La période de « chômage technique » à laquelle j’ai été contraint, en me privant de blog pendant trois semaines, m’a donné le temps de réfléchir plus posément aux évènements qui se sont succédés durant cette période.
La rafale de « réformes », émanant du pouvoir sarkozien accélère le rythme de la contre-révolution sociale : le travail étendu au dimanche, la menace de la retraite à soixante dix ans, la fermeté provocatrice de Xavier Darcos face aux enseignants en colère, la réduction du budget du logement de 7%, au moment où 100.000 personnes sont contraintes de vivre dans la rue.
De plus, le développement du chômage technique dans de très nombreuses entreprises prive de ressources des centaines de milliers de travailleurs supplémentaires et réduit d’autant leur pouvoir d’achat. Et les annonces de cadeaux aux banques, chiffrés en dizaines de milliards, alors que « les caisses sont vides » pour les masses populaires, créent un sentiment d’injustice criante dans la population.
Chacune des mesures annoncées auraient du provoquer une réaction immédiate, une réplique de masse, des syndicats. Certes les organisations enseignantes ont mobilisé. Mais les centrales syndicales n’en finissent pas de se concerter pour envisager une riposte unitaire …en janvier 2009…
Pendant ce temps-là, les partis, dits « d’opposition » passent leur temps à organiser des psychodrames internes entre leaders qui, pourtant, sont d’accord entre eux sur l’essentiel.
Nicolas Sarkozy peut ainsi appliquer en toute quiétude apparente la politique dictée par le Capital.
Cette situation inédite – l’activisme forcené du pouvoir et la passivité des victimes – pose question.
Au-delà de l’attitude individuelle de responsables de la « gauche » et des syndicats (trahison des uns, incapacité des autres), il faut poser la question des choix fondamentaux de classes des dirigeants du PS comme de ceux du PCF.
L’ampleur de la crise, engendrée par la nature même du Capital dans son évolution, ne laisse aucune latitude à celui-ci pour « composer » avec le salariat. Les raisons en sont la course effrénée aux profits, la concurrence exacerbée entre Etats capitalistes (y compris au sein de l’Union européenne), l’obligation de ceux-ci de disputer les marchés à d’autres nations qui leur contestent leur suprématie antérieure, sans oublier les effets du nouveau rapport de forces dans le monde.
Cette situation induit la politique d’exploitation forcenée, imposée aux peuples, par l’Union européenne. Et tout indique que cette exploitation va encore s’exacerber.
Ce n’est pas sans risques pour les pouvoirs en place.
Ceux-ci le savent. Aussi, les gouvernements, celui de Nicolas Sarkozy en particulier, réduisent les libertés publiques, s’en prennent aux droits syndicaux, à ceux des journalistes. Chaque opposant présumé devient un délinquant virtuel. La « lutte contre le terrorisme » a bon dos. L’armée est préparée à affronter « l’ennemi intérieur » à travers des manoeuvres militaires de « contre guérilla urbaine ».
Aussi, nous devons poser la question : peut-on, aujourd’hui comme hier, envisager encore la possibilité d’une « alternance» du pouvoir, la fausse gauche à la place de la vraie droite, pour poursuivre la même politique, en plus « soft » ?
Dans la mesure où le Capital est conduit à durcir toujours plus les mesures qu’il juge nécessaires à sa survie, la sociale démocratie ne serait plus en situation d’assurer le relais politique. Cette perspective jette le trouble dans ses rangs, la divise, la met « hors jeu ».
Ce qui expliquerait peut-être la crise profonde du PS.
Il s’agirait donc d’une situation inédite : plus « d’alternance » en vue, mais une alternative, celle des forces populaires.