LA TENSION MONTE ENTRE LA FRANCE ET L’AFGHANISTAN
Les autorités de Kaboul ont reconduit, ce matin, à la frontière*, 3000 « sans-papiers français ». Ceux-ci s’étaient introduits clandestinement en Afghanistan. Ces intrus avaient franchi la frontière, en tenue camouflée, sans doute pour éviter d’être reconnus, multipliant les actes de violence, semant la désolation et la peur parmi les populations. « Ils n’avaient jamais sollicité un droit d’asile », explique le ministre de l’Intérieur, justifiant ainsi la mesure d’expulsion prise par le gouvernement. Regroupés d’abord dans des camps spécifiques aux abords des villes, ils avaient, toujours selon le ministre, »créé « des zones de non-droit, préjudiciables à l’ordre public ».
Un porte-parole de Nicolas Sarkozy a exprimé « sa honte devant de tels procédés », qualifiés « d’inhumains » et « contraires à la Charte des Droits de l’Homme des Nations-Unies ». Notre ministre des Affaires Etrangères, Bernard Kouchner, s’est déclaré meurtri, rappelant son dévouement Total envers tous les opprimés. « C’est l’essence même de mon action à travers le monde » a-t-il ajouté.
Le gouvernement français se réserve de porter l’affaire devant le Tribunal Pénal International, « face à un acte barbare commis à l’égard d’une communauté, dont le seul délit reproché, est d’être composée d’étrangers ».
Martine Aubry, au nom du Parti socialiste, tout en regrettant « le geste inamical des autorités de Kaboul », estime que « cette affaire n’aura aucune incidence sur le résultat des élections régionales ».
La Commission européenne, par la bouche de monsieur Barroso, s’est dit consternée « par une mesure de ségrégation inadmissible, frisant la discrimination raciale ».
Pourtant, dans les milieux bien informés, on laisse à penser que l’incident n’aura pas de suite dramatique, « l’option d’un conflit armé entre la France et l’Afghanistan étant exclu ».
* La frontière fraco-afghane n’est, actuellement, non matérialisée et sans trace sur les atlas. Elle se situerait à quelques kilomètres, dans les airs, au-delà de l’espace aérien national.
Jean LEVY