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Super-austérité et retour des soupes populaires

 en Grande-Bretagne :

Le nombre de demandeurs triple en un an

Septième pays le plus riche du monde, la Grande-Bretagne ne cesse de voir progresser des formes archaïques de pauvreté : après la pauvreté énergétique, au tour de la pauvreté alimentaire de refaire surface, sous les effets dramatiques des politiques d'austérité.

13 millions de pauvres en Grande-Bretagne dont 4 millions souffrant de « pauvreté alimentaire », ne pouvant se nourrir à leur faim, ou se doter d'une alimentation équilibrée, selon le Food ethics council.

Si un secteur ne connaît pas la crise en Grande-Bretagne, c'est celui des banques alimentaires et soupes populaires. Trussell Trust, la première banque alimentaire du pays, ouvre deux à trois nouveaux locaux par semaine, 150 depuis l'an dernier.

L'association compte 350 000 bénéficiaires depuis le début de l'année scolaire, trois fois plus que l'an dernier, tandis qu'en 2011 elle ne venait en aide qu'à 60 000 déshérités.

Selon l'association OXFAM, ce chiffre ne prend pas en compte les églises, charités, organisations informelles, associations de quartier. 

 Le nombre total de bénéficiaires des banques alimentaires s’élèverait plutôt à 500 000 personnes.

Comment en est-on arrivé là à une telle misère dans la septième économie du monde ?

La cause immédiate, c'est la politique d'austérité du gouvernement conservateur stigmatisant les travailleurs privés d'emploi ainsi que les bénéficiaires de la Sécurité sociale.

Depuis le début de l'année, le gouvernement a lancé la guerre contre les bénéficiaires des aides publiques, la liste des mauvais coups est longue. Exemple, la « bedroom tax » qui ampute jusqu'à 25% l'allocation logement de ceux qui habitent un logement prétendument trop grand.

Parmi les nouvelles mesures passées au printemps, un « benefits cap », plafond monétaire destiné à limiter le cumul des aides ou encore le recul d'une semaine avant d'accorder les premières aides aux travailleurs privés d'emploi.

A terme, le gouvernement prévoit un « Universal credit », une sorte d'allocation universelle destinée à remplacer toutes les aides sociales actuellement délivrées, une façon pernicieuse de remettre à plat le système pour accorder une allocation minimale dite universelle de misère.

La politique de sanctions et de radiations est déjà massive. 85 000 demandeurs d'emploi ont subi des sanctions pour le seul mois de janvier 2013. 55% des nouveaux demandeurs des « banques alimentaires » viennent en raison de changement dans le versement de leurs allocations sociales.

Cause plus profonde, la baisse des salaires et du pouvoir d'achat. Ces demandeurs de biens alimentaires sont en majorité des « poor workers », travailleurs pauvres au salaire insuffisant pour vivre. Deux-tiers des enfants en pauvreté alimentaire ont au moins un parent qui travaille.

Les trois-quart des britanniques ont connu une baisse de salaire réelle sur les deux dernières années. Les travailleurs de la fonction publique connaissent gels de salaire et dégraissage d'effectifs, tandis que ceux du secteur privé ont connu une baisse nominale de 15% des salaires.

Des effets sont encore plus dramatiques pour les « poor workers » qui subissent la « prime à la pauvreté » (poverty premium) : pour eux, les prix de l'énergie, de la nourriture mais aussi les tarifs d'assurance et les taux d'intérêt sont plus élevés.

En moyenne, les pauvres paient 1 600 € de plus qu'une famille aisée pour les biens fondamentaux, subissant la double peine de leur précarité économique et existentielle.

En moyenne, les prix des biens alimentaires, selon OXFAM, ont augmenté de 30% en cinq ans, c'est trois fois l'augmentation du salaire minium. En avril dernier, le gouvernement a même proposé de geler ou … de baisser le salaire minimum !

Enfin, la politique de prix exercée par les grands monopoleset avec elle les libéralisations et privatisations de ces dernières décennies. Car la baisse dramatique du pouvoir d'achat des ménages britanniques, c'est aussi la conséquence de l'explosion de la facture énergétique.

Privatisée en 1986, British Gas est toujours le premier fournisseur de gaz et d'électricité en Grande-Bretagne. Depuis huit ans, les tarifs ont doublé, le prix du gaz et de l'électricité a augmenté de 30% en deux ans. Encore 6% en novembre dernier … à l'annonce d'une hausse de profits de 13% !

Et la concurrence ? La libéralisation a permis des géants européens comme le français EDF, les allemands RWE et E.on d'investir le marché, aux côtés de Scottish power et SSE. Le « Big six » contrôle maintenant 99% de la fourniture d'énergie du pays.

Chaque hausse de British Gas est suivie par une hausse correspondante des autres monopoles, maintenant les prix au plus haut.EDF a augmenté ses tarifs de 25% en deux ans, tout comme Scottish power, RWE de 23%, E.On de 21%.

Résultat dramatique, en 2009, 5,5 millions de personnes se trouvaient en précarité énergétique en Grande-Bretagne, c'est-à-dire des personnes qui dépensent plus de 10% de leur budget pour leurs factures énergétiques.

Se chauffer ou se nourrir redevient une alternative en Grande-Bretagne.

Les faits tragiques notés dans le rapport d'OXFAM (« Walking the breadline : the scandal of food poverty in 21 st century ») nous ramènent au capitalisme de la misère de l'ère victorienne ou à la Grande dépression des années 30.

Des mères qui se privent de repas pour nourrir leurs enfants, des enseignants qui donnent à manger à des élèves affamés, la queue pour les soupes populaires, la situation suscite une légitime indignation contre la politique d'austérité.

Toutefois l' « austérité » n'est pas pour tous, c'est une politique en faveur du capital contre l'ensemble des travailleurs. Les profits continuent d'exploser tandis que le gouvernement continue de baisser l'impôt sur le revenu des plus riches ainsi que l'impôt sur les sociétés.

Voilà la véritable origine du « scandale alimentaire en Grande-Bretagne ! »

 

Article AC

 

Source : Solidarité Internationale PCF

Tag(s) : #Europe
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