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Dimanche, sur notre blog, avec "l'opération Obama", nous avons ciblé la candidature d'un Noir à la Présidence des Etats-Unis, VUE DE FRANCE. La Une de Libération de lundi, toute consacrée au portrait édifiant de Barack Obama, apporte une confirmation supplémentaire au soutien enthousiaste de la fausse gauche et de son quotidien préféré, en faveur du candidat démocrate.
Aujourd'hui, 4 novembre, c'est la signification d'une victoire de celui-ci, que nous voulons aborder
.
Disons que nos propos ne peuvent, malheureusement, prendre en compte, que les informations et les commentaires fournis par nos médias. C'est dire que la "matière première" à notre disposition, nécessaire à notre réflexion, est biaisée.

Si les résultats de l'élection confirment les pronostics, que faut-il en penser ?

D'abord, si on prend en référence les programmes des deux candidats, peu de chose, sur le fond, les différencie. Certes, Obama se présente comme "l'homme du changement".
on connaît, en France, la chanson. Sarkozy nous l'avait chantée tout au long de sa campagne électorale. On en mesure, aujourd'hui, les effets dévastateurs.

Donc, de quels "changements", le candidat démocrate est-il porteur ?
Celui-ci ne s'est guère engagé concrètement, autrement que sur des formules vagues, par exemple sur le système de santé (pratiquement inexistant aux Etats-Unis), et sur les question sociétales. McCain, lui, veut incarner les "valeurs morales" traditionnelles, ultra-réactionaires,  de l'Amérique profonde. L'un et l'autre, Obama encore plus que McCain, baignent dans la religiosité.
Dieu bénisse l'Amérique !
Barack Obama et McCain divergent sur la stratégie en ce qui concerne l'engagement militaire en Irak et en Afghanistan. Le candidat démocrate souhaite "mettre le paquet" à Kaboul et envisage un désengagement progressif, sur seize mois, à Bagdad. Son adversaire républicain, "jusqu'auboutiste" affirmé, ne veut qu'envisager la victoire totale en Irak.

En politique économique, rien ne permet d'assurer que des divergences profondes existent entre les deux concurrents. Obama serait-il plus "keynésien" ? Envisagerait-t-il une "relance" comme moyen de juguler la crise ?
De toutes façons, l'un et l'autre sont confrontés à une réalité qui s'exprime en quelques chiffres :
50% des américains se partagent 2,8% du patrimoine national. Un tiers de ce patrimoine appartient à 1% de la population.
Obama représente les intérêts de cette minorité. Les subsides, dont il a disposé dès le début de la campagne, étaient, et de très loin, les plus élevés de tous les candidats, y compris Républicains.
Autre statistique : plus de 500 milliards de dollars sont consacrés, chaque année, à la guerre, soit plus de la moitié des dépenses gobales d'armement dans le monde entier !
Aucun des deux candidats n'a évoqué la moindre réduction de ce budget de mort.
Barack Obama est devenu, face à la situation désastreuse laissée par George Bush, le représentant de l'oligarchie financière, plus désireuse de rétablir une situation économique stable, garante de profits consolidés, que de se prévaloir des "valeurs spirituelles" les plus régressives, incarnées par l'électorat rétrograde de McCain.

Reste la question raciale.
Si tous les sondages annoncent la victoire de Barack Obama, un seul doute subsiste :
"Une majorité d'Américains va-t-elle accepter l'idée même d'un Président 'Noir'?"
Mais qu'une telle incertitude demeure en 2008, à l'échelle d'un Etat, qui se proclamme le phare de la Liberté, est indicative du niveau de "démocratie" atteint par Lui.
Car aux Etats-unis, la population de couleur fait partie, bien avant l'Indépendance, du terreau national. En effet, les esclaves sont arrivés simultanément avec les implantations de colons britanniques. Ces "Noirs" sont plus  étatsuniens que les descendants d'Irlandais, de Polonais, ou même des premiers fondateurs hollandais de New-York !
Dans ces conditions, refuser mentalement l'idée d'un "Président noir aux Etats-Unis", relève encore d'un esprit esclavagiste, hérité du Code noir.
Ce sentiment, s'il était partagé par une majorité d'électeurs d'Outre Atlantique, devrait conduire à considérer les USA comme un "Etat de non droit".
Mais Barak Obama ne descend pas de familles d'esclaves (c'est un métisse immigré récemment du Kenya), il ne peut prétendre représenter valablement ces dizaines de millions d'Afro-Américains, dont la seule "discrimination positive" se trouve dans les ghettos, les prisons, voire "les couloirs de la mort".Barack Obama fait partie de la gentry de couleur, intégrée dans la bourgeoisie étatsunienne. Il en épouse les intérêts et le mode de vie : mêmes écoles, même standing, mêmes fréquentations.
Certes, pour être élu, le candidat démocrate a dû flatter l'électorat le plus large, celui qui ne vote jamais, et parmi celui-ci, la population noire, "pour faire la différence" avec le score de son adversaire.
De ce fait, pour cette population en marge, voter pour Obama, compte tenu de la couleur de sa peau, représente la revanche sur des siècles d'aliénation.
"Un Américain noir à la Maison Blanche" semble un rêve, jusqu'ici, inaccessible, pour ces hommes et ces femmes, qui ont connu dans leur jeunesse le KKK. Car ces tueurs, en cagoule blanche, les pendaient en toute impunité, il y a encore quarante ans, dans le Sud, à l'ombre d'une croix enflammée.
De nos jours, cette population noire s'entasse toujours dans des quartiers délabrés, sans travail et encore méprisés.
Nul doute que si Obama est élu ce soir, ce sera la fête à Watts et à Harlem.
Mais pour combien de temps ?
Le réveil risque d'être douloureux pour cette jeunesse enthousiaste, noire et blanche, qui attend le Messie.
Pour beaucoup, le vote de ce 4 novembre, sera le premier auquel ils participeront.
Cette irruption soudaine dans la vie politique de millions de citoyens, qui, jusqu'à là, s'en étaient détournés, peut marquer un tournant positif aux Etats-Unis.
A condition que ces partisans d'Obama restent mobilisés, lucides et déterminés.

Tag(s) : #international
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