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Rappelons-nous les dernières années du XXe siècle, tous les oracles, les "philosophes", les "experts", les "spécialistes", les historiens et la classe politique, tous chantaient la même chanson : "Nous sommes entrés dans un monde unipolaire (autrement dit, les Etats-Unis dominent seuls la planète), c'est la fin des idéologies (en clair, fini le communisme !), nous sommes entrés dans une ère de paix et de prospérité !".
Les faits semblaient donner raison à ces oiseaux de mauvaise augure.
Le camp socialiste explosait, l'URSS déposait son bilan. Les nouveaux dirigeants russes, Eltsine en tête, soldaient  à l'Occident, pour un rouble symbolique,  les richesses nationales. La grande braderie des ressources naturelles et des entreprises d'Etat, même de l'armement, commençait. Le rideau semblait  tiré à jamais sur la Révolution d'Octobre.
Les USA, forts du soutien de l'ONU, déversaient en 1991, un déluge de feu sur l'Irak de Saddam Hussein. La première guerre du Golfe commençait.
Déjà, en 1989, les forces US étaient intervenues à Panama pour chasser le président qui ne convenait plus à Washington.
La même année, l'Union soviétique était contrainte de retirer ses troupes d'Afghanistan, après dix ans d'une guerre désastreuse, défaite par les armes sophistiquées fournies massivement par les Etats-Unis aux extrêmistes islamistes.
La Chine alors faisait profil bas, engagée depuis peu dans la reconstruction du pays.
Cuba, avec ses 10 millions d'habitants, seul pays se réclamant encore du socialisme, devait faire face sans aucun soutien, à un blocus total.
Qui aurait alors misé un dollar sur le maintien du régime révolutionnaire à La Havane ?
En France, en 1992, le traité européen de Maastricht était approuvé - de très peu - par les électeurs. L'Union européenne devait apporter paix et prospérité à la population.

Où en sommes-nous aujourd'hui ?

Rien ne pourrait mieux résumer la nouvelle situation internationale que la déclaration faite par Dimitri Medvedev, le nouveau président russe, le 24 mai dernier à Pékin :
"Le président chinois Hu Jintao et moi-même avons reconnu que la coopération sino-russe est devenu un facteur majeur de la sécurité mondiale, sans laquelle les décisions importantes sont impossibles (...) Je dirais franchement que tout le monde n'apprécie pas notre coopération, mais qu'il en va, selon nous, de l'intérêt de nos peuples, que cela plaise ou non ! (...) Nos deux peuples se préparent activement à un grand bond vers l'avenir".

Paroles de circonstance ? Que non : elles accompagnent nombre de décisions concrètes, telle la signature d'un accord d'un montant d'un milliard de dollars sur la construction en Chine d'une usine d'enrichissement d'uranium. "ce qui risque de faire grincer des dents à l'Ouest" commente une agence de presse française. 
En fait, cet évènement est passé à la trappe. Les médias n'ont pas répercuté l'information. Les Français n'ont pas à connaître, semble-t-il, ni le voyage du président russe à Pékin, ni l'accord réalisé entre les deux pays. Pourquoi ?

En fait, cette copération prend appui sur les bouleversements accomplis, tant en Russie qu'en Chine, au cours des dernières années.
La Russie a récupéré l'essentiel des richesses naturelles du pays au détriment des grandes compagnies occidentales qui en avaient fait leur chasse gardée. La rente pétrolière et gazière permet d'améliorer le niveau de vie du peuple et d'accumuler à Moscou une masse monétaire impressionnante.
La République populaire chinoise, de son côté, représente maintenant la troisième puissance économique mondiale. Elle peut mettre à son actif le fait d'avoir assuré l'autosuffisance alimentaire du pays et sorti de la pauvreté plusieurs centaines de millions de Chinois. Et s'il lui reste beaucoup à faire dans ce domaine, sa croissance de 10% par an, laisse augurer de nouveaux et larges progrès au cours des prochaines annnées.
Mais au-delà des deux pays, dont les échanges ont progressé d'une manière fulgurante (les exportations de la Chine vers la Russie ont été multipliées par 3 de 2000 à 2007, et par 15 dans l'autre sens),
 l'Organisation de Coopération de Shanghaï (OCS), regroupe, depuis juin 2001, outre la Russie et la Chine, le Kazakhstan, le Kirghistan et l'Ouzbekistan.  
En 2004.
la Mongolie, puis en 2005, l'Inde, l'Iran et le Pakistan, ont été admis au sein de l'OCS à titre d'observateurs.
Les cinq pays fondateurs totalisent 1,515 milliard d'habitants (2,760 milliards avec les Etats associés). Leurs ressources représentent 20% des réserves mondiales de pétrole, 38% de celles du gaz, 40% du charbon, 50% de l'uranium.
Il suffit de regarder une carte de l'Europe et de l'Asie, les pays couverts par l'OCS représentent un ensemble immense, d'un seul tenant. Ce qui facilite les échanges économiques, qui ne dépendent plus  de la suprématie maritime.
L'OCS a également établi une coopération militaire* (avec des manoeuvres communes de leurs armées) et une coopération politique entre les pays membres ( refus de bases US dans la région).
Le monde, aujourd'hui, peut-il compter sans la Russie, la Chine et l'OCS ?
Par contre, les Etats-Unis sont embourbés militairement en Irak et en Afghanistan, guerres qui leur a déjà coûté plus de six cents milliards de dollars.

A l'autre bout du monde, l'Amérique latine était, Cuba excepté, l'arrière-cour des Etats-Unis.
Et ces vingt ans passés ont été pour la Révolution cubaine une sombre période d'isolement international.
Aujourd'hui, après le Venezuela en 1998, la Bolivie en 2006, l'Equateur l'année suivante, le Nicaragua, tous ces peuples ont rompu les chaines qui les rivaient à Washington. Non seulement, ils ont accédé à l'indépendance économique, disposant maintenant de l'essentiel de leurs richesses naturelles, mais de ce fait, ils mènent une politique sociale avancée dans le cadre de leur souveraineté. Caracas a pu faire face victorieusement aux offensives renouvelées de l'impérialisme américain. Et avec Cuba, ces Etats ont constitué l'ALBA (Alternative Bolivarienne pour les Amériques), qui leur permet de développer des échanges équilibrés au bénéfice de leurs peuples.
Toujours sur le même continent, vient de s'établir une "Union des Nations d'Amérique Latine", qui, depuis le 25 mai, unit les douze pays qui la composent, y compris la Guyana et Surinam,  et créent ainsi une force économique qui s'émancipe des USA.
Au Proche-Orient, si l'Etat hébreu persiste et amplifie sa politique de domination coloniale vis-à-vis des Palestiniens, soutenu par les Etats-unis et l'Union européenne, son armée - la première de la région - a été battue en 2006 par les forces du Hezbollah libanais. Et  ce mouvement vient de contraindre les dirigeants du pays, malgré un soutien sans faille des Occidentaux,  à accepter le partage du pouvoir à Beyrouth.
On peut citer également, parmi les changements inattendus,  l'accession au gouvernement à Katmandou du Parti communiste du Nepal, après vingt ans de guérilla.
Ce rapide tour du monde atteste bien des profonds bouleversements opérés sur notre planète, depuis les années 90 au détriment de l'impérialisme. Rien n'est, certes, définitivement acquis. Les Etats-Unis, l'Union européenne représentent toujours une force considérable. Leur capacité de nuisance reste énorme. Il faut en être conscient. Mais ils ne règnent plus en maître incontestés. Ils doivent compter avec les peuples qui refusent le  joug de l'impérialisme.
Cette constation doit donner espoir et confiance à notre propre lutte.

* Le budget militaire global des pays de l'OCS est de 85 milliards de dollars (50 pour la Chine et 34,7 pour la Russie), comparé au budget US de 796 milliards, en 2006.

Tag(s) : #Contre l'impérialisme
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