DONNER LA PAROLE AU PEUPLE ?
QUELLE HORREUR !
Dimanche, les Suisses ont majoritairement voté (à plus de 57%), pour l’interdiction d’édifier de nouveaux minarets, répondant ainsi favorablement à l’appel lancé par l’UDC, mouvement de la droite xénophobe helvétique, et ceci contre l'avis contraire de la classe politique unanime et de l'ensemble des églises..
Que ce vote suscite à l’étranger, et en France particulièrement, des débats, pourquoi pas. Au nom de la liberté des cultes, à celui de la laïcité, par rejet du racisme, de nombreuses voix se font entendre pour dénoncer l’attitude du peuple helvète.
Certains même évoquent une mise à l’écart du pays Guillaume Tell, d’un recours aux juridictions européenne et internationale.
Et pourquoi pas des sanctions, pendant qu’on y est !
Que ne dirait-on pas, en France, si au-delà des frontières, des voix autorisées s’élevaient contre le droit donné chez nous aux religions, à la Sainte Eglise Catholique et Romaine, en particulier, celui d’organiser des processions dans l’espace public, de réserver un temps d’antenne considérable, chaque dimanche matin, aux messes, et à l’occasion des fêtes divines de Pâques, de Noël entre autres, de retransmettre les cérémonies religieuses multiples, sans qu’un tel droit, dans les mêmes conditions, soit étendu au culte musulman, et surtout à l’athéisme qui recueille chez nous, l’adhésion de dizaines de millions d’adeptes ?
Quelle serait la réaction officielle de nos hommes politiques au pouvoir, si, à l’étranger, des médias en appelaient au « respect de la constitution française » pour les manquements faits à celle-ci par le « chanoine d’honneur de Saint Jean de Latran », et par ailleurs, président de la République, quand celui-ci, au Vatican, donne des leçons de religion au peuple français ?
« Ingérence intolérable », crierait-on à l’UMP et au palais de l’Elysée.
Or, ce matin, sur France Inter, par deux fois au cours de la matinale du 7/9, un journaliste et un ministre se sont crus autorisés à faire la leçon au peuple suisse. D’abord, Bernard Guetta, dans sa chronique, s’étouffe de colère à l’idée qu’il « suffit de 100 000 signatures dans la Confédération helvétique pour qu’y soit organisée une consultation populaire dont le résultat, s’il est positif, prend force de loi ».
. Et de poser la question :
«Que se passerait-il dans d’autres pays d’Europe si l’on pouvait y organiser aussi facilement un référendum sur les minarets »
Et sur le traité de Lisbonne, pourrait-il ajouter.
Dans la même émission, c’est cette fois un ministre, celui de la Défense (?), Hervé Morin qui, toujours sur ce problème, déclare :
« Le référendum, c’est bien. Mais quand le référendum devient un facteur de populisme, ça devient gênant ».
Finalement, pour nos « élites », ce qui est « gênant », c’est l’idée de demander son avis au peuple, et plus grave, que cet avis ait force de loi.
Jean LEVY