Le Vénézuela passe devant l'Argentine
comme pays ayant
le salaire minimum le plus élevé d'Amérique latine
Article AC pour http://www.solidarite-internationale-pcf.fr/
Une bonne nouvelle, à prendre avec des pincettes. Depuis le début de l'année, le Vénézuela – engagé dans un processus contradiction de construction du socialisme – est le pays d'Amérique latine qui a nominalement le salaire minimum le plus élevé d'Amérique latine.
En dix ans, le gouvernement de la République bolivarienne du Vénézuela a multiplié le salaire minimum par quatre : passant de 180 $ en 2004 à 770 $ en décembre 2014.
70 % d'augmentation du salaire minimum depuis le début de l'année
C'est le premier constat que l'on peut faire après que le président vénézuelien Nicolas Maduro a accordé une augmentation de 15 % du salaire minimum en novembre 2014. Cela suit deux hausses de 10 et 30 % de l'année, ce qui équivaut à une hausse sur l'année approchant les 70 %.
Comme le notait le journal argentin La Nacion (3 février 2014), le Vénézuela a dépassé depuis le mois de janvier l'Argentine – après sa dévaluation du peso – comme pays bénéficiant du salaire minimum le plus élevé d'Amérique latine : 448 $ pour l'Argentine, contre 519 $ pour le Vénézuela.
Ceci est un symbole fort.
L'Argentine est historiquement le pays le plus riche d'Amérique latine, une vieille économie industrielle qui fut un temps (en 1945), la 5 ème économie du monde. Le Vénézuela était historiquement un des pays les plus pauvres du continent, malgré le pétrole.
Les choses changent. Ce qui est proclamé par le gouvernement vénézuelien depuis l'an dernier est désormais confirmé par la presse latino-américaine.
Le Vénézuela devance dans l'ordre l'Argentine, le Paraguay, le Chili, l'Equateur, le Brésil, le Colombie, le Pérou et la Bolivie, qui ferme la marche avec un salaire minimum de 200 $.
Le président Maduro a insisté sur la rupture avec la période d'avant la Révolution:
« Avant la Révolution, les présidents se demandaient comment ils pourraient prendre dans la poche des travailleurs pour le donner aux élites (…) Aujourd'hui, les revenus sont mis à la disposition de la majorité pour la santé et la prospérité ».
« Si on y ajoute en 2014 l'augmentation du ticket d'alimentation, en termes réels, j'ai décrété une augmentation de 68 % sur l'année, pour faire face à la guerre indirecte menée contre nous (…) Qu'ils continuent à mener cette guerre, nous continuerons à avancer ».
Les syndicats critiques : quel sens dans un pays qui connaît l'inflation galopante, le double système monétaire ?
Toutefois, les syndicats sont moins enthousiastes. Face à l'inflation galopante, l'augmentation du salaire minimum permet au mieux d'éviter une baisse du pouvoir d'achat. Face au double système monétaire qui s'installe, le salaire minimum impressionnant Vénézuela est remis en doute.
La secrétaire-générale de l'UNETE (Union nationale des travailleurs), Marcela Maspero, a ainsi exprimé « les doutes que j'ai, des doutes importants, car on sait pas si on nous parle d'un salaire sur un taux de change de 1 $ pour 6.30, 12, ou pour le SICAD II, ou le dollar parallèle ».
Des doutes partagés par de nombreux observateurs. Si on reste au taux de change officiel de 1 $ pour 6.30 bolivar, le Vénézuela est de loin le 1er pays d'Amérique latine pour son salaire minimum.
Toutefois, la réforme monétaire imposée par Maduro en 2014 a créé d'autres niveaux de change.
Le niveau SICAD I pour la fourniture restreinte de dollars dans les opérations d'import-export, est à 1 $ pour 10 bolivars ; le niveau SICAD II, soumis à l'offre et à la demande, avec un plafond fixé entre 20 et 50 bolivars. Actuellement, la demande de dollars est telle que le plafond est atteint à 49,9 bolivars, révélant la défiance massive envers la monnaie locale.
Sur le marché parallèle, au cours de l'année, le taux de change du bolivar a varié entre 1 $ pour 25 bolivars, jusqu'à 1 $ pour 100 bolivars. A de tels taux de change, en prenant compte d'une inflation comprise cette année entre 60 et 70 %, on comprend les doutes des syndicats.
Quoi qu'il en soit, tout en restant critiques sur la réalité contradiction du Vénézuela contemporain dans sa voie vers le socialisme, cette nouvelle peut nous raffermir dans notre conviction que l'avenir est au socialisme, en Amérique latine comme en Europe.