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L'invasion de Gaza : L'opération «Plomb durci» fait partie d'une vaste opération des renseignements militaires israéliens


Le 27 janvier 2009

La version française de cet article a été révisée le 28 janvier 2008.


Les bombardements aériens et l'offensive terrestre en cours à Gaza des forces militaires israéliennes doivent être analysés dans un contexte historique. L'opération «Plomb durci» est une entreprise soigneusement planifiée, qui fait partie d'un vaste échéancier des services de renseignements israéliens qui a été formulé pour la première fois par le gouvernement du premier ministre Ariel Sharon, en 2001 :

«Des sources de la Défense ont déclaré que  le ministre de la Défense Ehoud Barak a demandé aux forces israéliennes de défense de se préparer pour cette opération il y a plus de six mois, bien qu’Israël ait commencé à négocier un accord de cessez-le-feu avec le Hamas (Barak Ravid,Operation "Cast Lead" : Israeli Air Force strike followed months of planning, Haaretz, 27 décembre 2008)

C'est Israël qui a rompu la trêve le 4 novembre 2008, jour de l’élection présidentielle aux États-Unis :

« Israël a utilisé cette diversion pour rompre le cessez-le-feu avec le Hamas, en bombardant la bande de Gaza. Israël prétend que cette violation du cessez-le-feu visait à empêcher le Hamas de creuser des tunnels vers le territoire israélien.

Le jour suivant, Israël déclenchait un siège de terreur sur Gaza, coupant l’approvisionnement en vivres, en carburant, en médicaments et autres produits de première, dans une tentative de « soumettre » les Palestiniens tout en se livrant, au même moment, à des incursions armées.

En réponse, le Hamas et d'autres à Gaza recoururent à nouveau à des tirs de roquettes rudimentaires, artisanales et souvent imprécises, sur Israël. Durant les sept dernières années, ces roquettes ont causé la mort de 17 Israéliens. Pendant la même période, les attaques des guerres-éclair israéliennes ont tué des milliers de Palestiniens, provoquant des protestations au niveau mondial mais face auxquelles les Nations Unies sont restées sourdes. » (Shamus Cooke, The Massacre in Palestine and the Threat of a Wider War/Le massacre en Palestine et la menace d'une guerre plus vaste, Global Research, Décembre 2008).


Un désastre humanitaire planifié


Le 8 décembre 2008, le Secrétaire d'État adjoint aux États-Unis, John Negroponte, se trouvait à Tel Aviv pour des discussions avec ses homologues israéliens y compris le directeur du Mossad, Meir Dagan.

L'opération «Plomb durci» a commencé deux jours après Noël. Elle s'accompagnait d'une campagne soigneusement conçue de relations publiques internationales sous les auspices du ministre des Affaires étrangères d'Israël. 

Les cibles militaires du Hamas ne sont pas les objectifs principaux de l'opération. L'opération « Plomb durci » est destinée, de façon tout à fait délibérée, à causer des victimes civiles. 

Nous avons affaire à un «désastre humanitaire planifié» à Gaza, dans une zone urbaine très peuplée. (voir la carte ci-dessous).

L'objectif à long terme de ce programme, comme l'ont formulé les responsables israéliens est l'expulsion des Palestiniens des terres palestiniennes :

« Terroriser la population civile, assurer une destruction maximale de leurs biens et des ressources culturelles... La vie quotidienne des Palestiniens doit être rendue insupportable : ils doivent être enfermés dans les villes, empêchés d'exercer une vie économique normale, coupés de leurs lieux de travail, des écoles et des hôpitaux, ce qui favorisera l'émigration et affaiblira la résistance contre les futures expulsions » Ur Shlonsky, cité par Ghali Hassan, Gaza : The World's Largest Prison/ Gaza : la plus grande prison du monde, Global Research, 2005).


L'opération «Vengeance justifiée»


Un tournant a été franchi. L'opération «Plomb durci» fait partie d'une vaste opération des renseignements militaires, initiée au départ par le gouvernement d'Ariel Sharon, en 2001. C'est pendant l'opération «Vengeance justifiée» de Sharon que des avions de combat F-16 furent initialement utilisés pour bombarder des villes palestiniennes. L'opération «Vengeance justifiée » fut présentée en juillet 2001 au gouvernement israélien d'Ariel Sharon par Shaul Mofaz, alors chef d'état-major des forces de défense israélienne, sous le nom «Destruction de l'Autorité palestinienne et désarmement de toutes les forces armées».

« Un plan de réserve, au nom de code opération «Vengeance Justifiée» a été établi en juin dernier (2001) afin de réoccuper toute la Cisjordanie et éventuellement la bande de Gaza au prix éventuel de «centaines » de victimes israéliennes.» (Washington Times, 19 mars 2002).

Selon le Jane's Foreign Report (numéro du 12 juillet 2001), l'armée israélienne sous le gouvernement Sharon a réactualisé ses plans en vue d'un « assaut total pour détruire l'Autorité palestinienne , éliminer son dirigeant Yasser Arafat et tuer ou neutraliser son armée».


«Justification du bain de sang»


La « justification du bain de sang » était une composante essentielle de l’échéancier opérationnel militaire et de renseignements. La mort de civils palestiniens était justifiée par des «motifs humanitaires». Les opérations militaires israéliennes étaient soigneusement calculées pour coïncider avec les attaques suicides :

« L'assaut serait donné, à la discrétion du gouvernement, à la suite d'un attentat-suicide de grande ampleur en Israël, causant de nombreux morts et blessés, ce bain de sang constituant une justification» (Tanya ReinhartEvil Unleashed, Israel's move to destroy the Palestinian Authority is a calculated plan, long in the makingGlobal Research, December 2001, souligné par moi, MC).


Le plan Dagan


L'opération «Vengeance justifiée» désignait également le «Plan Dagan», qui porte le nom de son auteur,  le Général [ER] Meir Dagan, qui dirige actuellement le Mossad, les services de renseignements israélien. Le général de réserve Meir Dagan était le conseiller pour la sécurité de Sharon pendant sa campagne électorale en 2000. Il semble que le plan ait été élaboré avant l'élection de Sharon comme premier ministre, en février 2001. « Selon l'article d'Alex Fishman dans le quotidien israélien Yediot Aharonot, le Plan Dagan consistait à détruire l'Autorité palestinienne et à mettre Yasser Arafat « hors jeu ».» (Ellis ShulmanOperation Justified Vengeance": a Secret Plan to Destroy the Palestinian Authority, mars 2001) :

« Comme signalé dans le Foreign Report (Jane's) et révélé localement par le quotidien Maariv, le plan d'invasion d'Israël – d'après certaines informations, surnommé "Vengeance justifiée" – serait lancé immédiatement après le prochain attentat-suicide causant de nombreuses victimes, durerait environ un mois et  aurait pour résultat la mort de centaines d'Israéliens et de milliers de Palestiniens.» (ibid, souligné paar moi, MC).

Le «Plan Dagan» prévoyait la soi-disant «cantonisation» des territoires palestiniens par laquelle la Cisjordanie et Gaza seraient complètement coupées l'une de l'autre, avec des «gouvernements» séparés dans chacun des territoires. C'est selon ce scénario, prévu depuis 2001, qu'Israël aurait :

« négocié séparément avec les forces palestiniennes dominantes dans chaque territoire – les forces palestiniennes responsables de la sécurité, des renseignements et même pour le Tanzim (Fatah)". « Le plan ressemble donc beaucoup à l'idée de « cantonisation » des territoires palestiniens, émise par certains ministres. » Sylvain Cypel, The infamous Dagan Plan Sharon's plan for getting rid of Arafat Le Monde, 17 décembre 2001. 

 
De gauche à droite : Dagan, Sharon, Halevy


Le "Plan Dagan" a établi une continuité dans l’échéancier opérationnel. A la veille des élections de 2000, Meir Dagan fut affecté à un rôle important. « Il devint «l'intermédiaire» de Sharon, en ce qui concerne les problèmes de sécurité, avec les envoyés spéciaux du Président Bush, Zinni et Mitchell ». Il fut par la suite nommé directeur du Mossad par le premier ministre Ariel Sharon, en août 2002. Après la période Sharon, il demeura à la tête du Mossad. Il fut reconduit dans sa position de directeur des renseignements israéliens par le premier ministre Ehoud Olmert, en juin 2008. 

Meir Dagan, en coordination avec ses homologues étatsuniens, a eu en charge plusieurs opérations de renseignements militaires. Il est intéressant de noter que Meir Dagan, en tant que jeune colonel, a travaillé étroitement avec le ministre de la Défense, Ariel Sharon, lors des attaques sur les camps palestiniens à Beyrouth en 1982. L'invasion terrestre de 2009, à bien des égards, ressemble à l'opération militaire de 1982, conduite par Sharon et Dagan. 


(SUITE DE L'ARTICLE : DEMAIN
 



Tag(s) : #Contre l'impérialisme
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