Le Vatican et les nazis (1/2)
par Gilles Bonafi
La Commission des Crimes de Guerre de Yougoslavie, en 1946, aboutit à l’accusation d’une demi-douzaine de prêtres oustachis, parmi lesquels l’ancien franciscain Miroslav Filipovic-Majstorovic, commandant du camp de concentration de Jasenovac.
Ante Pavelic le Führer Croate chef des Oustachis surnommé « le boucher de dieu » et responsable de la mort de 840 000 êtres humains (juifs, orthodoxes, tsiganes, communistes) se cacha au Vatican après la guerre, déguisé en prêtre catholique.
Un rapport déclassifié (12 septembre 1947) du Counter Intelligence Corps, le CIC, les services secrets de l’armée américaine à Rome, prouve aujourd’hui qu’Ante Pavelic était caché par l’Eglise.
Le Vatican le fit passer ensuite en secret de Rome à Buenos Aires, vers le régime fasciste de Peron. Lors du décès de Pavelic, en décembre 1959, le pape Jean XXIII prononça personnellement la bénédiction à son égard.
Des filières d’exfiltrations appelées « Ratline » furent en effet mises en place par le franciscain Krunoslav Draganovic qui était un membre du mouvement oustachi afin de protéger les criminels de guerres nazis ou fascistes en se servant de l’or amassé par Ante Pavelic.
L’agent Emerson Bigelow de l’OSS fit un rapport le 21 octobre 1946 concernant un chargement d’or d’une valeur de 200 millions de francs suisses venant de la Banque Nationale de Croatie qui devait servir à financer ces filières.
Source : U.S. News and World Report, A Vow of silence p 36, 30 mars 1998.
En plus de Pavelic, Adolf Eichman, Klauss Barbie, Josef Mengele, Franz Stangl (commandant des camps d’extermination de Sobibor et de Treblinka) pour les plus connus bénéficièrent de la filière « Ratline ».
La plupart des criminels nazis et oustachis furent exfiltrés vers l’Argentine où ils mirent en place les escadrons de la mort qui, avec l’aide de la CIA, furent chargés d’assassiner les activistes communistes.
Par exemple, Stangl a avoué que c’est l’évêque Mgr. Alois Hudal lui-même qui lui a fourni un logement, de l’argent et les papiers qui lui permettront ensuite de partir en Syrie
Source : Gitta Sereny, « Au fond des ténèbres », Paris, Denoël pp. 311-314.
La plupart des catholiques ne sont pas au courant de cela et dans leur grande majorité, ils étaient contre le racisme et les massacres. En effet, le 14 mars 1937, Pie XI publia l’encyclique «Mit brennender Sorge», condamnant le paganisme et le racisme qui révulsa Hitler et une partie de la haute hiérarchie catholique.
Le point culminant du conflit entre Pie XI, Hitler et Mussolini fut atteint en février 1939, lorsqu’à l’occasion du dixième anniversaire des accords du Latran, le pape convoqua tous les évêques d’Italie (le 11 février exactement) pour leur lire un discours dénonçant les guerres à venir et les persécutions raciales de l’Allemagne et de l’Italie.
On l’assassina le 10 février, la veille de son discours.
D’après le cardinal Eugène Tisserant, ce sont Hitler et Mussolini qui firent assassiner Pie XI. Eugène Tisserant était un anti-nazi notoire dont les contacts fréquents avec le directeur de la Surveillance du territoire (DST), Roger Wybot, étaient connues et qui, de plus, était protégé par un agent du contre-espionnage français, Jacques de Pressac.
Roger Faligot, Jean Guisnel, Rémi Kauffer, Renaud Lecadre, dans « Histoire secrète de la V e République » (Paris, La Découverte, 2006), aux pages 603-607 écrivent:
« Le cardinal (Tisserant) avait été affecté en 1917 comme lieutenant au 4e bureau de l’état-major du détachement français de Palestine. Sa connaissance des langues orientales et de la région, où il avait étudié dix ans plus tôt, le fit passer au 2e bureau et à la tête d’un peloton de spahis. »
Ancien officier des services secrets français et cardinal, il savait donc de quoi il parlait.
Source : http://www.cf2r.org/fr/notes-historiques/penetrations-du-bloc-de-est-au-vatican.php
De plus, Tisserant avait été nommé en 1957 gardien des archives secrètes du Vatican et préfet de la bibliothèque Vaticane. Il était donc particulièrement informé et connaissait la plupart des secrets de l’église.
Il déclara à la presse française en janvier 1972 que Pie XI avait été empoisonné par le médecin du Vatican qui était aussi le père de Clara Petacci, la maîtresse de Mussolini. Etrangement, Eugène Tisserant est mort quelques semaines plus tard, le 21 février 1972 exactement.
Dans leur livre « Le roman du Vatican secret » Baudouin Bollaert, Bruno Bartoloni confirment cette affirmation. Ancien rédacteur en chef au Figaro, maître de conférences à Sciences Po et à Paris II, Baudouin Bollaert a vécu six années à Rome comme correspondant permanent du Figaro, d’Europe 1 et de La Libre Belgique. Bruno Bartoloni a été correspondant de l’Agence France-Presse au Vatican pendant de longues années. Aujourd’hui, ce journaliste italien de renom suit l’actualité du Saint-Siège pour le Corriere della Sera et Paris Match.
Paris Match publia les révélations posthumes de Tisserant dans son numéro 1201 Du 13/05/1972.
Source : http://gillesbonafi.skyrock.com/2862553650-Pie-XI-a-ete-assassine.html