
L´héritier d'Hugo Chavez (1954-2013) accuse le secteur privé de jouer la carte de la déstabilisation. Les accapareurs, spéculateurs, et autres "bourgeois parasitaires" seraient les seuls responsables des pénuries récurrentes et de l'inflation galopante. Selon la Banque mondiale, elle a atteint 5,1% en octobre, 45,8% depuis janvier, 54% au cours des douze derniers mois. Le président a annoncé son intention de fixer "un pourcentage maximal de profit".
"Ici, les lois s'appliquent et tous ceux qui ont été pris en flagrant délit de voler le peuple sont aujourd'hui en prison", a déclaré le chef de l'Etat dimanche soir. A la veille du week-end, il avait donné ordre à l'armée de prendre le contrôle des filiales de la chaîne d'électroménager Daka pour vendre la marchandise "à un prix juste".
M.Maduro avait lancé en direct sur toutes les chaînes de radio et de télévision :"Qu'il ne reste rien dans les étalages."
CINQ MAGASINS DE LA CHAÎNE DAKA PRIS D'ASSAUT PAR LA FOULE
Il a été pris au mot. Les cinq magasins de la chaîne ont été pris d'assaut par une foule de consommateurs décidés à tirer profit des prix cassés. Les bras chargés de fours à micro-ondes et de téléviseurs à écran plat, les clients arboraient samedi des visages radieux. Dans la ville de Valencia, à 170 km à l'ouest de Caracas, l'hystérie consommatrice a brièvement tourné au pillage. Dans plusieurs villes, la police a dû intervenir.
Le gouvernement accuse l'opposition "d'infiltrer les queues" devant les magasins et d'inciter à la violence. "Notre peuple, lui, ne pille pas", a affirmé M.Maduro.
Selon la procureure générale, 28 personnes ont été arrêtées en trois jours.
L'entreprise Daka – que beaucoup croyaient proche du régime – n'a pas été la seule cible de l'offensive gouvernementale. Ce week-end, militaires et inspecteurs ont également pris le contrôle de plusieurs autres magasins d'électroménager "Ce n'est que le début, la pointe de l'iceberg de ce que nous allons faire"., a déclaré M.Maduro, samedi soir.L'Assemblée nationale pourrait votercette semaine une loi autorisant le président à légiférer par décret.
"GUERRE ÉCONOMIQUE"
A un mois des élections municipales du 8 décembre, l'inflation domine le débatpolitique. Selon le gouvernement, elle est "induite" par les pratiques des chefs d'entreprise qui obtiennent des dollars au taux officiel de 6,2 bolivars pour un dollar et les revendent au taux parallèle, huit fois plus élevé. "Si nous n'avions pas affaire à une guerre économique, nous aurions une inflation de 16 % ou 18 %, peut-être moins", a affirmé M. Maduro.
Tout en admettant l'existence de pratiques spéculatives, l'opposition dénonce la démagogie des mesures gouvernementales, et leur inefficacité. Le président de l'organisation patronale Fedecamaras, Jorge Roig, s'est inquiété du climat de"chasse aux sorcières".
PAGES INTERNET BLOQUÉES
Le président a par ailleurs annoncé que les pages Internet qui donnent la valeur du dollar au noir seraient bloquées par le ministère de la science et de la technologie. Lundi soir, plusieurs d'entre elles étaient inaccessibles.
"Nous allons frapper à la porte des spéculateurs, des usuriers, traîtres à la patrie, qui reçoivent des dollars de l'Etat et vendent au prix qui leur chante", a déclaré dimanche le président de l'Assemblée nationale, Diosdado Cabello, en appelantses compatriotes à dénoncer, "preuves en main", les coupables. Les citoyens peuvent prendre des photos des prix affichés dans les magasins et les luicommuniquer par Twitter
Le président vénézuélien, Nicolas Maduro, a lancé, le 8 novembre, une offensive contre l'inflation. Dans le cadre de la "guerre économique" que mène, selon lui, l'opposition, il a annoncé, lundi 11 novembre, que le pouvoir populaire ("les conseils communaux, la jeunesse patriotique, les femmes, les unités debataille électorale) et la milice seraient mobilisés pour défendre la cause et "garantir la paix du pays".
Marie Delcas (Bogota, correspondante)