LES CRIQUETS, « L’HOMME » et le FMI
par Jean LEVY
Les « matinales » de France Inter, le samedi et le dimanche, de 7 à 9 heures, sont réservées à des entretiens qui se veulent « philosophiques ». Foin de la politique, c’est bon pour les jours ouvrables. Le week-end, les infos sont réduites au minimum. Les auditeurs ont besoin de souffler un peu, une « grasse matinée de l’esprit », en somme.
Ils ont le temps, avec Stéphane Paoli, de s’interroger avec la radio publique sur les grands problèmes de notre temps.
Aujourd’hui, 25 avril, est invité Marc AUGE, anthropologue et ethnologue, Directeur du Centre d’études des mondes contemporains à l'EHESS, afin de« nous parler des grandes étapes, passages de l’humanité : du cru au cuit, la sédentarisation, la mise en réseau de l’économie », pour reprendre les propres terme de France Inter. Chacun mesure ainsi la profondeur des propos tenus et la hauteur des réflexions, issues d’un tel sujet. Cela nous changeait de la mesquinerie des informations terre à terre, touchant les questions sociales, le chômage et les luttes du peuple grec pour sa survie.
Aujourd’hui, donc, le débat a porté sur le passage dévastateur de nuées de criquets, détruisant, au siècle dernier, en quelques heures les récoltes africaines, nécessaires à l’alimentation annuelle de millions d’Ethiopiens ou d’autres peuples du Sahel. Et de s’apitoyer sur le triste sort de ces populations réduites à la famine du fait des criquets. Mais Stéphane Paoli s’interroge gravement : « ‘L’Homme’ ne serait-il pas aussi responsable de catastrophes plus vastes encore ? ». Et de disserter sur les imprudences de ‘L’Homme’, son inconscience, son rôle déterminant dans les bouleversements de la nature…’L’Homme’ en question, c’est le quidam sans nom, impersonnel. ‘L’Homme’ de la rue, sans visage, c’est, bien sûr, vous ou moi. Ce ne sont pas les hommes politiques au pouvoir, qui décident à notre place, de notre futur, de celui de l’humanité. C’est encore moins les hommes qui détiennent les leviers économiques de notre société, ceux qui décident du cours du blé, du riz, du coton, de l’acier ou du pétrole, ceux qui spéculent sur tout, et spécialement sur les richesses et les cultures des peuples, par ailleurs, victimes des criquets.
Donc, dans cet échange matinal de haute tenue, deux responsables de nos malheurs ont été désigné : le criquet et ‘L’Homme’.
Pas le FMI, pas l’Union européenne : demandez à nos amis grecs, ce qu’ils en pensent !