Titre provocateur mais tant qu'en "métropole" les plus conscients ne mesurerons qu'insuffisamment le statut colonial des "possessions caribéennes" des colonialistes français, il faudra provoquer.
Canaille le Rouge indique incidemment que c'est pour répondre aux exigences de la partie liguro-bretonne des héritiers des négriers que le nantais premier ministre pousse et défend bec et ongle le projet de son Ayraultport à "sa dame des landes".
Le texte qui suit est une interview d'Elie Domota que La Canaille n'a pas la chance de personnellement connaitre mais qu'il salut lui et et ses camarades de luttes.
Elie Domota, porte-parole du LKP (Collectif contre l’exploitation outrancière), a été l’un des leaders de la grève générale en Guadeloupe en février 2009. A l'heure de la visite de Jean-Marc Ayrault, il dresse un constat sans concession de la situation.
Propos recueillis par Rosalie Lucas | Publié le 26.06.2013, 19h51 | Mise à jour : 20h58
ELIE DOMOTA. Nous n’attendons absolument rien de sa venue. M. Ayrault vient ici pour s’extirper du bourbier dans lequel il est en métropole : les affaires, la hausse du chômage, l’impopularité du gouvernement… Il vient se changer les idées trois jours avant de repartir, mais ici nous n’attendons plus rien de lui ni de M. Hollande.
La Guadeloupe et la Martinique ont pourtant voté très majoritairement pour François Hollande en mai 2012…
Aujourd’hui on voit bien que le slogan « le changement c’est maintenant » est une vaste blague. Depuis un an, c’est la continuité de la politique de Nicolas Sarkozy. La loi sur la vie chère de M. Lurel est une escroquerie, en fin de compte il s’agit aujourd’hui de répartir la « profitation » entre les importateurs et les distributeurs. On fait croire aux gens qu’il y a une liste de produits à bas prix, mais les prix n’ont jamais baissé. Au contraire, ils augmentent ! Les marges des importateurs-distributeurs sont toujours aussi opulentes. Même chose pour le carburant. La présidence a changé sur le papier, ce sont les socialistes qui sont au pouvoir. Mais ils ne sont socialistes que par leur nom.
Les accords négociés après le mouvement social de 2009 n’ont pas amélioré la situation ?
L’Etat vient d’annoncer l’arrêt du revenu supplémentaire temporaire d’activité (RSTA) (NDLR : cette mesure permettait aux salariés touchant un revenu inférieur ou égal à 1,4 fois le smic de recevoir jusqu’à 100 € supplémentaires par mois. Plusieurs fois prolongée, elle a été supprimée il y a un mois). Il s’était engagé à amorcer des discussions avec les organisations syndicales et patronales pour permettre une pérennisation de ce dispositif, mais cela n’a pas été fait. Aujourd’hui beaucoup de patrons disent qu’ils ne paieront pas les 100 €, alors qu’ils s’y étaient engagés.
Jean-Marc Ayrault vient signer des emplois d’avenir et des contrats de génération. Cela pourra-t-il aider sur le plan de l’emploi ?
Ce ne sont pas avec ces mesurettes qu’on va s’attaquer au chômage ! Il ne cesse d’augmenter. Aujourd’hui près de 35 % de la population active est sans emploi. Chez les jeunes de moins de 25 ans, le chiffre est plus effrayant car environ 60 % sont au chômage. Nous sommes dans une situation catastrophique. Nos élus se contentent de faire de la figuration alors qu’il y a des engagements très forts à prendre en termes de développement économique, en matière de production agricole, et en matière d’éducation et de formation professionnelle.
Selon vous, la situation est donc aussi tendue qu’en 2009 ?
La situation est tout aussi explosive qu’il y a quatre ans. En 2009, le mouvement social a servi de soupape d’évacuation. Les gens sont descendus dans la rue car ils en avaient marre, mais c’était dans un cadre syndical. Au lieu de respecter les engagements, ils ont craché dessus. Nous sommes aux portes d’une explosion sociale, et malheureusement elle sera moins contrôlée qu’en 2009. Chacun devra assumer ses responsabilités. »