mesure, Contact illustre sa page 5 de deux photos : l'une représente un drapeau rouge, tendu à bout de bras; l'autre des flics casqués dispersant violemment des manifestants, dont l'un est à terre. Saisissant ! Il ne manque que la photo de François Pinault arrachant des pavés...
Pourquoi donc cette mise en scène ?
Certes, Olivennes vise à accroître la vente de tous les bouquins qui fleurissent, ces temps-ci, sur mai 68. Buseness is buseness ! Mais, au-delà de l'argument bassement commercial, on note la concordance de cette campagne avec celle développée sur toutes les chaines de radio et de télé pour commémorer l'évènement. Pas, bien sûr, la plus grande grève que la France ait jamais connue, ni la victoire revendicative arrachée au patronat. Non, simplement les manifestations des étudiants et de jeunes des classes aisées, qui souhaitaient sortir du cocon famillial et d'une société, pleine de préjugés, qui leur était encore fermée.
Mai 68 est juste présenté aujourd'hui comme un moment festif, hédoniste où, pendant un mois, tout les interdits moraux sont levés.
Les animateurs de cette "grande fête", déguisés alors en "révolutionaires", ont réintégré sagement la vie bourgeoise. Chacun d'eux, Daniel Cohn-Bendit en tête, nous conte, quarante ans apràs, ses aventures printanières dans des livres, des films et dans des DVD. Tous évoquent les pavés, le Quartier latin, les barricades. Leur fièvre juvénile s'est muée depuis en un conformisme intellectuel qui les place de "l'autre côté" de la barricade et de la société.
La Sorbonne n'est plus "occupée" que par son partenariat avec Conforama (dont le patron va remplacer Olivennes à la FNAC) pour former les responsables de ses magasins.
Le Contact de la FNAC, du mois de mai 2008, exprime bien la volonté de récupération de mai 68 par la bourgeoisie. Que monsieur François Pinault, un des hommes les plus riches de France, le PDG de PPR, et donc patron de la FNAC et de Conforama, se prête à cette comédie, illustre parfaitement cette publicité politique mensongère développée dans les médias sur les évènements de mai 1968.
PPR voudrait-il dire :
Pinault Printemps (68) la Redoute...la vraie Révolution ?