Une Déclaration du
Conseil national du Mouvement politique d’éducation populaire (M’PEP).
Le 19 juin 2011.
Début juin 2011, les trois partis membres du Front de gauche (PCF, PG, GU) se sont mis d’accord sur un projet de texte intitulé « Programme populaire et partagé ». Le Conseil national du M’PEP constate avec regret que ce projet de programme ne permet pas à la France de sortir de la crise et n’ouvre pas à notre peuple la perspective enthousiasmante et mobilisatrice qu’il espère.
Si les intentions exprimées dans ce projet sont louables, la plupart d’entre elles ne peuvent aboutir en l’état car elles sont incompatibles avec la Constitution française qui est désormais inféodée au droit communautaire, ou avec les traités européens qui ont gravé le néolibéralisme dans le marbre.
C’est pourquoi, s’il en est encore temps, le M’PEP s’adresse aux trois partis membres du Front de gauche pour leur demander de revoir d’urgence leur projet. Le M’PEP, comme il l’a déjà proposé à plusieurs reprises, est prêt à participer à l’élaboration du programme du Front de gauche sur les sujets où il a acquis une expertise reconnue : les questions européennes, l’emploi, l’environnement, les marchés financiers, le commerce international.
Rappelons que le M’PEP a participé activement aux côtés du Front de gauche aux campagnes des élections européennes, régionales, et cantonales dans certains départements.
En l’état actuel, ce projet de programme n’est ni populaire (il est peu compréhensible et n’apportera pas d’améliorations de long terme à la situation des classes populaires), ni partagé (il n’a pas été co-élaboré avec d’autres forces politiques, le M’PEP, entre autres, ayant été systématiquement écarté).
Ce projet de programme est intemporel. On ne comprend pas dans quel contexte politique il est susceptible de s’appliquer car le Front de gauche ne le dit pas et il n’ouvre pas la voie à un socialisme du XXIe siècle. Si le Front de gauche veut véritablement mener une authentique politique de gauche, il faudra, pour y parvenir, qu’il devienne majoritaire à gauche et passe devant le Parti socialiste.
Ces conditions, seules, peuvent permettre d’envisager une participation gouvernementale avec des socialistes de gauche minoritaires. Le Front de gauche restant silencieux sur cette question cruciale dans son projet, on est en droit de se demander s’il ne prépare pas une participation gouvernementale avec le Parti socialiste en cas de victoire électorale de ce dernier en 2012.
Mais sur quelles bases ?
En tout état de cause, le projet de programme du Front de gauche manifeste un profond manque de courage politique en évitant d’affronter les vrais problèmes :
- Il ne se donne pas les moyens de rompre avec l’eurolibéralisme.
- Ses propositions ne permettent pas de supprimer le chômage et la précarité.
- Il n’envisage pas de démanteler les marchés financiers.
- Ses déclarations contre le libre-échange ne sont accompagnées d’aucune mesure pour y mettre un terme.
- La « planification écologique » qu’il évoque relève largement, pour l’instant, d’incantations.
Ce projet de programme a fait l’objet d’une analyse approfondie par le Conseil national du M’PEP qui sera diffusée dans les jours qui viennent. Comme il s’agit d’un projet de programme et non d’un programme définitif, le M’PEP accompagne son analyse de propositions.
L’objectif du M’PEP est de suggérer au Front de gauche de modifier radicalement son projet pendant qu’il en est encore temps.
Le M’PEP est disponible pour tout contact et toute réunion de travail.
Compte tenu de cette situation, la probabilité que le M’PEP présente ses propres candidats aux élections législatives se renforce.
Il faut qu’une voix de gauche porte le message d’une critique radicale du système européen et notamment d’une sortie de gauche de l’euro, affirme et démontre que la suppression du chômage et de la précarité sont possibles, que les marchés financiers peuvent et doivent être démantelés, que des mesures protectionnistes dans un cadre universaliste sont indispensables et que la mutation écologique du mode de production peut sortir des incantations et devenir crédible.
Les conditions permettant la présence de candidats du M’PEP aux élections législatives seront prises. La décision définitive interviendra lors d’un congrès extraordinaire mi-janvier 2012.
Dès à présent, le Conseil national du M’PEP demande à ses militants de se mettre en congé des Fronts de gauche auxquels ils participent sur le plan local dans la mesure où ces regroupements prépareraient le soutien aux candidats du Front de gauche à la présidentielle et aux législatives.
Le M’PEP ne soutiendra aucun candidat ni aucun parti avant la tenue de son congrès début 2012.