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En temps de crise économique, la bourgeoisie a peur, elle voit les précaires qui n’ont plus grand chose à perdre et elle retrouve ses reflexes de 1848, de 1870, de 1914, de 1940… panoptique, contrôle des dissidents, flicage, bagne, relégation, enfermement de la jeunesse, élimination des déviants…

Alain Bauer n’invente rien, il puise simplement dans les méthodes de Fouchet et de Thiers. Ce qui n’est pas etonnant, au vu de ses amitiés : son associé,  Xavier Raufer*, qui s’appelle en fait Christian de Bongain, est un militant d’extrême droite ancien membre d’Occident et d’Ordre nouveau.

POURQUOI NOUS NE VOULONS PAS DE LA « NOUVELLE CRIMINOLOGIE » ET DES PROJETS DE CONTRÔLE DE LA RECHERCHE SUR LA « SÉCURITÉ  INTÉRIEURE » DANS LESQUELS ELLE S’INSCRIT


[Sauvons la Recherche- 15/01/2009] (Extraits)


Alain Bauer, propriétaire de la société privée de conseil en  sécurité AB Associates – mais se présentant comme « criminologue » – s’est fait charger en 2007 d’une mission sur la formation et la recherche en matière stratégique, après avoir été nommé en 2003 président d’une instance liée au ministère de l’Intérieur, le conseil d’orientation de l’Observatoire national de la délinquance.

Après la remise du rapport de mission le 20 mars 2008  , il s’est fait confier une « mission de préfiguration » dans laquelle il a délégué le volet « développement de la criminologie à l’Université » à Pierre Tournier, directeur de recherches au CNRS, et Xavier Raufer, un journaliste qui a obtenu récemment un doctorat de géographie et se présente comme « directeur des études et de la recherche du département de recherche sur les menaces criminelles contemporaines de l’Université Paris II »  . Ces personnalités ont par ailleurs exprimé les conceptions (diverses) qu’elles se faisaient de la « nouvelle criminologie » qu’ils appellent de leurs vœux  . Leurs projets partagent néanmoins plusieurs orientations fondamentales plus globales, visant la réorganisation de la recherche sur la « sécurité intérieure », qui nous semblent des plus dangereuses pour l’avenir de la recherche publique.


Une volonté de regrouper et contrôler

Le rapport Bauer préconisait la fusion de l’Institut national des hautes études de sécurité (INHES) avec l’Institut d’études et de recherches pour la sécurité des entreprises (IERSE) et celle de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) avec le Centre des hautes études de l’armement (CHEAr), le tout sous l’égide d’un Conseil supérieur de la formation et de la recherche stratégique rattaché fonctionnellement au Premier Ministre mais dont les orientations seront fixées par le chef de l’Etat. Mais ce rapport dépasse le sort de ces structures administratives. Par le biais du « terrorisme », de la « criminalité organisée » et de la « sécurité globale » (mentionnée 43 fois dans le rapport !), il prétend s’ingérer également dans l’organisation de l’enseignement et de la recherche en matière de délinquance et de justice pénale. De même, il ressort d’un projet diffusé en juillet 2008 par M. Tournier qu’il s’agit de centraliser les données, les financements incitatifs de recherche, la formation universitaire et la réalisation de la recherche. Dans ce cadre, M. Tournier organise en février 2009 un colloque sur le développement de la criminologie à l’Université.

Une conception biaisée de la connaissance scientifique


Pareil projet pose d’abord un problème de conception. Ce que l’on y nomme « criminologie » consiste à réduire l’étude de la délinquance et du domaine pénal aux dangers du monde et aux nouvelles menaces. M. Tournier avait pourtant rédigé dans le rapport (p. 4  de la mission Bauer un avis minoritaire qui dénonçait des “approches où tout est dans tout et réciproquement. Une telle approche n’est pas nécessairement neutre, idéologiquement. Elle peut être révélatrice d’une pensée ‘catastrophiste’, voire ‘apocalyptique’… qui consiste à dramatiser l’insécurité, à en faire la question sociale centrale, à utiliser à tout propos des métaphores guerrières, pour en arriver à militariser l’ensemble des questions de sécurité”. Il est navrant de le voir, au moment de la mise en œuvre, s’associer aux défenseurs de cette conception. Par ailleurs, dans cette conception de la recherche, les scientifiques sont réduits à de simples techniciens qui n’ont de scientifiques que leurs méthodes et qui deviennent, pour le reste, de simples exécutants chargés d’étudier les « menaces » qu’on leur désignera.


Un bilan tendancieux de l’existant


Ce rapport est insultant pour la communauté scientifique : il qualifie la recherche française de “trop politisée, entraînant un dépérissement de la pensée”. Il est vrai que ce jugement vient d’une commission dénuée elle-même, par sa composition, de toute légitimité scientifique et de toute compétence. Il est vrai également qu’elle juge à l’aune de ce qu’elle appelle « criminologie ». Il est vrai encore que sa prose ne passerait probablement jamais le test de validation de n’importe quelle revue scientifique de niveau international à comité de lecture. Il est vrai enfin que l’on ne voit pas quel crédit accorder à des « experts » à la fois juges et parties qui déploient un plaidoyer pro domo au service de leurs intérêts particuliers.

* Xavier RAUFER-DE BONGAIN N'EST PAS UN INCONNU. VENU DES RANGS DE L'EXTREME-DROITE, BOTTEE ET CASQUEE, EST PASSE AU SERVICE DE GEORGES ALBERTINI, CONDAMNE POUR "INTELLIGENCE AVEC L'ENNEMI" DANS LES ANNEES 7O.
Voir l'ouvrage "Le dossier Georges ALBERTINI, une intelligence avec l'ennemi"
de Jean LEVY, chez L'Harmattan

Tag(s) : #Politique
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