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Le spectacle, donné hier au théatre du Palais-Royal, oh pardon au palais de l'Elysée, rappelle les  comédies de boulevard, et précisément celles de Feydeau : nous avons eu droit à un mauvais remake du fameux ménage à trois : les amants, Nicolas  et  Laurence, et le mari trompé, joué  à la fois par Bernard, François et les autres, en cocus parfaitement complaisants. Les médias nous les annoncent  "déçus", insistant sur les scènes de ménage, réservées pour la galerie.
Tout semblait faux dans le jeu des acteurs. 
C'est ainsi que s'est déroulée cette rencontre au sommet, annoncée comme "un tournant" de la politique élyséenne.
Le public fait grise mine
Thibault, Chérèque et Cie sont contraints  de confirmer l'action prévue de longue date pour le 19  mars. Qu'ont-ils obtenu ? Aucune des revendications communes n'a été satisfaite.
De simples chèques de "compassion" vont être distribués "aux catégories les plus fragiles" dit-on. La suppression (provisoire) des second et troisième tiers provisionnels touchera les "catégories basses des classes moyennes". C'est sous ce nouveau vocable que sont appelés les salariés légèrement au-dessus du Smic, payant la première tranche d'impôt, et - en partie - la seconde. Cela correspond, pour eux, à un "cadeau" de 200 à 300 euros pour l'année. Mais la moitié des Français ne payent pas d'impôt, leurs revenus  étant trop faibles. Eux seront exclus des "générosités" gouvernementales.
Ils ne sont pas fragiles : ils sont déjà brisés.
Les autres mesures, un chèque de 100 euros par-ci, un autre de 150 par-là pour telle ou telle catégorie, s'apparentent aux aumônes charitables des bourgeois à la porte des pieuses églises de Neuilly.
Mais pour le reste, la grande majorité des masses populaires n'obtient naturellement rien. "C'est la crise !" répond le prince-Président.  Le mot est lâché. Tels les médecins de Molière répétaient " le poumon ! le poumon !" pour expliquer l'origine supposée de la maladie, nos Diafoirus modernes s'exclament " C'est la crise ! C'est la crise", pour justifier les refus à toutes les revendications. Mais, depuis trente ans, et jusqu'à ces derniers mois, l'argent coulait à flots dans les caisses patronales. Et pourtant, le pouvoir d'achat baissait, année après année, alors que le Medef et les gouvernements successifs, de droite comme de "gauche", chantaient sur tous les tons que le temps n'était pas venu d'augmenter les salaires...
Ainsi la répartition de la valeur ajoutée, entre capital et travail,  s'inversait au profit des entreprises. Celles du CAC 40, et beaucoup d'autres, accumulaient des dizaines et des dizaines de milliards d'euros chaque année. Encore plus de 80 en 2008 ! Les grandes sociétés, et aussi les "moyennes",  faisaient de la baisse du  "coût du travail" l'élément déterminant de leurs profits. La rotation accélérée du capital, tel demeure  le but recherché.
Et de délocaliser la production à l'étranger pour baisser les salaires. Et de généraliser les CDD et les emplois précaires, plus facilement "jetables" et "corvéables à merci". Et d'étendre à l'infini les heures suplémentaires pour ne pas embaucher. Et d'imposer des des rytmes et des cadences généralisant le stress, les suicides et la souffrance au travail.

Aujourd'hui, le Medef et son fondé de pouvoir de l'Elysée nous prône la patience et la résignation du fait de la "crise mondiale". "On ne peut pas, nous disent-ils,  augmenter les salaires, la hausse du pouvoir d'achat conduirait notre pays désindustrialisé  à augmenter nos importations, et partant, alimenter ainsi le déficit commercial et générer l'inflation".
L'argument pourrait sembler crédible, si ceux qui le mettent en avant n'étaient justement pas les mêmes qui sont responsables de cette réelle et désastreuse désindustrialisation systématique de notre potentiel industriel.
En effet, tout  commence avec la Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier, dans les années 50. Cette collaboration industrielle, essentiellement franco-allemande, évoque l'histoire, répétée durant l'Occupation,  "Donne-moi ta montre, je te donnerai l'heure !".
Notre économie se   déleste alors du poids des mines de charbon, jugées "non rentables", cette activité se poursuivant allègrement outre-Rhin. Puis c'est le  tour des mines de fer, des usines textiles, de la sidérurgie. L'Allemagne, qui gardait intact son potentiel industriel, élargi en 1989, par l'annexion de la RDA, développe ainsi  sa spécialité : les machines-outils,  bases de ses exportations.
La grand patronat français préfére, lui,  jouer sur les prises de participations  financières à l'étranger, telle sa politique d'investissements dans les emprunts russes, avant 1914, et dans les entreprises de l'Est européen, entre les deux guerres.
Le capital recherche le profit maximum à partir d'une spéculation sans limites; les "salles de marché" se substituent grandement aux ateliers industriels. La firme de Wendel passe  de l'état de "maître de forges" à celui de "société d'investissements". Les banques réalisent leurs profits essentiels grâce aux fameux "traders", tant décriés aujourd'hui. La Société Générale peut perdre 5 milliards d'euros en 2007,  du fait de l'engagement d'un seul de ses employés, le marché s'étant retourné, sans que l'établissement soit dans le "rouge".
Cette mutation du capital s'effectue en relation étroite avec "l'européanisation" de notre pays. De l'Acte unique au traité de Maastricht, jusqu'aux traités de Nice, d'Amsterdam et de Barcelone, le patronat, avec l'Union européenne,  fait modifier  le droit français pour imposer "légalement" au pays ses objectifs politiques,économiques et sociaux, "la loi du marché" et la "libre concurrence". La tentative avortée en 2005 d'inscrire ceux-ci dans le marbre d'une constitution demeure le but premier du traité de Lisbonne.
La crise, qui frappe la France comme les autres pays, est donc le fruit naturel de cette politique globale, imposée par la logique interne du capital.
Les dirigeants de la CGT ont "oublié" d'en parler, le 18 février, à l'Elysée...
 

Tag(s) : #Lutte de Classe
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