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Affaire Castaldi
« Douche froide » pour Guy Carlier sur Europe 1 
l’arroseur arrosé !

Une chronique
de notre ami 
Paul Villach

On a encore dans l’oreille les dénégations indignées de M.-O. Fogiel et de Guy Carlier quand on a osé parler, mercredi 18 novembre 2009, sur Europe 1, de l’envers de la médaille du traitement de l’information. À les en croire, la dissimulation d’informations vérifiées n’existe pas : « Jamais !  » a tranché Fogiel, péremptoire.
Quant à Carlier, il s’était, peu avant, emmêlé les pinceaux après avoir dit que le journalisme « c’est un métier , qu’il y a des écoles pour ça, des règles, un apprentissage, une technique, un acquis… », et que, sans doute, selon lui, il faudrait s’agenouiller devant lui pour accueillir, confit de dévotion, sa parole d’évangile. 

 

 

Or, il n’a pas fallu attendre longtemps pour prendre les deux lascars, la main dans le sac, en flagrant délit de dissimulation d’information : pour les besoins de sa démonstration, Carlier a omis un fait grave et Fogiel ne l’a pas corrigé.

 

 

La dissimulation de l’information par la mise hors-contexte

 

 Dans sa chronique de lundi matin, 23 novembre 2009, Guy Carlier a évoqué les avanies rencontrées par l’animateur de TF1, Castaldi, venu parler de « son métier » - si c’en est un ! - , vendredi 20 novembre, au lycée Thierry Maulnier à Nice.

 

Sans doute, dans un premier temps, se moque-t-il de Castaldi qu’il n’aime apparemment pas. Il le décrit ironiquement débarquant à l’aéroport de Nice et découvrant non pas, comme d’habitude, le palace du Négresco sur la Promenade des Anglais, lui l’animateur à paillettes « grassement payé », familier des stars et des mondains, mais la planète inconnue des quartiers populaires de Nice ; il l’imagine s’interrogeant sur ces choses en papier et cartons qu’il voit devant les élèves sur les tables et qu’on nomme des livres, ces bibelots dont « son métier » n’a que faire. Carlier avoue d’ailleurs franchement ne pas apprécier ses émissions : il les juge « vulgaires » et les déteste même. Jusque-là pas de problème !

 

Mais vient l’épisode de l’altercation entre Castaldi et un professeur de philosophie qui s’est permis, au cours de l’entretien avec les élèves, de dire tout le mal qu’il pensait de ses émissions.
N’est-ce pas son droit ?
Ce n’est pas parce qu’elles plaisent, comme dit Carlier, « à un large public » qu’elles en sont pour autant légitimées. Le leurre de la pression du groupe a beau intimider tout individu, quand il ne parvient pas à le faire adhérer à l’opinion du grand nombre, selon Solomon Asch (1), il ne peut transformer une croûte en tableau de maître.

 

Or, Carlier s’en prend soudainement au professeur dans une belle mise hors-contexte que son compère Fogiel, si prompt à interrompre son invité, mercredi dernier, pour débiter des âneries, se garde de rectifier. Pas un mot, en effet, sur la conduite indigne de Castaldi que les vidéos, filmées en douce par les élèves et publiées sur le Net, montrent en train de bondir de son siège, quitter l’estrade où il était, et se ruer, furieux, vers son contradicteur jusqu’à le soumettre à un tête-à-tête bovin d’intimidation physique en public devant les élèves ! 
Quel spectacle éducatif donné par cet histrion habitué sous les spots des claques orchestrées.

 

Le professeur injurié publiquement par Carlier

 

Cette réaction ahurissante de l’animateur ne suffit-elle pas à le discréditer et à déclarer le professeur vainqueur par KO !
Pas du tout !
En dissimulant cet incident gravissime en présence des élèves où la bête de l’industrie du spectacle montre quels sont les seuls arguments violents dont il dispose, faute de pouvoir convaincre par ses émissions imbéciles, Carlier a le front de faire la leçon au professeur de philosophie. Au nom d’on ne sait quel magistère qu’il s’attribue, il se permet de dicter la conduite qu’il aurait dû adopter : il aurait attendu de lui, dit-il, « une seule phrase bien sentie énoncée avec calme (pour) clouer Castaldi au mur ».

 

 Puis il énonce son verdict : ce n’est qu’une bordée d’injures qu’il profère en se faisant même passer pour le porte-parole des élèves :
« Au lieu de ça, décrète-t-il, encore de l’intolérance et du manichéisme, encore une France contre une autre. Et surtout ce matin pour les élèves d’un lycée de Nice, les intellos sont des aigris intolérants alors que les animateurs de TF1 sont des types vachement sympas. On dit souvent qu’il ne faut pas être intelligent pour être animateur à TF1. Mais il y a beaucoup plus con qu’un animateur de TF1, c’est un prof de philo à Nice »

 

La ficelle est un peu grosse !
Carlier entend s’ériger, comme Saint Louis sous son chêne, en juge impartial des bienséances sociales : un coup à droite contre Castaldi, animateur d’émissions débiles, un coup à gauche contre un professeur de philosophie, contempteur de cet empoisonnement des esprits. L’ennui, c’est qu’il lui faut pour cela pratiquer malhonnêtement la mise hors-contexte, c’est-à-dire la dissimulation d’une information qui contrarie sa démonstration. Qu’à cela ne tienne !

 

Ces gens de l’industrie du spectacle et de l’information ont un culot monstre. Ils croient pouvoir s’arroger le privilège de livrer de la réalité la représentation qui leur convient, au besoin par la dissimulation de ce qui les gêne.
Ils ne souffrent aucune contradiction
.
Mais comme ça se passe en public, ça en devient amusant : on les entend énoncer des âneries avec aplomb ou on les voit jouer les matamores en employant le seul argument de rustre qu’ils connaissent, l’intimidation, par l’injure ou la menace physique. 

Paul Villach
 

 

(1) Paul Villach, « Les sondages à la lumières des expériences de S. Asch sur la pression du groupe  », AgoraVox, 23 avril 2007.

 

Tag(s) : #Politique
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