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"Les sangliers sont entrés dans Berlin",
telle est la première citation faite par Eric Delvaux,  dans sa revue de presse, ce matin, sur France Inter. Pourtant, l'article pris en référence dans Le Monde d'hier soir, ne tient que sur trois tiers de colonnes, en bas de la page 4 . On mesure l'intérêt de la nouvelle donnée en premier.
Certes, Eric Delvaux aborde la guerre faite aux Palestiniens de Gaza.
Mais seulement, en troisième lieu.

"A la Une également, ce matin, pour la troisième semaine consécutive : la guerre au Proche-Orient...

Grande photo, à la Une de L'Humanité... "Gaza : toujours plus de massacres"...

Grande photo, à la Une de Libération... "Gaza : déluge de feu avant la trêve"...

"Hier, alors que les pourparlers en vue d'un cessez-le-feu semblaient avancer, Israël a mené une offensive particulièrement meurtrière, touchant un immeuble de l'ONU et un hôpital..." Pourtant, "en Israël, l'opération continue d'être soutenue par l'opinion", explique Delphine Mathieussent, la correspondante de Libé à Jérusalem... :
"Selon les derniers sondages publiés hier par le quotidien de gauche Haaretz, plus de 80% des Israéliens estiment que l'armée n'a pas été trop loin, malgré le bilan des pertes civiles palestiniennes qui ne cesse de s'alourdir..."

"L'opinion n'a jamais été aussi unie et aussi déterminée", assure ainsi Ari Shavit, éditorialiste de Haaretz et ancien militant pacifiste, favorable à un retrait des Territoires occupés, mais aujourd'hui convaincu que l'opération militaire est une guerre juste...

"Une guerre juste. Juste une guerre" : c'est également le titre de l'éditorial de Christophe Barbier, dans L'Express... "Il faut réfléchir par-delà l'horreur, écrit-il... Le Hamas est un mouvement terroriste... Et en menant cette guerre, Israël a raison... Israël agit pour nous, pour notre tranquillité"...

Christophe Barbier dit également que seule  "la solution est politique"...

Sachant que "ce dossier-là, pour les médias, c'est un dossier piégé"... Ca, c'est ce qu'explique Jean-Marcel Bouguereau, dans Le Nouvel Observateur...

"Nous essayons d'être objectif, écrit-il... Mais ce n'est pas facile, ce dossier déclenchant les passions irrationnelles... à tel point que le site de Libération a décidé de bloquer les commentaires sur les articles traitant du conflit, car ils donnaient lieu à un déchaînement de haine..."

De la difficulté d'écrire, de décrire et de commenter ce qui se passe à Gaza...

A lire donc, cette semaine, dans Le Nouvel Observateur...

Et dans l'hebdo Vendredi, vous pourrez lire comment "la guerre fait le jeu des communautaristes"... "L'effet Gaza en France", à travers les blogs et les sites Internet..."

ET Eric Delvaux de passer à autre chose...
"Les autres titres de la presse, ce matin..."
.
Cette fausse objectivité, affectée par la presse et les médias en général, aboutit à une censure de fait de la réalité. D'abord, l'évènement - la guerre attroce telle qu'elle se poursuit sur le terrain - est occulté au profit de commentaires aseptisés. L'Humanité n'a droit à aucune citation dénonçant Israël.  Et si Delvaux cite Libération, c'est pour insister sur l'appui de la majorité des Israéliens à la poursuite de l'agression. Encore que le chiffre de "80%" marque un recul de l'assentiment au massacre, sans que ni Libération, ni le journaliste de France Inter, ne mentionnent le fait. Pas un mot non plus sur la non consultation, à travers ces sondages, de la population palestinienne, citoyenne d'Israël, qui représente 20% des habitants du pays.
Par contre, Delvaux cite abondamment un "faucon", Christophe Barbier, de l'Express, qui reprend à son compte les thèses d'Israël  : "
Le Hamas est un mouvement terroriste... Et en menant cette guerre, Israël a raison... Israël agit pour nous, pour notre tranquillité"...

Comme la ficelle est un peu grosse, nécessité est "d'expliquer" la fausse symétrie utilisée par nos médias pour informer de cette guerre.  C'est ce que Jean-Marcel Bouguereau, comme nombre de ses confrères, tente de justifier la réaction contrastée des lecteurs aux commentaires de la presse, jugée partiale, soit pour un camp, soit pour l'autre. Le "médiateur" du Monde en avait fait l'essentiel de sa dernière chronique. Le quotidien avait reçu tant de lettres d'insultes, émanant des pro-Palestiniens comme des pro-Israéliens, que ce courrier était de nature à démontrer  "l'objectivité" du quotidien en la matière, obligé, cependant, de reconnaître que les critiques des premiers représentaient "plus des trois-quarts" des lettres reçues. Et ce  phénoméne  - cette proportion - est si vrai, que nombre de journaux ont purement et simplement fermé leurs sites internet.
Cette prudence, nous n'avons pas le souvenir qu'elle fut observée, lors de la guerre des Balkans, à la fin des années 90, quand tous nos médias faisaient la part belle, photos et reportages en boucle,  "à ces pauvres Kosovars, victimes innocentes des Serbes", ou aux "musulmans massacrés dans des camps d'extermination" par les militaires de Belgrade. 
Il est vrai, qu'à l'époque, il fallait justifier, auprès de la population française, l'engagement de notre armée dans la guerre faite par l'OTAN à la Serbie, Etat souverain, qui voulait conserver sa souveraineté sur une province historique.
Aujourd'hui, la tâche des médias est tout autre. 
 D'abord, cacher au public, les informations "gênantes" pour la "Propaganda Abteilung", telle la lettre adressée à Nicolas Sarkozy, signée par six intellectuels français
*, qui demandent :
"l'envoi sans tarder au large des côtes de Gaza du navire-hôpital de la Marine nationale. Le droit d'initiative humanitaire reconnu par les Conventions de Genève, et déjà maintes fois mis en pratique par notre pays, vous y autorise. La situation sur le terrain l'exige
". 
 Ensuite, réduire au minimum la responsabilité de l'Etat hébreu, face à l'horreur des massacres perpétrés par Israël à Gaza, de présenter celui-ci comme également victime, de dénoncer le Hamas comme une organisation "terroriste", donc, a priori coupable. Aussi, les larmes médiatiques sont-elles également réparties entre "les deux populations victimes de la guerre, les Israéliens comme les Palestiniens", sans la moindre condamnation de l'agresseur.
 Enfin, qualifier "d'antisémite", toute réprobation à l'égard de l'attitude d'Israël. Sur ce point, France inter, cerise sur le gateau, à confié ce soin à
Philippe Val. Dans sa chronique de ce jour, le directeur de Charlie Hebdo s'en est pris à tous ceux qui osent  dénoncer le gouvernement de Tel Aviv. Le journaliste ne fait pas dans la dentelle. Il les accuse d'être instrumentalisés par le Hamas et de répandre  l'antisémitisme en France.
Les sangliers sont peut-être entrés dans Berlin.
Les loups, eux, sont effectivement entrés à Gaza.

* Raymond Aubrac,
    Carole Bouquet,
    Rony Braumann,
    Monique Chemillier-Gendreaux,
    Régis Debray,
    Stéphane Hessel,
    Mireille Mendès-France,
    Gilles Perrault

 

Tag(s) : #Contre l'impérialisme
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