par

Les six du secteur économique et Pierre Levy, Nikonoff, Danglot, Lafontaine, Todd, Lordon,
Sapir, Delaunay, etc, le débat sur l’euro est lancé, pas toujours sereinement, mais il existe. Il
demande toutefois à être élargi parce qu’il ne s’agit pas d’un débat technique mais d’un débat
politique. Sortir de l’euro ou un autre euro est une question de stratégie sur laquelle chaque
communiste, chaque citoyen, peut avoir une opinion valable.
Pour ma part je viens de participer à des assises sur la crise du capitalisme, l’UE et l’euro,
avec une centaine de camarades se réclamant de l’idéal communiste. Disons le tout net, la
nécessité de sortir de l’euro pour commencé à sortir de l’austérité était très largement
partagée.
Pour contribuer à la réflexion, je vous propose quelques arguments.
Tout d’abord, l’Europe est composée de 52 pays et l’UE n’atteint pas les 30. Ce qui
caractérise cette différence, c’est la nature de la construction Européenne. Depuis le traité de
Rome en 1957, elle est capitaliste, puis libérale, elle demeure le rempart contre l’aspiration
des peuples au progrès social, rien ne doit venir contrarier la liberté des marchés et
l’accumulation de la richesse.
Notons aussi que loin d’être un pôle de résistance à l’égard de la puissance Américaine, elle
est au contraire, née de la guerre froide, pour conforter le camp du système capitaliste,
conforter l’alliance Atlantique et l’OTAN, conforter le système de contrôle des communications
sur toute la planète. La pantalonnade des protestations contre les écoutes des USA à l’égard
de leurs alliés, le refus du survol de la France par l’avion d’Evo Moralès et le refus d’accorder l’asile politique à Snowden sont significatifs.
Comme d’autres impérialismes, l’UE est un vassal de l’impérialisme le plus puissant, malgré
quelques contradictions secondaires. Son but est une union fédérale, ayant un gouvernement
administrant l’ensemble des pays de la petite Europe. Ce second objectif d’un gouvernement
économique européen ayant été rendu public le 30 Mai par François Hollande et Angela
Merkel, il doit être discuté par le conseil en décembre.
Les moyens à la disposition de l’UE sont :
Les traités tous adoptés d’un commun accord entre les droites et les sociaux démocrates, même quand les peuples les refusaient.
La stratégie de Lisbonne de faire de l’UE l’économie la plus compétitive du monde, avec deux axes, faire baisser le coup du travail et dégager les entreprises et les états de la protection sociale.
Intégrer la CES au processus. Sa secrétaire Bernadette Signol demandant lors de la réunion des "partenaires sociaux" préalable au sommet des 27 et 28 juin : "Que compter vous faire pour que le syndicat européen puisse sans fléchir, continuer à défendre le projet européen ?"
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Initier et financer des partis politiques supra nationaux pour donner une légitimité politique à la démarche fédérale.
Dans un éditorial de "Ouest France" du 28 juin 2012, Christian Lequesne, directeur du
Ceri Sciences PO Paris, explique au bon peuple de l’ouest :
"La mise en œuvre d’une solidarité
financière au sein de la zone euro, implique la mise en place d’une politique budgétaire de
nature fédérale".
- Dans ces conditions rapidement brossées est-il possible de rassembler à l’intérieur de la petite Europe telle qu’elle est, des forces suffisantes pour inverser un processus puissant qui s’accélère et dont les peuples sont tenus à l’écart ? Ni l’histoire, le peuple européen n’existant pas, la situation de chaque pays des 27/28 est très différente, ni la réalité contemporaine, la concurrence se substituant largement à la solidarité, ni les objectifs modérés, voire consensuels des organisations censées représenter les intérêts des populations à ce niveau, ne permettent d’envisager une résistance conséquente.
- Il ne me parait pas exact non plus de prétendre que l’idée d’un autre euro progresse partout à gauche. Un sondage Gallup publié le 5 Juin montre au contraire que les populations, à un niveau significatif, souhaitent sortir de l’UE, 35 % pour la France par exemple. En Grèce Syriza vient d’être l’objet d’une scission, l’objectif de la nouvelle organisation : sortir de l’euro. Dans les élections les partis critiques à l’égard de l’UE et de l’euro font souvent des percées, les dirigeants de l’UE reconnaissent ce rejet populaire et ils s’inquiètent.
- La sortie de l’euro serait elle la catastrophe annoncée par les partisans de son maintien, fut-il "autre" ? Plus d’un économiste progressiste dément ce scénario !
- Par exemple, 85% du montant de la dette Française est émis dans des contrats de droits Français à rembourser dans la monnaie ayant cours dans notre pays. L’incidence sur les 15% restant ne serait que de 3,75% et non de 25%. Pour les importations de carburants, le prix importé ne représente que 25% du prix que nous payons, une très large marge existe pour atténuer, voir annuler, l’impact à la consommation. etc.
- La catastrophe annoncée n’est elle pas déjà en cours avec l’euro ?
- La question n’est pas de revenir au passé, mais de stopper cette catastrophe au niveau ou chaque peuple peut l’arrêter, c’est à dire au niveau national.
- L’Islande, l’Argentine, notamment ont décidé de maitriser leur économie et pour cela de maitriser leur monnaie et même de ne pas rembourser tout ou partie de leur dette. Leurs population ne s’en plaigne pas au contraire.
- Abandonner la bataille pour un autre euro, c’est peut être abandonner une chimère ! mais c’est surtout se donner la possibilité de reconquérir la souveraineté nationale qui est le seul moyen pour un peuple de maitriser son destin s’il le décide et de pouvoir changer de politique et même de changer de société. Tous les exemples de progrès viennent des peuples et non des superstructures et encore moins des superstructures technocratiques ou la démocratie est un vain mot.
- Les coopérations souhaitables non seulement au niveau continental, mais au niveau de la planète toute entière et particulièrement avec les pays du tiers monde suppose que des peuples libres et indépendant décident de l’objet de leur coopération dans un cadre mutuellement avantageux à l’opposé des politiques de l’UE et des institutions issues des accords de Bretton Wood.
Robert Brun