TEXTE REPRIS SUR
LE BLOG DE DIABLO
De "La fin de l'homme rouge"
à la nostalgie de l'Union soviétique
par Danielle Bleitrach
Maïdan et ses suites auront un moins eu un avantage (piètre consolation) : les masques tombent. Ainsi Svetlana Alexeievitch qui nous a fait croire avec un livre au joli titre et à la jolie couverture qu’elle était témoin impartiale de la fin de l’homme rouge se lâche hier dans le Monde. Il faut lire la haine que la Russie actuelle lui inspire, qu’elle compare à l’Allemagne des années 30, à un lieu de ralliement de toutes les forces anti-occidentales.
C’est le coup de pied de l’ânesse.
Mais au-delà cela témoigne que ce qui se joue encore et toujours à travers l’Ukraine c’est le sens de la révolution d’octobre. Dans son livre, Svletana Alexeievitch témoignait d’une nostalgie totalement masochiste des peuples à l’égard de ce qu’avait été l’Union Soviétique, les victimes du goulag le regrettaient avec ce délire prêté aux Russes.. Oui mais voilà l’insurrection du Donbass et tous ceux que nous avons interrogé témoignaient de bien autre chose, d’une dignité, d’une amitié entre les peuples, d’une égalité qu’ils croyaient éternels, y compris après la disparition de tous les travers des dirigeants bureaucrates et corrompus, qu’ils ne regrettent pas…
Mais ceux-ci les ont pris de vitesse et ils leur ont imposé la fin de l’Union soviétique… Comme nous l’a dit l’un d’entre eux:" trois ivrognes qui voulaient être tsars, le secrétaire du parti de la Fédération de Russie, Eltsine, celui de l’Ukraine et celui de la Biélorussie nous ont imposé la fin de l’URSS…" La première personne à qui Eltsine a téléphoné pour dire : "c’est fait, l’URSS n’existe plus!" a été le président américain.
Comme l’a avoué Poutine lui-même, c’est la CIA qui a décidé des privatisations et de récompenser ceux qui avaient été les meilleurs agents de l’empire… Les peuples eux ont vécu 23 ans de troubles, de drame, d’appétits déchaînés d’oligarques…
Ce qui se passe dans le Donbass, ce pourquoi il faut livrer le pays à des nazis et convaincre le monde entier que les insurgés sont des terroristes, des marionnettes de Poutine c’est parce qu’ils osent faire un autre bilan du socialisme, de l’uRSS et dénoncent le capitalisme, la pseudo démocratie qu’on leur a infligé… Ils tentent de répondre à la question: pourquoi le peuple en URSS ne s’est pas révolté quand l’URSS a été détruite par les dirigeants des partis communistes qui s’en sont partagés les dépouilles comme des rapaces… La vraie question est là…
Pourquoi et comment le communisme pourrit par la tête?
Si les peuples ne se sont pas révoltés (en fait il y eu aussi des révoltes) c’est parce que justement tout ce qui était sensé les organiser, leur donner la parole, les syndicats, le parti communiste était la proie de gens vendus à l’impérialisme… La corruption avait recruté ses propres cadres, éliminé ceux qui étaient rétifs…
Alors poursuivons l’analogie: pourquoi les communistes français y compris ceux qui avaient compris ce qui se jouait là-bas n’ont-ils rien pu faire, pourquoi se sont-ils heurtés à ce parti qui n’a rien fait pour soutenir le parti communiste d’Ukraine, pourquoi l’Humanité a-t-elle joué ainsi contre les communistes et pour soutenir de fait par l’alignement sur les médias occidentaux ? Pourquoi l’Huma telle qu’elle est aujourd’hui n’a trouvé qu’un journaliste à la retraite, José Fort, parce que la colère des communistes pour atténuer la charge qu’elle menait de fait contre les mineurs du Donbass et contre le parti communiste d’Ukraine?
Que peuvent faire les communistes que l’on a dépouillé de leur parti, de leur presse au point que quand se présentent les massacres de Gaza, ils sont dans l’incapacité de lier les deux situations à travers la dénonciation de l’impérialisme américain et de ses vassaux dont les dirigeants israéliens. Ils contribuent de ce fait puissamment à l’ethnicisation voir à la guerre de religion où le juif devient l’ennemi universel faute de dénoncer ici comme dans l’Ukraine le rôle joué par les Etats-Unis et leurs alliés saoudiens, européens…
C’est exactement ce que cherche le capital en France à travers une guerre de religion et de communautés, convaincre la masse des français de l’existence du terrorisme sur notre sol comme en Ukraine… Et tandis que cette thèse s’enfle grâce aux provocations de toute l’extrême-droite de chaque camp, les mauvais coups sont portés ici comme en Ukraine contre tous nos acquis sociaux, les cadeaux au MEDEF se multiplie.
Il n’est plus besoin de mettre hors la loi le PCF, voici des années qu’il donne le spectacle de sa non utilité, n’intervenant que pour promouvoir un candidat à la présidentielle qu’il emprunte au PS et qu’il transforme aussitôt après pour les militants en ennemi intérieur en lui attribuant tous les échecs, toutes les carences pour éviter qu’il y ait la moindre critique de ce qu’est devenu le PCF. Faire appel au légitimisme du PCF pour mieux l’achever telle est la tactique…
Voilà pourquoi il ne faut surtout pas éveiller les consciences sur ce que disent les ouvriers du Donbass, l’appel des mineurs, cela aiderait les communistes à se rendre compte qu’on leur a menti, qu’on leur a fait croire que les peuples de l’Union soviétique désavouaient le socialisme, qu’il ‘y avait donc plus d’issue, qu’il fallait suivre la logique imposée par le capitalisme en vivotant pour assurer la survie de ceux qui occupaient les sièges des anciens communistes. Transformer le parti en distributeurs de tracts pour les campagnes électorales locales sans perspective stratégique, sans tenir compte du mouvement du monde d’aujourd’hui. On baptisait staliniens ceux qui posaient des questions quitte à leur appliquer la vraie méthode stalinienne, leur intenter des procès en refusant d’entendre leurs questions.
En favorisant les divisons internes, les empoignades sans contenu politique réel, en les coupant de la réalité d’une monde qui avait de plus en plus besoin des communistes, le syndicalisme, la vie associative étaient encombrés de ces minables querelles, perdaient de leur force d’autant, l’inertie naissait de la faiblesse.
Ils n’étaient plus que d’avoir été…
Il fallait faire silence, un silence de mort sur ce que proclamaient les insurgés et contribuer alors à la campagne de tous ceux qui par haine du communisme proclamaient la fin de l’homme rouge…
Personnellement je ne suis en situation de rien d’autre que d’un combat individuel, mes camarades je n’ai jamais rien attendu du parti ni un salaire, ni des privilèges, ni une reconnaissance quelconque… rien si ce n’est l’honneur d’un combat juste… et cela même qu’il s’agisse de Cuba ou de l’Ukraine j’ai pu grâce à vous ou plutôt certains d’entre vous le mener comme je l’entendais sans m’encombrer de directions qui me l’interdisaient. D’une Humanité, qui à cette époque, sur recommandation de Robert Ménard, acceptait de parrainer un dissident cubain…
Grace à vous j’ai pu faire signer plus de 2000 personnes un soutien à Cuba à la "fête de l’Humanité", j’étais seule avec Rémy Herrera… mais la plupart des stands prenaient mes feuillets et me les rendaient couverts de signature…
J’ai été à jamais interdite d’ Humanité parce que j’ai voulu dénoncer le danger de la guerre en irak en réponse à un article de Daniel Cirera qui le 10 octobre 2002 expliquait que l’Europe empêcherait cette guerre… j’ai été frappée parce que j’avais obtenu l’adhésion de ma section autour d’un combat contre ce qui se préparait avec les retraites… J’ai combattu l’expédition libyenne de Sarkozy alors que la direction du parti et "l’Humanité" défendaient comme BHL les héros de la liberté de Benghazi…
Je ne vous ai jamais trahis et rien n’y personne ne m’a arraché mon engagement de communiste, réfléchissez bien à ce vers quoi on vous conduit irrémédiablement après que l’on vous ai contraint à trahir les communistes ukrainiens ?
Danielle Bleitrach