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Samedi 5 avril 2014

 

Envoyé par Gilbert Rémond :

 

 

Guy Poussy ancien membre du comité central du PCF, fait le constat dans une déclaration, au lendemain des municipales que les ouvriers et les ouvrières sont tenus à l’écart de l'assemblée nationale, des directions des partis politiques et même de celles des organisations syndicales. Ils sont méprisés. Pour lui, ce fait de société explique pourquoi les partis institutionnels qui les repoussent au second plan de leurs préoccupations politiques ont reçu une sanction sévère à l'occasion des élections municipales, illustrant pleinement ce qu'un sondage récent établissait: 80% des Français ne leur font plus confiance.


Après cette déroute historique qui est l'aboutissement des doutes multiples engendrés par les promesses non tenues et les voltes-faces successives gauches au pouvoir, nous pouvons postuler qu'existe une crise profonde du politique.  Elle est un des facteurs actifs de ce résultat, mais nous pouvons parier que son onde de choc aggravera encore davantage sa mise en abîme si aucune alternative ne s'ouvre. Il n'est qu'un chemin à prendre pour s'en sortir, celui de la lutte, mais pour l’emprunter, il faudra avant tout lever les ambiguïtés d'un certain nombre des positionnements qui ont été admis, jusqu’à ces jours. 


 Il faut mobiliser contre l'austérité! C'est ce que réclame aussi le M'pep dans un appel lancé aux organisateurs de "la marche du 12 avril contre l'austérité". Pourtant il annonce qu'il n'en sera pas tant qu'un certain nombre de points ne seront pas clarifiés. Car si la nomination du premier flic de France à la tête de l'exécutif national ne laisse aucun doute sur la dureté pour les masses populaires de la politique qui sera par lui imposé, il convient de se démarquer radicalement de cette majorité qui n'en a plus que le nom et dont il n'y a plus rien à attendre, sinon de la sueur des larmes et du sang. Cette manifestation peut être un temps de la riposte populaire mais pour qu'elle ne sonne pas creux et serve à quelque chose, le m'pep pose six conditions qu'il détaille et explique dans un communiqué. 


Voici revenu le temps des imposteurs nous dit Jacques Cotta, et la farce va se perpétuer. Comment pourrait-il en être autrement quand l'adversaire déclaré de la finance aussitôt son annonce parlée va donner des gages à la City puis aussitôt élu poursuit la politique de celui que le pays avait rejeté? Hollande bien qu'il s'en soit défendu la main sur le cœur, s’apprête à importer la sinistre réforme Hartz IV qui donne obligation de travailler pour des salaires de misère, mise en place par le social démocrate Schröder. Il laisse à un de ses proches le soin d'en préparer les conditions d'applications, l'homme lige de l'OMC Pascal Lamy, qui s'active en plaidant ouvertement pour plus de flexibilité sur le marché du travail et son ouverture aux petits boulots."Il faut accepter de temps en temps de franchir les espaces symboliques de ce type pour rentrer dans la réalité et la transformer", argumente-t-il sans gêne. "Un petit boulot, c'est mieux que pas de boulot". A quand les camps pour la mise au travail des indigents?


L'autre imposture c'est le délire de la croissance et ce que recouvre en fait le mot économie. Sa puissance sur nos comportements est tel qu'il prend le caractère d'une religion. L'homme doit y régler le tout de ses pratiques. Ce qui a changé , ce n'est pas seulement le dieu de l'économie ou de ses avatars, "c'est la relation avec ce qui-se-tient- là, voulant obéissance" nous dit Maurice Bellet dans son essai  "l'avenir du communisme" (1). Les marchés y sont devenus l’entitée sacrée devant qui tout doit se plier. A ces grands jeux, où les vainqueurs ne le deviennent qu'en écrasant les vaincus, l'être humain est devenu une marchandise et si dans nos pays dits développés l’exploitation et l'exclusion n'ont plus la brutalité extrême et évidente qu'elles ont eu par le passé ou qu'elles ont gardé ailleurs dans certaines régions du monde, nous ne devons pas en déduire pour autant qu'elles ont fondamentalement changé de nature. Au contraire pour les exploités et les exclus de nos sociétés elles ont pris un caractère de brutalité extrême touchant à ce que l'on peut appeler une violence nue.


Exploiter, exclure, comme nous le connaissions jusqu'alors laissait derrière leur côté monstrueux  un espace possible aux humains. La violence nue qui résulte des nouvelles formes d'exploitation mises en œuvre par les théories managériales du néolibéralisme, éradique l'humain de l'homme en lui ôtant toute possibilité d'être présent à lui même, d'avoir conscience de sa situation. Sa philosophie qui s'appuie sur un post -darwinisme favorisant la lutte pour la vie, où l'essence de l'histoire humaine conduit à l'effacement des plus faibles, reste des plus inquiétantes. Son rayonnement, explique en partie l'état de sidération dans lequel se trouvent les masses privées de structures politiques à leur service car si dans le nazisme la nullité de la pensé était sidérante, nous fait remarquer Maurice Bellet, chez les grands joueurs de la finance et de l'argent elle n'existe pas du tout sinon, comme ornement pour les amateurs, sous la forme de nouveau gadgets culturels tombés à leurs tours dans le cycle de la marchandise.


Enfin dernière imposture, celle qui a conduit à présenter des candidats socialistes contre leurs partenaires de la défunte union de la gauche sous le mot d'ordre préféré des fascistes "en finir avec 80 ans de communisme". Nous avons connu cela dans plusieurs communes dirigées par des communistes. La le PS ne recherchait pas d'accord, sinon pour obtenir comme dans les autres situations, soumission.


Alors comment nous sortir de là? Là, encore, Maurice Bellet voit un avenir pour le communisme et son universalisme résolu pour une volonté de régénération qui serait liberté et création. Mais, nous dit-il, cela aura un prix, et nous le rejoingnons sur cette opinion,  celui du pouvoir qu'il faut prendre. Il ne s'agit pas de son ultime objectif mais d'un moment nécessaire qu'exprimait selon lui, fort bien la formule "dictature du prolétariat"! Nous le rejoindrons aussi sur cette opinion. "Il y faut, poursuit-il, la vision et la volonté. Voir grand et loin; vouloir fort et longtemps. C'est casser l'hébétude, passer au-delà de la médiocrité et des arrangements, affronter les mépris et, si jamais l'on avance, une hostilité qui peut aller jusqu’à la haine ... Avenir du communisme, parce que le communisme est la dernière formule que nous connaissions d'une initiative de mutation  radicale, et qu'elle paraissait animée de ce que nous avons à retrouver: une vie humaine libérée du meurtre, de l'orgie de la violence dont l'histoire nous donne l'accablante mémoire".


Dans ce moment douloureux où nous assistons une fois de plus à une droitisation de la société, il nous faut comme le dit Guy Poussy pousser la réflexion jusqu'au bout et accepter les décisions qui s'imposent en sortant des consensus et des compromissions, des arrangements et des demies mesures, pour, retrouvant les utopies libératrices se décider à des changements radicaux portés par des luttes qui nous le savons seront dures et meurtrissantes. C’est à quoi peuvent nous aider les conférences du cercle universitaire marxiste dont le lien ci dessous donne accès aux vidéos qui les ont enregistrés.

 

Gilbert Rémond

 

(1) Maurice Bellet est prêtre et psychanalyste, théologien et philosophe. "l'avenir du communisme" est paru chez Bayard

 

 

Tag(s) : #Lutte de Classe
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