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La conquête de l’Afrique décolle de Vicence


Le 16 fevrier 2009


À droite l'aéroport Dal Molin.

La veille de l’occupation de l’aéroport Dal Molin (Vicence) pour empêcher la construction de la nouvelle base étasunienne, est arrivée à Vicence en provenance de Washington, la secrétaire-adjointe à la Défense (à l’Attaque, NdT) pour les Affaires africaines, Theresa Wheelan : pour confirmer que Vicence aura  un rôle de plus en plus important  dans la stratégie étasunienne. En décembre dernier en effet, la Force tactique en Europe du sud ( Setaf) a été transformée en  U.S Army Africa (Armée USA pour l’Afrique), composante du Commandement Africa (AfriCom) devenu opérationnel en octobre. Dans un séminaire qui s’est tenu à la caserne Ederle, à présent quartier général Setaf-U.S. Army Africa, Wheelan a souligné  que cette transformation  constitue une « nouvelle façon de regarder vers l’Afrique ».
 
Wheelan et le général William Garrett, commandant de l’U.S. Army Africa ont expliqué que le nouveau commandement se centre sur l’entraînement des militaires africains, en fournissant aussi « un guide sur comment gérer leurs forces ».  Il est en cela flanqué du Centre  d’Excellence pour les Stability Police Units (CoESPU), fondé par les Carabiniers à Vicence pour entraîner des forces de « peacekeeping » (maintien de la paix étasunienne, NdT) en majorité africaines : Wheelan s’y est rendue en visite, en s’entretenant en particulier avec le  directeur-adjoint du Centre, le colonel Charles Bradley de l’U.S. Army Le quartier général de Vicence opérera sur le continent africain avec de « petits groupes » (au total, pour commencer, 600 hommes), mais sera prêt, si nécessaire,  à conduire des opérations de «réponse aux crises » : en se servant de la 173èmeBrigade  aéroportée basée à Vicence. Les « petits groupes », comprenant aussi des unités de la Garde Nationale et de Réserve, opèreront en Afrique par « des programmes de coopération », en aidant à « promouvoir la stabilité régionale et les relations  entre civils et militaires ».  Dans les années qui viennent, a souligné le général Garrett, « la U.S. Army Africa continuera à s’agrandir ». Elle s’agrandira simultanément  au rôle de commandement des forces navales AfriCom, situé à Naples. Il s’agit d’un « engagement prolongé », fruit de la « reconnaissance américaine de l’importance stratégique croissante de l’Afrique ».
 
Les Etats-Unis ne sont cependant pas les seuls à reconnaître cette importance. Pour preuve, le trafic intense de  navires de guerre le long des côtes de la Corne d’Afrique, au motif de la lutte contre les pirates somaliens. Dans cette aire stratégique – comprenant le Golfe d’Aden à l’embouchure de la Mer Rouge (où, à Djibouti, est basée une task force étasunienne)- croisent la Combined Task Force 151, une force navale Usa à laquelle participent des unités de 21 pays alliés ; le Standing Nato Maritime Groupe 2, un groupe naval de l’OTAN, et EuNavFor Atalante, une escadre de l’Union Européenne. Mais sont  présents aussi des navires de guerre chinois et russes, à quoi s’ajouteront des japonais. D’autre part, en décembre 2008, le Conseil de sécurité de l’ONU a voté à l’unanimité une résolution, présentée par  les Etats-Unis qui permet de « poursuivre les pirates à l’intérieur de la Somalie ». C’est là que, après le retrait des troupes éthiopiennes (envoyées  en 2006 dans une opération gérée par les USA), les mouvements islamiques ont repris le contrôle du territoire.
 
Dans cette zone (et d’autres, surtout en Afrique occidentale, riche de pétrole et autres matières premières stratégiques) l’AfriCom s’appuie sur les  élites militaires pour  amener le plus grand nombre de pays africains dans la zone d’influence  étasunienne.
Tâche ardue, à cause à la fois de la  croissante résistance des populations (en particulier dans le Delta du Niger), et de la concurrence chinoise en expansion. La Chine est le second partenaire commercial de l’Afrique, après les Etats-Unis, mais ses  investissements sont en forte croissance même dans les pays davantage liés aux Usa. En Ethiopie, en janvier dernier, la China Exim Bank a investi 170 millions de dollars pour la construction d’un complexe résidentiel de luxe à Addis Ababa, et une autre société chinoise, Setco a annoncé la construction  de la plus grande usine de pvc du pays.  Au Liberia, la China Union Investment Company a investi 2,6 milliards de dollars  dans les mines de fer. Des sociétés chinoises ont effectué aussi de gros investissements (2 milliards de dollars par pays) dans les secteurs pétroliers du Nigeria et de l’Angola, jusque là dominés par les compagnies ocidentales. Mais la concurrence chinoise aux Etats-Unis ne se limite pas au plan économique. Pékin  soutient des gouvernements, comme ceux du Zimbabwe et du Soudan, très mal vus à Washington, à qui il fournit aussi des armes.
 
C’est un défi tacite, mais pour autant non moins réel, aux intérêts étasuniens et occidentaux en Afrique, dont la « croissante importance stratégique » n’est pas claire qu’à Washington : à Pékin aussi. D’où la « nouvelle façon de regarder vers l’Afrique », derrière laquelle l’Italie se range en file, et qui, en réalité, n’est qu’une nouvelle façon  de réaliser la vieille politique coloniale.
 

 



Tag(s) : #Contre l'impérialisme
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