IL Y A 20 ANS : LES ETATS-UNIS ATTAQUAIENT PANAMA
L'incursion militaire en Panama a commencé le 20 décembre 1989, à 01h00 heure locale
L'US Army, l'US Air Force, l'US Navy et l'US Marines ont participé à l'opération qualifiée, Just Cause. Les forces terrestres composées des éléments combattants du XVIIIe corps aéroporté, de la 82e division aéroportée, de la 7e division d'infanterie légère, du 75e régiment de Ranger, et un Joint Special Operations Command, composé des éléments de la 5e division d'infanterie, 1 138e compagnie de police militaire de la Garde nationale armée du Missouri, 193e brigade d'infanterie, 508e régiment d'infanterie, 59e compagnie du Génie, un bataillon maritime des Forces de sécurité au Panama, 3e bataillon du 6e régiment de Marine, des équipes de sécurité de la flotte maritime anti-terroriste, le 2e bataillon de l'infanterie blindée légère et le 2e groupe de logistique de la Marine.
L'opération a impliqué 57684 soldats américains et plus de 300 avions
Pourquoi cette invasion ?
D’abord, trois incidents datés du 16 décembre, furent cités (le 20 décembre) comme motifs par Bush. :
Le 16 décembre eut lieu l'incident qui a conduit à la mort de l'officier de marine américaine, le lieutenant Robert Paz. Quatre militaires des États-Unis furent arrêtés à un barrage routier en dehors du siège du Forces de Défense du Panama dans le quartier El Chorrillo de Panama City. Le second lieutenant Paz fut arrêté et molesté à un point tel qu'il paniqua. Pendant qu'il essayait de fuir on lui tira dessus mortellement. Le Département de la défense des États-Unis indiqua que les militaires n'étaient pas armés et circulaient dans un véhicule privé. Ils auraient tenté de fuir la scène seulement après que leur véhicule ait été entouré par une foule de civils et de soldats des FDP.
Les FDP ont affirmé, de leur côté, « que les Américains étaient armés et en mission de reconnaissance ». Il a également été signalé par Los Angeles Times que « selon l'armée américaine et les sources civiles » l'agent tué était un membre du « Hard Chargers ». L'objectif de ce groupe était de provoquer les membres de la FDP.
Ensuite, le Président des Etats-Unis fit état des raisons fondamentales de l’intervention militaire américaine, (exposées par George H. W. Bush le matin du 20 décembre quelques heures après le début de l'opération) :
- La sauvegarde de la vie des citoyens des États-Unis au Panama. Dans sa déclaration, Bush fit valoir que Noriega avait menacé la vie des quelque 35 000 citoyens américains qui y vivent. Il indiqua aussi qu'il y avait eu de nombreux affrontements entre les États-Unis et les forces de Panama : un Marine US avait été tué quelques jours plus tôt, et plusieurs incidents de harcèlement de citoyens américains avaient eu lieu.
- La défense de la démocratie et les droits de l'homme au Panama.
- Lutte contre le trafic de drogue, Panama étant devenu un pôle du blanchiment d'argent de la drogue et un point de transit pour le trafic de drogue aux États-Unis et l'Europe.
- Protection de l'intégrité des Traités de Torrijos-Carter. Les membres du Congrès et d'autres politiciens américains indiquèrent que Noriega menaçait la neutralité du Canal de Panama, et que les États-Unis avaient le droit, en vertu des traités, d'intervenir militairement pour protéger le canal.
On retrouve là tous les arguments avancés, de tous temps, par les dirigeants de Washington, pour justifier les agressions commises par les Etats-Unis contre la souveraineté des peuples.
Concernant le « trafic de drogue » au Panama et le rôle joué par Noriega, il est bon de rappeler que les bonnes relations entre les États-Unis et Noriega ont duré pendant 2 décennies (de 1959 au début des années 1980), lorsque Noriega était un élément actif des services de renseignement américains, salarié par la Central Intelligence Agency.
Les relations de Noriega avec George H. W. Bush auraient commencé dans les années 1970, quand Bush était chef de la CIA.
Noriega a travaillé à faire progresser les intérêts américains en Amérique centrale, notamment en sabotant les forces du gouvernement socialiste au Nicaragua, les sandinistes, et révolutionnaires du FMLN de El Salvador, et recevant plus de 100000 US $ par an pour ses services[2].
Il a aussi travaillé avec la Drug Enforcement Administration afin de limiter les envois de drogues illicites vers les États-Unis, ce qui l'a amené à travailler avec les trafiquants de drogue eux-mêmes
En fait, Noriega est devenu « l’ennemi à abattre » à partir du moment où celui-ci a voulu jouer un jeu personnel. L’opération militaire n’a été qu’un règlement de compte, dont a été victime le peuple panaméen. En effet, la violence de l’attaque, les forces mises en œuvre, les objectifs visés (les quartiers populaires de la capitale) ont abouti à un bilan des plus sanglants : si les informations US ont cité le chiffre des morts civils à quelques centaines, les sources locales font état de milliers de victimes. Une Commission d'enquête indépendante sur l'invasion du Panama estime le nombre de tués entre 1000 et 4000.
Selon des témoins oculaires les maisons d’un quartier ont été délibérément incendiées par les soldats américains dans le but d'arrêter les soldats du FDP qui se cachaient dans la région.
Les États-Unis ont perdu 24 soldats et 325 ont été blessés durant l'action.
L’intervention avait surtout pour objectif de garder le contrôle du canal de Panama, voie stratégique des Etats-Unis, au cas où Noriega .aurait eu une velléité d’indépendance.
L’opération a été baptisée « Just Cause » par les autorités américaines, qui aiment camoufler leurs actes de brigandage sous un habillage moral.
Le nom panaméen pour l'opération est « L'Invasion » (La Invasión).
Le 22 décembre, l'Organisation des États américains a adopté une résolution déplorant l'invasion et l'appel pour le retrait des troupes américaines.
Au sein du Conseil de sécurité de l'ONU, après avoir discuté de la question pendant plusieurs jours, un projet de résolution exigeant le retrait immédiat des forces des États-Unis de Panama s’est vu opposer un veto le 23 décembre, émis par trois des membres permanents du Conseil de sécurité (France, Royaume-Uni et les Etats-Unis), qui ont cité « le droit de légitime défense de 35000 Américains présents sur le canal de Panama ».
En France, en 1989, la « gauche » est au pouvoir, avec François Mitterrand, comme président.
QUI, AUJOURD’HUI, COMMEMORE LE VINGTIEME ANNIVERSAIRE
DE CETTE AGRESSION MILITAIRE AMERICAINE ?
Nous assistons en l’occurrence, à un MUR de silence.