Accusé de « proxénétisme aggravé en réunion »
'dsk' refait surface, fêté par ses amis "socialistes"...
Il ne manquait que lui !
LE MONDE | 13.10.2014

Qu’il est loin, le temps où le seul fait de croiser Dominique Strauss-Kahn faisait scandale rue de Solférino ! Julien Dray en sait quelque chose : pour avoir convié à son anniversaire l’ancien patron du FMI, mis en examen dans l’affaire dite « du Carlton », entre les deux tours de la présidentielle de 2012, il avait été mis au ban par l’entourage de François Hollande, dont il était pourtant un vieil ami.
Est-ce le temps qui passe ou les ratés du hollandisme, rien de tout cela samedi 11 octobre. C’est en bonne et nombreuse compagnie qu’Anne Hommel, spécialiste de la communication de crise (elle a notamment « coaché » Jérôme Cahuzac), recevait près de la Bastille à Paris, pour fêter ses 47 ans, son ami et « client » DSK – annoncé, cette fois – au milieu d’éminents socialistes : le patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis, le numéro deux du parti, Guillaume Bachelay, le secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, et même, racontent des témoins, le premier ministre, Manuel Valls. Celui-là même qui avait pris soin de faire savoir, il y a deux ans, qu’il avait quitté le bar où M. Dray soufflait ses bougies dès que « Dominique » y avait fait son entrée.
S’agit-il de la première étape d’une opération de communication avant le procès ?
Du 2 au 20 février 2015, l’ancien patron du FMI doit répondre devant le tribunal correctionnel de Lille, avec douze autres personnes, du chef de « proxénétisme aggravé en réunion » – dossier dans lequel une demi-douzaine de journalistes de Libération, de L’Express, du Figaro et du Monde sont mis en examen pour « recel de violation du secret de l’instruction ».
Que de relais d’opinion en tout cas dans cette fête privée ! L’avocat pénaliste Jean Veil, des anciens collègues d’Euro RSCG (comme Nathalie Mercier, directrice de la communication du Musée du quai Branly, naguère chargée de l’image de Valérie Trierweiler), des spécialistes des sondages (tel Brice Teinturier d’Ipsos) et d’innombrables personnalités des médias – Jean-Pierre Elkabbach ou Michel Field, le président du directoire du Monde, Louis Dreyfus, des « rubricards » politiques, des investigateurs de télévision…
Tout juste revenue de Lille, où elle célébrait les 90 ans de l’Ecole supérieure de journalisme en invitant à « se méfier des connivences », la directrice éditoriale du Huffington Post, Anne Sinclair, avait aussi tenu à fêter l’anniversaire de son amie, signe que les ennuis judiciaires de DSK n’ont pas éloigné les deux femmes. Mais les stars se sont effacées et les conversations suspendues quand la vedette de la soirée, Manuel Valls, a fait son entrée. « C’était comme dans la salle des Quatre-Colonnes » à l’Assemblée, raconte un convive lui-même sidéré par le mélange des genres,« les journalistes se sont pressés pour l’entourer ».
Et écouter le premier ministre se désoler de « la crise des élites » qui abîme la France d’aujourd’hui.
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Ariane Chemin
Grand reporter