Dominique Strauss-Kahn songe, selon certaines informations, à un « destin présidentiel » en 2012. Il serait, dit-on, le « meilleur » opposant à Nicolas Sarkozy, le seul candidat socialiste susceptible de le battre… Certes, les milieux de la finance, le CAC 40 doivent réfléchir à une éventuelle carte à jouer alternative , compte tenu du déficit persistant de crédit de l’actuel président de la République, dans l’opinion publique. De plus en plus nombreuses, sont les catégories sociales, intégrées à la bourgeoisie, qui sont touchées par les mesures autoritaires prises par Sarkozy. Le mécontentement s’étend et se fait entendre dans des couches de la population, jusqu’à ces dernières années, éloignées de tout esprit de contestation du pouvoir en place. La base électorale de la droite officielle s’en restreint d’autant.
Dans ces conditions, pour poursuivre sur le fond la même politique, ne serait-il pas habile, pour le capital, de jouer à nouveau « l’alternance » ? Et dans cette perspective, qui serait au Parti socialiste, le mieux placé pour « finir le travail », que DSK ?
Aussi faut-il analyser comme il convient les propos, clairs et sans bavure, tenus aujourd’hui par le Directeur du FMI, et rapportés par Le Monde, sous le titre :
« COMPRIMER LES DÉPENSES PUBLIQUES »
« Le directeur du FMI souhaite maintenant que les gouvernements mettent au point les stratégies visant à remettre de l'ordre dans des finances publiques, malmenées par la crise. Dominique Strauss-Kahn a ainsi déclaré qu'une fois retirées les mesures de soutien à l'économie, il ne faudra pas hésiter à comprimer les dépenses publiques, voire, le cas échéant, à augmenter les impôts. Il a réaffirmé son appel au maintien de la coopération entre différents pays, même si les stratégies de sortie de crise peuvent différer d'une capitale à l'autre ».
Chacun sait ce que signifie « comprimer les dépenses publiques » et « augmenter les impôts » pour les salariés, les privés d’emploi, les retraités.
Pas besoin d’un dessin.
Il faut être vigilant.
Une unique volonté de se débarrasser à tout prix de Nicolas Sarkozy peut cristalliser l’opinion populaire. Et les électeurs pourraient choisir la « peste » au lieu du « choléra », surtout avec un docteur tout en rondeur, qui ne jurerait que « remèdes de bonne femme » pour assurer à tous une « bonne santé ».
Au petit jeu des promesses non tenues, les dirigeants socialistes sont les maîtres. Dans l’opposition, « plus à gauche qu’eux, tu meurs ». Et, une fois aux affaires, ils deviennent « pragmatiques » : en clair, au nom des « nécessités », ils tournent le dos à leurs engagements électoraux, une fois de plus.
Cette perspective s’inscrit dans la foulée des « régionales ». Si l’on fait du rejet de Nicolas Sarkozy l’unique objectif de la prochaine consultation, il est certain que le vote hostile au président actuel va se porter essentiellement sur les listes présentées ou emmenées par le Parti socialiste. Et le « vote utile » ouvrira ainsi une voie royale à Dominique Strauss-Kahn.
Se démarquer de cette stratégie devrait être le souci des communistes, de tous les communistes. Le débat, en cours au sein du PCF, sur la composition des listes, au premier tour comme en vue du second, évacue la question essentielle : le débat sur la politique concrète à proposer aux Français.
Nous y reviendrons.
Jean LEVY