Tous nos médias focalisent sur les élections américaines. Pas un bulletin d’informations, pas un reportage, pas un commentaire, tant à la télé qu’à la radio, qui ne soit consacré au vote de mardi, aux USA.
A croire que les Français vont participer au scrutin.
Nous n’ignorons rien, ni de Barack Obama, ni de Mc Cain. Leurs personnalités, leurs parcours politiques, leurs femmes et leurs enfants nous sont contés par le menu. Nous les avons suivi tout au long de la campagne, des « primaires » jusqu’à ce jour. Le discours de l’un, la harangue de l’autre, un jour dans l’Iowa, un soir à San Francisco, sur fond de gratte-ciel ou de champs de coton, nous avons arpenté les Etats-Unis d’Est en Ouest et du Canada au Mexique.
Et qu’avons-nous retenu de notre périple ?
Que les citoyens d’Amérique allaient devoir faire « un choix historique ». Pour la première fois, « un candidat noir » se présente à leurs suffrages. Et celui-ci à toutes les chances d’être élu ! Aussi, radios et télés nous rappellent, avec toute l’émotion dont elles sont capables, le rôle joué, il y a quarante ans, par le pasteur Luther King pour l’égalité raciale. Comme lui, nos journalistes « font un rêve » : l’élection, pour la première fois, d’un « noir », Barack Obama, à la Présidence des Etats-Unis. Cet évènement aurait, nous dit-on, une telle valeur symbolique que la face du monde, du moins des USA, en serait changée. « La bonne Amérique serait de retour ! ». Telle est le refrain quotidiennement chanté par « la classe politique », comme on dit.
Bernard-Henri Lévy (BHL, pour les intimes), s’en est fait le ‘héraut’ (« officier chargé de porter les messages », selon Le Petit Larousse).
France Inter, ce matin, cite à son endroit, le JOURNAL DU DIMANCHE :
« Bernard-Henri Lévy, sûr de lui et d’Obama, qui va nous rendre notre rêve américain d’autrefois, et réconcilier l’Amérique avec le monde. ‘Il n’effacera pas’, écrit BHL « comme par enchantement, cet antiaméricanisme pavlovisé qui est en passe de devenir la religion de l’humanité, mais il réduira, il le contiendra. Avec l’Europe, il rétablira les liens de confiance que les huit années de bushisme avaient brisés. Et avec les autres, avec le monde musulman notamment, il rompra avec le discours simpliste et bête de la « guerre des civilisations », en tendant la main contre les extrémistes et, pour ainsi dire, par-dessus leur tête, à l’opinion éclairée, modérée, en attente de droits de l’homme et de démocratie ».
En effet, notre philosophe de service, considère «l’ antiaméricanisme », comme une maladie redoutable. Par ce terme, il entend bien sûr le sentiment, largement partagé, d’hostilité à l’impérialisme américain. BHL reconnaît que Bush a, malheureusement selon lui, contribué à donner aux yeux de l’opinion, une image salie « de la plus grande démocratie du monde ». Plus de vingt interventions militaires, en cinquante ans, contre des Etats indépendants, des complots multiples contre l’indépendance des peuples, le mépris le plus souverain des lois internationales, telles sont les qualités qui font des Etats-Unis cette « démocratie modèle » que BHL dévore des yeux. En plus, la ségrégation raciale, que le directeur d’une grande revue américaine, interrogé par France Inter, estime plus étendue aujourd’hui que du temps du pasteur Luther King.
De cette « obamania » envahissante, il faut retenir cette volonté de notre bourgeoisie de redorer le blason de cette Amérique, qu’elle aime et dont elle a fait son protecteur ; celle du « libre marché et de la concurrence », le pays où une minorité de super-riches fait la loi à l’ensemble de la nation.
Le jeune et séduisant Obama semble l’homme rêvé pour opérer ce « lifting » nécessaire à la bonne renommée des Etats-Unis.
Tel est le sens de « l’opération Obama », menée par nos médias.