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D’Amérique latine, diverses informations reçues ces dernières 48 heures, confortent la tendance à l’affrontement de classe dans cette partie du monde. Les luttes qui s’y mènent, les mesures prises par les dirigeants de certains Etats, exaspèrent les antagonismes entre une bourgeoisie d’affaire, soutenue par Washington et la volonté d’émancipation de peuples, jusqu’ici, soumis aux intérêts des latifondiaires et des multinationales.

Dans deux pays, la Bolivie et la Colombie, la population indigène se mobilise pour imposer ses revendications, en particulier son droit à la terre. Dans deux autres, le Costa Rica et l’Argentine, le pouvoir, soumis à la pression populaire, prend l’initiative de mesures progressistes, qui se heurtent à la vive réaction des possédants.

 

En Bolivie, Evo Morales, le président bolivien a pris la tête d'une "marche historique" de 200 km réalisée par plusieurs dizaines de milliers de ses partisans, descendus des Andes, pour faire pression sur le Congrès à La Paz. D’autre part, des organisations d'habitants de El Alto, favorables au gouvernement, avaient contrôlé lundi les entrées et les sorties de passagers du principal aéroport de la capitale, afin d'empêcher les parlementaires de l'opposition de partir, avant de trouver un accord.

Face à ces mouvements de grande ampleur, l'opposition a dû conclure avec le président Morales, lundi 20 octobre, un accord pour mettre fin à la crise politique. Celui-ci prévoit la tenue d'un référendum sur le projet de nouvelle Constitution, défendue par le chef d'Etat. La nouvelle Constitution comporte un long chapitre sur les groupes indigènes. Elle leur accorderait l'autonomie sur leurs terres traditionnelles et une part "prioritaire" des ressources naturelles du pays.

Un texte qui sera soumis à référendum le 25 janvier prochain.

Le pouvoir central se heurtait depuis des mois à l'hostilité des gouverneurs « libéraux » des régions prospères, opposés au projet de Constitution de M. Morales, qui prévoit une redistribution en faveur des communautés indigènes, dont il est lui-même issu.

La crise avait débouché en septembre sur des affrontements qui ont fait au moins 18 morts, laissant planer le risque d'une guerre civile dans ce pays de 10 millions d'habitants, le plus pauvre d'Amérique du sud.

Cette proposition implique qu'après l'approbation éventuelle de la nouvelle Constitution, Evo Morales remettrait son mandat en jeu en 2009. Il pourrait alors être reconduit dans ses fonctions jusqu'en 2014 mais ne briguerait ensuite pas un nouveau mandat.

Le front uni réalisé entre la Confédération ouvrière, la COB, les organisations paysannes et les communautés indiennes, a fait barrage au complot ourdi par la bourgeoisie bolivienne, soutenue activement par les Etats-Unis. Cet accord a permis, à l’issue d’une bataille acharnée, d’imposer aux possédants et à leurs représentants parlementaires, la ratification du projet de nouvelle constitution.

Pour que la loi sur la convocation du référendum soit approuvée, il était nécessaire d'obtenir deux tiers des votes (105 des 157 sièges) au Congrès, où le parti gouvernemental, le Mouvement vers le socialisme (MAS), ne possède que la majorité simple, avec 84 sièges, contre 73 pour l'opposition libérale

La ratification constitue donc une grande victoire pour Evo Morales.

 

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Colombie: la marche des « indigènes » avec des grèves qui s’étendent dans le secteur public.

 

Mobilisés  depuis le 12 octobre, anniversaire du débarquement de Christophe Colomb sur le continent américain, en 1516, jour dit du « dépouillement », entre 10 et 12.000 Colombiens d’origine indienne, se sont rassemblés à l'appel de l'Organisation nationale des indigènes de Colombie (Onic). Les indigènes, partis du village de Piendamo (qui avaient déjà marché contre le gouvernement Uribe en 2004), comptent parcourir à pied quelque 120 km pour rallier en trois ou quatre jours Cali (500 km au sud-ouest de Bogota) la troisième ville de Colombie. Ils réclament plus de terres, d'autonomie et un dialogue avec le président Alvaro Uribe.

 « Nous marchons sur Cali, où nous espérons que le président Alvaro Uribe se montre », a déclaré à la presse Daniel Pinacué, l'un des dirigeants du mouvement, en ajoutant que « si le chef de l'Etat n'acceptait pas un dialogue direct, les marcheurs iraient jusqu'à Bogota ».

Leur équipée intervient après une semaine de blocages de routes qui ont parfois tourné à l'affrontement avec les forces de l'ordre, faisant déjà un mort et une centaine de blessés parmi les manifestants et 70 policiers blessés.

Au moins un indigène a été tué mardi lors du démarrage de la marche

"Nous rendons les forces de l'ordre responsables de ces faits, car il n'y avait sur place que des membres de l'armée et de la police anti-émeutes", a affirmé à l'AFP le dirigeant du Conseil régional indigène du Cauca, Feliciano Valencia.

Les Indiens représentent près de 3% de la population colombienne (1,3 million sur 44 millions d’habitants). Ils exigent du gouvernement qu'il leur remette plus de terres et qu'il respecte l'autonomie relative de leurs territoires. Les Indiens protestent également contre le traité de libre-échange avec les Etats-Unis, signé en 2006.

Ils souhaitent que soit assuré leur "droit à la vie", trop souvent victimes. Selon l'Onic, plus de 1.253 indigènes ont été assassinés depuis 2002 et 54.000 déplacés de force par les autorités. Celles-ci accusent, bien entendu, la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) d'avoir infiltré le mouvement.

La marche indigène intervient alors que le gouvernement conservateur est aux prises avec une agitation sociale sans précédent par son ampleur depuis l'élection d'Alvaro Uribe, en 2002.

Les coupeurs de canne sont en grève depuis la mi-septembre, ce qui a entraîné une hausse des prix du sucre et des carburants.

Près de 40.000 fonctionnaires de Justice ont, pour leur part, repris le travail jeudi après une grève de six semaines, qui a paralysé un système judiciaire déjà engorgé. Ce mouvement avait entraîné, le 10 octobre, l'instauration de l'état d'urgence, toujours en vigueur mardi.

Des employés de l'état civil des douanes et du Trésor ont également débrayé plusieurs jours et recommencent vendredi. Pour sa part, la Centrale unitaire des travailleurs (CUT), premier syndicat en Colombie, a appelé à une grève générale de tous les fonctionnaires jeudi.

Une « concomitance organisée", selon Alvaro Uribe, qui estime que syndicats et opposition cherchent à déstabiliser le gouvernement…Le ministre de la Défense, Juan Manuel Santos, a demandé, lundi, aux autorités judiciaires d’enquêter sur l’éventuel financement de la manifestation des Indiens par des fonds étrangers, ceux d’Hugo Chavez, naturellement.

Toujours « la main de l’étranger » désignée lors de mouvements sociaux

 

 

Tag(s) : #international
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