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Le PS et l’IHS-CGT
censurent Annie Lacroix-Riz et Michel Etiévent
A propos de la sécurité sociale et d’Ambroise Croizat
lundi 7 octobre 2013 
par  lepcf.fr 


 

 

 

 

 

 

 

Le 26 septembre 2013, la mairie de Paris avec l’IHS CGT (l’Institut d’Histoire Sociale) organisait un colloque en mémoire d’Ambroise Croizat. Alors que le PS travaille méticuleusement à la casse de la sécurité sociale (cette politique ne date toutefois pas d’aujourd’hui : rappelons-nous entre autres la CSG de Rocard, la réforme hospitalière de 1991, etc...), les deux principaux auteurs ayant travaillé sur le personnage d’Ambroise Croizat, son histoire et son action en tant que ministre des travailleurs, en ont été systématiquement écartés. Le plus scandaleux, c’est que l’IHS CGT a prêté son concours à cette odieuse manigance. Nous publions ci-dessous les réactions des protagonistes ainsi que quelques-uns de leurs nombreux soutiens (Michel Etiévent nous fait part de la réception de plus de 8.000 messages à ce jour).

Message de Michel Etiévent :

Alors que je travaille sur Ambroise Croizat depuis 30 ans (auteur des 2 seules biographies existantes sur le personnage, 219 conférences sur son œuvre et sa modernité en France en 2 ans pour la CGT, le PCF, les associations, les municipalités, les lycées, le front de gauche…, nombre incalculables d’articles dans les journaux dont l’Humanité, trois émissions sur France Inter (Là-bas si j’y suis avec Daniel Mermet et François Ruffin), plusieurs sur FR3, un film "De mémoires d’ouvriers" de Gilles Perret (5.000 entrées), bataille pour faire entrer Ambroise Croizat dans le dictionnaire Robert, pour le faire entrer dans le Larousse, dans les livres scolaires (depuis la rentrée 2013), sur les places, dans les noms de rues, sur les stèles…), je viens d’apprendre avec colère et étonnement que je ne figurais pas parmi les intervenants du colloque Croizat organisé par la Mairie socialiste de Paris en partenariat avec l’IHS CGT et le Comité "d’honneur" Ambroise Croizat.

 

Ne faut-il pas rechercher les motifs de cette éviction comme me le suggèrent de nombreux camarades atterrés par cet ostracisme et le choix des universitaires présents pour parler du ministre des travailleurs (le mot rappelle quelque chose aux communistes), dans la crainte des organisateurs de ma liberté de ton qui, ils le savent, me conduirait entre autres à m’interroger ouvertement et publiquement à la tribune de la mairie de Paris sur la politique sociale du gouvernement socialiste qui va à l’encontre de celle qui a porté et animé toute la vie et le combat d’Ambroise Croizat.

 

La casse de la Sécu et de l’œuvre du "ministre des travailleurs" continue et le gouvernement actuel (socialiste et ses ascendants) n’ont cessé de le faire. Ils se sont opposé dès le début à la sécurité sociale et à Croizat, ont refusé de voter le statut de la fonction publique, la nationalisation d’EDF-GDF ; ils ont continué avec la CSG de Rocard, les décrets de déremboursements et de casse hospitalière de Georgina Dufoix en passant aujourd’hui par l’ANI, la dégradation permanente de la protection sociale instauré par le CNR, la casse des retraites, la mort de l’hôpital public.

 

Il est certain que les universitaires choisis pour parler de Croizat ce jour-là ne risqueront pas de poser ces questions. La plupart affidés au PS vont tout bonnement se contenter de reprendre et redire mon travail en l’épurant, bien sûr. J’en connais certains, l’un (CNRS) ne connaissait pas l’œuvre de Croizat avant que dans un travail collectif je le lui apprenne.

 

L’autre sorti d’on ne sait où l’an dernier, reprend et se sert régulièrement de mon travail et rien d’autres. Tous viennent bizarrement d’apparaître (sans jamais avoir travaillé sérieusement sur Ambroise Croizat. Aucun n’a fait paraître de travaux sur le personnage) alors que nous ne les avions jamais entendus, alors qu’il n’ont jamais à aucun instant participé aux luttes que nous avons menées depuis des années pour la reconnaissance d’Ambroise Croizat.

 

Amitiés

 

Michel Etiévent


Autre message de Michel Etiévent

Dans une lettre adressée à tous (sauf à moi, évidemment...), l’IHS CGT tente confusément (et en des termes qui révoltent des centaines de copains), d’expliquer mon éviction en rajoutant au scandale de mon exclusion et de celles des communistes, un mensonge...

 

Contrairement à ce qui est dit dans cette lettre, non ! je n’ai jamais reçu aucune explication, je n’ai jamais été averti préalablement pour préparer le colloque, on ne m’a jamais téléphoné ou écrit pour la préparation de la journée, je n’ai jamais été associé à la conception du colloque par les trois organisateurs !

 

J’ai juste appris brutalement mon absence comme tout le monde, sans autre forme d’explication. Mais ce n’est pas la première fois que cette éviction est tentée, sans compter tous les rétentions d’information, le silence de mes actions, de mon travail, de mes multiples conférences, émissions de radio, de télé, de films sur Croizat, travaux pour faire entrer Ambroise dans tous les livres scolaires comme je viens de le faire en septembre 2013.

 

Il est dommage que des petits égoïsmes personnels viennent ainsi gâcher tout ce beau travail de réhabilitation de Croizat effectué depuis 20 ans par des milliers de militants de base.

 

Mais Je croyais ce genre de pratique disparue… Ce soir mardi, 5.000 mails de soutien, prises de paroles révoltées me sont parvenues. Je remercie tous ceux qui ont ainsi conservé le gout de la dignité que nous a enseigné Ambroise Croizat.

 

Michel Etiévent


Lettre d’Annie Lacroix-Riz
suite à nos deux évictions politiques du colloque Croizat

Lettre d’Annie Lacroix-Riz, spécialiste de l’histoire du mouvement ouvrier, ulcérée par notre éviction politique (la sienne et la mienne) du colloque "Croizat" organisé par la mairie de Paris, du comité "d’honneur" Ambroise Croizat, l’IHSCGT National, au profit d’universitaires découvrant soudainement Croizat et peu enclins à poser les vraies questions de la casse quotidienne de son œuvre... (je ne savais malheureusement pas qu’Annie avait elle aussi été évincée.

 

Si je l’avais su, je l’aurais évidemment, comme mes nombreux amis choqués, fortement associée à toutes mes protestations.


« J’ai signalé le 14 septembre cette éviction particulièrement choquante à Catherine Vieu-Charier, avec laquelle j’ai participé, ce jour-là, à un débat sur le CNR à la fête de l’Huma – je lui ai également précisé que j’étais étonnée de ne pas avoir été invitée, alors que j’avais largement traité d’Ambroise Croizat, en tant que ministre du Travail – précisément le sujet dudit colloque –, et de sa politique des salaires dans ma thèse d’État [« CGT et revendications ouvrières face à l’État, de la Libération aux débuts du Plan Marshall (septembre 1944-décembre 1947). Deux stratégies de la Reconstruction », 4 vol. (2 de texte : 1215 p., 2 de notes : 978 p. + table des matières, index et errata), Paris I, 7 novembre 1981], dans un ouvrage tiré de cette thèse, La CGT de la Libération à la scission (1944-1947), Paris, Éditions Sociales, 1983, 400 p., et dans plusieurs articles universitaires, parmi lesquels le suivant : « Un ministre communiste face au problème des salaires : l’action d’Ambroise Croizat de novembre 1945 à mai 1947 », Le mouvement social, avril-juin 1983, p. 3-44).

 

 

Certes, ce sont des travaux anciens, mais dont l’étai archivistique demeure solide. Il ne fait aucun doute que Michel (Etiévent) et moi-même avons consacré autant ou plus de volume de nos travaux (avec consultation des archives correspondantes) que les universitaires qui ont pratiqué cet ostracisme.

 

Mais il n’est pas besoin de mettre des guillemets à « universitaires » : ce sont en effet des universitaires de plein exercice, œuvrant dans un contexte de droitisation et d’exclusion fatals à la curiosité historique et à l’histoire dite critique, atmosphère régnant de longue date (voir mon ouvrage L’histoire contemporaine toujours sous influence).

 

Catherine a invoqué la maîtrise du choix des participants par le « comité scientifique » du colloque – constitué de mes collègues universitaires qui, m’ayant évincée de tout, n’avaient aucune raison de changer d’attitude. À ce sujet, je suis d’ailleurs surprise que Michel, certes légitimement ulcéré par sa mise à l’écart, n’ait pas pensé à m’associer dans la protestation, alors que j’ai immédiatement réagi à son éviction.

 

Je transmets le présent courriel à la JC de Paris, organisatrice du débat évoqué ci-dessus, à Catherine et à son cabinet à la mairie de Paris (son directeur de cabinet était présent au débat de la JC), ainsi qu’à Élyane Bressol, présidente de l’IHS de la CGT, qui a sans doute, comme annoncé, ouvert le colloque tenu jeudi dernier 26 septembre.

 

Je le communique également à mes collègues Michel Margairaz et Michel Dreyfus, qui ont contribué à ce colloque sur « l’action » d’Ambroise Croizat, « négligée par la recherche historique » (les thèses d’État étant désormais exclues de la catégorie ?) et dont j’ai, à cette occasion, appris qu’ils étaient devenus "spécialistes" d’« Ambroise Croizat, ministre du Travail ».

 

Amitiés (à tous),

 

Annie Lacroix-Riz

Tag(s) : #Histoire
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