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Un incendie a ravagé dimanche le Centre de rétention de Vincennes. Les deux bâtiments ont été détruits et les 250 internés, répartis dans d’autres centres.

Au-delà des conditions d’hébergement et de l’humiliation quotidienne infligée aux prisonniers (peut-on utiliser un autre terme pour désigner des hommes détenus sous garde policière, surveillés par un mirador et des fils barbelés ?), le fait même d’être privé de liberté, sans jugement, avec pour seul « délit » pour la seule raison d’être « sans papiers », remplit d’amertume et de colère cette population.

Etre « sans papiers » est-il un crime ?

Ceux qui en sont dépourvus sont-ils des « délinquants » ?

Si ces gens sont privés de titres de séjour, la seule responsabilité en incombe à la puissance publique. Celle-ci leur refuse les pièces nécessaires pour justifier leur présence sur notre sol. « La chasse à l’homme » est menée par le chasseur, pas par le gibier.

Pourquoi cette politique de rejet et de stigmatisation d’êtres humains qui cherchent dans notre pays les moyens de leur survie ?

Il faut avoir vu à la télévision le déploiement de forces de police, casquées, bottées, en tenue de combat, pour évacuer les sans-papiers vers d’autres centres.

On aurait cru assister à une scène de guerre civile, menée  contre un  « ennemi », des hommes, dépourvus de tout,  qui cherchent simplement du travail.

« La France ne peut pas subvenir à la misère du monde », répondent en chœur les hypocrites qui font les lois.

Au cours des trois Républiques, de la Troisième à la Cinquième, la politique d’émigration a évolué d’une manière identique.

A chaque moment de notre histoire où le besoin massif de main-d’œuvre s’est fait sentir, patronat et gouvernements ont ouvert largement nos frontières aux travailleurs étrangers ou colonisés. Ce fut le cas pendant la Première guerre mondiale pour remplacer les mobilisés et, après l’armistice de 1918, pour la reconstruction du pays dévasté. De même, en 1945, pour des motifs semblables.

Ces travailleurs, qui ont massivement, participé par deux fois à la reconstruction de la France, logeaient alors dans des bidonvilles, relégués loin des centres urbains. Ils étaient alors corvéables à merci.

Mais dans les périodes de crise économique, telles celles des années 1890, des années trente, et des années 1980, les immigrés sont devenus des « indésirables », que la grande presse, à l’époque qualifiait de « métèques », « la lie de la terre » pouvait-on lire, qui « prenait le travail des Français et mangeait leur pain ». Et les campagnes de haine, étaient fortement tintées, avant la Seconde guerre mondiale, d’antisémitisme virulent, qui annonçait les persécutions du gouvernement de Vichy.

Contre les « étrangers » se développaient parallèlement des législations restrictives et des mesures policières. Le premier camp de concentration fut ouvert, en Lozère, en janvier 1939, par le gouvernement « républicain » d’Edouard Daladier.

Aujourd’hui, où l’antiracisme est devenu un credo incontournable, la xénophobie s’affiché sous des habits sociétaux. La délinquance au quotidien est encore dénoncée comme émanant en priorité des populations immigrées d’origine maghrébine et africaine, des « quartiers sensibles », mais le thème essentiel est social :

« Nous ne pouvons, sans réagir, accepter de recevoir sur notre sol, le flux migratoire des populations pauvres de la planète, en cette période de chômage massif ».

Et d’ajouter, comme dans le passé, que cette politique restrictive vise, « à protéger le travail des salariés français ».

Peut-on être plus hypocrite, quand on connaît l’attitude des patrons qui embauchent à taux réduit des travailleurs sans papiers, pour leur imposer des salaires illégaux et des conditions de travail proches de l’esclavage ?

D’autre part, la pratique généralisée des « délocalisations » des entreprises, n’est-elle pas un appel à une« main d’œuvre étrangère »à bas prix, hors du territoire national, pour réduire les coûts de production ?

 

L’éradication du chômage n’est pas liée à une réduction du nombre de salariés étrangers sur notre sol. Elle n’est pas fonction non plus de cadeaux offerts aux patrons pour qu’ils embauchent. Ce n’est pas en triturant les statistiques, en répartissant le chômage sur un plus grand nombre de personnes par le biais du temps partiel (en vérité du « chômage partiel »), que l’on s’orientera vers le plein emploi.

Celui-ci demeure lié à une politique visant à la satisfaction des besoins essentiels de la population et non à la recherche du profit maximum, avec le gâchis monstre que l’on connaît.

Cette politique de ré industrialisation  mobiliserait des millions de sans-emploi, Français et immigrés, tellement la demande, dans tous les secteurs, est immense.

 

 

Tag(s) : #Social
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