C’est quand qu’on reprend la Bastille ?
par Jean LEVY
En 89, un hiver de glace, un printemps sans grains, les cours s’envolent et c’est la famine. Le peuple des faubourgs gronde. Des spéculateurs subissent leur colère. Le roi prend peur. Il appelle sa Gardes suisse et le Royal allemand. Ainsi menacés, les manouvriers, les artisans du Fg Antoine s’arment et prennent la Bastille, le symbole de l’absolutisme. Les paysans brûlent les châteaux et les droits féodaux. 20.000 femmes, à court de pain, marchent sus à Versailles et ramènent à Paris, « le boulanger, sa femme et le petit mitron ».
Le roi n’est plus le souverain. Le peuple a pris sa place.
Contre les manants en sabots, l’Europe des rois coalisés vole au secours de Capet. En vain. La République est proclamée.
Pas pour longtemps.
Au-delà des princes et des petits marquis, la riche bourgeoisie se sent menacée.
Elle prend le pouvoir et installe la terreur de l’argent.
Les talons rouges de l’aristocratie ont cédé le pas au talon de fer du capital
Aujourd'hui, l’oligarchie n’est plus en perruque, et en rubans. Elle a troqué la culotte pour le complet veston. Elle s’est habillé de mots volés à notre peuple, qu’elle nommait hier les ‘manants’ : la liberté, la démocratie et jusqu’à la République.
Ainsi déguisée et camouflée, une minorité infime s’est accaparée les richesses du pays, les leviers de commandes, l’information écrite, parlée et télévisée, pour mieux tromper et empêcher un nouveau 14 juillet…
Car, qu’est-ce qui a changé depuis que les parents de nos arrière-arrières grands parents ont pris la Bastille, perdue, retrouvée, à nouveau kidnappée ?
Ils nous ont volé la liberté de penser, le droit de travailler.
Ils nous ont imposé des lois écrites à l’étranger
Le profit sans frontières règne sur le pays.
Ils ont embastillé, par les jeux et la télé, un peuple déboussolé.
Jusqu’à la Nation qu’ils ont fait prisonnière.
Mais on entend enfler une rumeur de colère.
Contre les agioteurs financiers, les bonimenteurs, ceux qui font la loi dans les salles des marchés, mais aussi à Matignon comme à l’Elysée. Nos usines démantelées, les ouvriers licenciés, la France écartelée entre des baronnies d’Europe au service des nouvelles têtes couronnées qui, de Bruxelles, font aujourd’hui leur loi pour nous museler.
Oui, vraiment il est temps de nous réveiller, de nous unir, de nous rassembler
pour, enfin, nous libérer.
Et d’ajouter à l’histoire un nouveau 14 juillet.