ITALIE
L'Union européenne et l'euro au coeur de la campagne électorale
Silvio Berlusconi surfe sur le rejet de l'Europe,
ce qui explique le rejet de l'homme d'affaires italien par les leaders (et les médias aux ordres) de l'UE.
L'entrée en lice fulgurante d'un outsider, Beppe Grillo, prônant la sortie de l'euro, ajoute à l'inquiétude de Berlin, de Paris et de Bruxelles
Mario Monti s’est positionné comme le champion des réformes européennes et a garanti la poursuite des mesures d’austérité de l’année dernière. « La destinée de chaque pays n’est plus déterminée par les frontières, mais est étroitement lié aux systèmes mondiaux desquels le pays est membre », a déclaré M. Monti.
En d’autres mots, Bruxelles et l’UE joueront toujours un rôle important pour Mario Monti aussi bien en termes de croissance que de mesures d’austérité et de prise de décisions économiques.
Quant à la solidarité européenne, il souligne que « l’Italie est un contributeur net au budget européen, ce qui signifie qu’elle devrait demander aux Européens de se concentrer davantage sur des finances publiques saines, une intégration renforcée des marchés et un dynamisme ». « L’accent devrait également être mis sur une solidarité financière européenne et une inclusion sociale et environnementale renforcées », a-t-il ajouté.
À propos des euro-obligations, M. Monti a mis en évidence que les nombreux pouvoirs du Mécanisme européen de stabilité étaient la solution à certains problèmes de l’Italie et de l’Europe.
De manière générale, il semble être le candidat le plus fiable en vue de mener des réformes strictes d’austérité et des mesures supplémentaires d’intégration.
Le Parti démocrate et « Sinistra Ecologia Libertà » (Parti gauche, écologie et liberté), tous deux membres de la coalition de centre-gauche, adoptent des points de vue divergents sur des réformes européennes et d’austérité.
Nichi Vendola, le chef de file du Parti gauche, écologie et liberté, souligne que l’austérité a aggravé la crise financière et affirme que des éléments du pacte budgétaire devraient être considérés comme peu démocratiques, car ils limitent radicalement les pouvoirs de prise de décision.
Bien que sa position soit critique, il rassure Bruxelles en indiquant que le « fédéralisme européen constitue la seule solution pour sortir de la crise ». M. Bersani, tout comme son partenaire de coalition, reste convaincu que les mesures d’austérité ne sont pas bénéfiques pour l’économie italienne en termes de croissance. Dans la tradition de la théorie économique keynésienne, les dépenses, et non la contrainte budgétaire, devraient être considérées comme la meilleure option possible pour les pays européens en crise.
Au contraire de M. Vendola, il ne souhaite pas entreprendre de modifications sérieuses du traité ou réexaminer les réformes instaurées par Mario Monti en 2012.
Silvio Berlusconi a renforcé ses positions eurosceptiques et est devenu de plus en plus critique envers des mesures d’austérité, de la discipline budgétaire et de l’intégration à l’euro. M. Berlusconi s’est opposé à certaines des mesures entrées en vigueur en janvier 2013 dans le cadre du pacte budgétaire qui impose aux États des niveaux d’endettement inférieurs à 60 %.
Le chef de file du centre-droit estime que le pacte budgétaire devrait être modifié, même si un nouveau vote au Parlement était nécessaire. Le « Cavaliere » voudrait réduire les ajustements budgétaires annuels de 50 milliards conformément au pacte à 15 milliards d’euros. « Nos relations resteront cordiales, mais nous nous opposerons fermement lorsque Mme Merkel ou d’autres homologues du nord nous demanderont des choses qui ne sont pas dans les intérêts de mon pays », a-t-il déclaré.
Les divisions sont encore plus prononcées quant à l’euro.
Selon Silvio Berlusconi, « si la Banque centrale européenne ne peut pas se porter garant de notre dette publique, nous nous retrouverions dans une situation où nous devrions quitter l’euro et revenir à notre ancienne monnaie, qui nous aiderait à obtenir une dévaluation concurrentielle grâce à l’émission d’argent ».
Beppe Grillo, le chef de file du Mouvement cinq étoiles, est le candidat le plus eurosceptique de ces élections. Tout comme Silvio Berlusconi, M. Grillo souligne qu’ « avec le retour de notre chère lire, nous pourrions immédiatement la dévaluer de 40 à 50 %, ce qui ne résoudrait pas tous nos problèmes, mais nous rendrait beaucoup plus concurrentiels ».
En affirmant cela, il insinue que l’abandon de la monnaie européenne commune par l’Italie constituerait l’une des solutions principales afin de surmonter la crise financière. « La décision de rester dans [la zone] euro dépend des électeurs italiens au moyen d’un référendum. C’est ma proposition, tant que les Italiens décident et non un quelconque groupe oligarchique », a-t-il déclaré.
Outre la crise de la zone euro, le Mouvement cinq étoiles remet en doute l’Union européenne et son cadre institutionnel. Le comédien a déclaré que l’électeur italien connaissait plus Washington que Bruxelles, car « il n’y a pas grand-chose à savoir d’un lieu qui ressemble à un Club Med ».
Son parti estime que le Mécanisme européen de stabilité et le pacte budgétaire devraient être considérés comme une « énorme arnaque et le début d’une nouvelle dictature, qui doit être arrêtée aussi vite que possible ».
Le Parti révolution civile partage également certaines positions antieuropéennes du Mouvement cinq étoiles. Selon son chef de file, Antonio Ingroia, « l’Italie devrait renégocier le pacte budgétaire parce que nous ne devrions pas servir les intérêts des banques et des finances de l’Europe ».
Source : http://www.euractiv.fr/autres/elections-italiennes-2013-un-pays-a-la-croisee-des-chemins-18199.html
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