Lundi 13 octobre, c’est le grand rebond des places financières : +12,8% à Paris, des pourcentages de même ampleur dans les autres capitales européennes, et ce matin, en Asie, c’est l’euphorie.
Dans notre ‘blog’ de samedi, « DEMAIN, LA CUREE ? », nous écrivions :
« Les Bourses vont se stabiliser lundi, les jours suivants, en fin de mois » récusant l’hypothèse largement répandue, au lendemain d’une semaine plus que noire, que la chute des cours allait se poursuivre, inexorablement.
Il a suffi d’un week-end pour que « la descente aux enfers » se mue en « ascension aux paradis » (fiscaux, bien entendu). Comme si les annonces des grands argentiers européens, telle la parole divine, avaient permis de renverser la tendance. Et notre Président, plus Baratin de Matuvu que jamais, de sortir de son chapeau, 360 milliards d’euros, tel un prestidigitateur de haut vol, pour « rassurer les marchés ».
Par ce coup de baguette magique, le « mur des lamentations » redevint le fameux « mur d’argent ». Certes, tous les autres Matuvu du continent de la confrérie des Magiciens d’Europe, avaient eu, eux aussi, recours à la magie et trouvé, comme par enchantement, au total 1700 milliards d’euros.
Qui fera croire à ce divin miracle ?
« Les caisses étaient vides », il y a encore peu de semaines, selon la sentence rendue par le Premier ministre. Et le gouvernement cherchait le petit milliard d’euros nécessaire au financement du RSA, grattant par ci, grattant par là. Et, hop ! ce sont des centaines de milliards que Nicolas Sarkozy peut « mettre sur la table » !
Il faut être au moins « chanoine d’honneur » pour réaliser cet exploit, d’essence pour le moins « surnaturelle ».
Soyons sérieux.
Certes, les crédits hypothécaires américains que leurs bénéficiaires désargentés ne pouvaient plus embourser, avaient plongé les Etats-Unis dans une crise financière sans précédent. Les établissements de crédits s’effondraient les uns après les autres, les uns sauvés par le gouvernement fédéral, les autres abandonnés à la faillite. L’épidémie avait gagné l’Europe et l’Asie, à travers les participations des banques US dans le capital de celles de notre continent, exportant ainsi leurs créances « douteuses », baptisées joliment de « pourries », dans le monde de la finance.
Telle est l’explication officielle de la crise qui aurait fait basculer le système bancaire européen, et plonger les bourses.
Ce scénario pose des questions.
D’abord, en quoi la valeur réelle de nos banques, que l’on disait hors de portée de l’ouragan venu d’outre-atlantique, a-t-elle varié en un mois ? Leurs fonds propres ont-ils été affectés ? La masse des dépositaires s’est-elle ruée aux guichets pour retirer dare-dare leurs économies ?
Que nenni ! Les clients ont gardé leur calme et leurs comptes ouverts.
Mais alors qui a vendu tout au long de ces semaines ?
Et qui rachète massivement depuis hier ?
Que recouvrent ces manœuvres financières ?
Des informations nous précisent qu’hier, le cours de la Société Générale, qui avait, et de loin, le plus chuté du marché, n’a repris, malgré l’euphorie ambiante, que 2%, alors que des banques concurrentes voyaient leurs actions grimper en flèche.
N’assistons nous pas à une redistribution programmée des cartes dans le paysage boursier français ? Cette crise financière, dûment mise en scène, n’est-elle pas l’occasion rêvée d’effectuer un nouveau partage du gâteau avec le concours des autorités, autrement dit, du pouvoir sarkozien ?
Quand le Président « montre les dents », non pour aller « chercher du pouvoir d’achat », mais « contre les spéculateurs » dont il promet un « châtiment exemplaire », n’est-t-on pas en présence d’une vaste comédie visant à berner les gogos ? Car, les « marchés » qui ont « retrouvé la confiance » ne sont-ils pas les hauts lieux de la « spéculation » ?
La mise en scène médiatique de grande ampleur sur « la plus grande crise financière du siècle » n’a-t-elle pas pour objectif de cacher, la vraie crise, celle de notre économie, qui va frapper massivement notre peuple. Car, maintenant, chacun (nous ne parlons pas des hommes du Capital), va devoir payer la note. La restriction du crédit annoncée va pénaliser tous ceux qui doivent emprunter, vous ou moi d’un côté, les petites entreprises de l’autre. Cette mesure restrictive conduit à accélérer la récession qui n’avait pas attendu Wall Street pour pointer le bout de son nez. Et la récession généralisée, c’est le chômage qui revient en force, la pression accrue sur les salaires et les pensions, facteurs eux-mêmes de récession.
Mais qui parle de ces malheurs populaires en temps d’euphorie boursière ?
Le champagne coule à flots à la corbeille. Les gazetiers de service (commandé), tressent des couronnes de fleurs à notre Président par intérim du Conseil européen, pour son activité fébrile en faveur du Marché.
De belles guirlandes bleues étoilées ornent la Bourse.
«L’Europe » a la cote !