REPRIS SUR
BANDERA ROSSA
Les sortilèges des médias
Généralités
Nous avons prédit aux rebelles syriens ce qui les attendait si leur « Sainte-Révolution » triomphait : un pourboire et des coups de pied.
Nous nous sommes trompés. Le conflit na pas encore pris une tournure décisive que les rebelles syriens reçoivent des coups de pied de l'armée syrienne, sans en recevoir de pourboire de leurs patrons atlantiques et arabiques.
En ce qui concerne les coups de pied, la « Grande bataille de Damas » sest finie en une grande défaite des rebelles, alors que des milliers parmi eux ont péri dans les derniers affrontements, et larmée syrienne sest avancée vers leurs bastions à Daria et a détruit leurs arrière-rangs, sécurisant ainsi la capitale Damas.
Quant au pourboire, le président américain Barack Obama a avoué, récemment, une certaine hésitation quant à savoir si les États-Unis doivent, ou ne pas, intervenir en Syrie. Il a expliqué être “aux prises” avec cette décision ; sans donner de réponse [1] !
Les différents discours sur le conflit syrien
Dès le premier jour de la crise syrienne, la propagande atlantique impérialiste et celle arabique réactionnaire présentaient le conflit en Syrie comme conflit entre régime et opposition, ou comme conflit de pouvoir. Beaucoup décrivains, dintellectuels, dartistes et de journalistes se précipitèrent délibérément pour réserver leur place dans le train de la campagne médiatique contre la Syrie.
Parmi eux, nous trouvions des noms célèbres de lintelligentsia arabe et occidentale. Des poètes, des romanciers, des artistes, des chanteurs, des musiciens, des académiques, des professeurs, des hommes de droit, mais aussi des médiums, des charlatans, des clairvoyants, des faquirs, des prophètes, des derviches et des ensorceleurs, tout eut écrit des milliers danalyses et de critiques, denquêtes et de reportages sur la prétendue « révolution syrienne » ; ceci entraîna d’abord la métamorphose de la soi disant « révolution » en la Sainte-Révolution syrienne, puis son élévation au rang des Archanges, enfin son apothéose pour ainsi dire en lÂme éternelle de toutes les révolutions sociales de lhistoire humaine, depuis la Révolte des Esclaves de Spartacus, en 109 71 (av. È.C.), jusquà la Révolution des Roses de monsieur Saakachvili, en 2003 (É.C.) !
Quelle farce ! Quelle misère !
Parmi ce groupe de fakirs et de derviches, nous trouvions des noms célèbres tels que Christophe Barbier, Alain Gresh et Bernard-Henri Lévy, des figures héroïques dans le Sefer [2] de la campagne médiatique contre la Syrie.
Parallèlement à ce groupe, se formait un autre dont les membres, étant tombés victimes de la propagande impérialiste contre la Syrie, se furent mis à l’écart et eurent observé le silence et la neutralité. Parmi ceux-ci, nous distinguions deux sous-groupes : ceux qui préférèrent la neutralité parce quils étaient éblouis et brouillés par la propagande impérialiste, et ceux qui la choisirent parce quils attendaient que la poussière des combats entre larmée syrienne et les groupes armés sécartât.
Face à ces deux groupes, se démarquaient ceux qui, dès le début de la guerre impérialiste, se précipitèrent pour défendre la Syrie, pour décortiquer et contrecarrer la propagande atlantique et arabique réactionnaire, pour redresser la vision de lopinion publique vers la boussole quest toujours la résistance face à limpérialisme, pour démasquer enfin ces loups qui se prenaient et que lon prenait pour des moutons ; pour montrer que leurs bêlements ne faisaient que répéter, dans un langage de « démocratie » et de « droits de lhomme », le discours idéologique des puissances impérialistes ; pour montrer aussi, dans un autre domaine, que les fanfaronnades des hâbleurs du prétendu « Printemps arabe », réduits en une bande de « vicaires » aux grands salons de la Sainte-Alliance, ne faisaient que refléter des actes dérisoires des échecs continus de la guerre impérialiste contre la Syrie.
Il était du devoir des membres de ce groupe de montrer que le conflit fut en effet « entre la patrie et ses ennemis, entre le peuple et les tueurs criminels, entre le citoyen, son pain, son eau, son réchauffement, et celui qui les en privait, et entre la sécurité et la peur [3] », comme l'expliqua bien le président Assad.
Les sortilèges de monsieur Jean-Baptiste Jeangène Vilmer
Dans un de ses numéros, Le Devoir, un journal prestigieux au Québec, publia un articler écrit par monsieur Jean-Baptiste Jeangène Vilmer [4], dénonçant, comme il nous fit croire au début, les crimes contre lhumanité commis, selon lui, par les deux parties du conflit syrien, les « insurgés » et le régime.
Jusquà ce point, nous demeurâmes affriolés par les bonnes intentions de monsieur Vilmer ainsi que par sa bienséance ; et il ne nous resta quà réclamer, avec monsieur Pangloss, que « tout allait bien dans le meilleur des mondes possibles [5] ».
Or, en dépit de cet optimisme candide au départ, il fallut, à la fin, ajouter le nom de monsieur Vilmer au premier groupe mentionné ci-devant, car monsieur Vilmer eut fabriqué dans son article intitulée « Lutter avec des monstres sans en devenir un soi-même » [6], grâce à une formule alchimique, une certaine justification sous-entendue des actes de barbarie et de terreur, des massacres et des carnages systématiques menés par les mousquetaires de la Sainte-Révolution syrienne contre leurs adversaires, civils ou militaires ; et cela sous prétexte qu « en Syrie, malgré leurs crimes, les insurgés sont un moindre mal, et il faut les aider [7] ».
Quel argument ! Quelle synthèse !
ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie ! [8]
Pourtant, cette formule alchimique inventée par monsieur Vilmer ne fut en effet quun sortilège qui servit à ouvrir une séance de sorcellerie tout au long de son parchemin en alchimie politique. Plus loin, il jeta un sortilège et transforma en un clin doeil les jihadistes dal-Qaïda en des saints révolutionnaires « motivés » par le « droit légitime » de « l'autodétermination » ; et le président Assad, qui profite du support de la majorité du peuple syrien, en un « dictateur » assoiffé de sang.
Voyons comment monsieur Vilmer charlatana à ce propos.
Dabord, il ouvre son grandissime article par une citation de Nietzsche : « Quand on lutte avec des monstres, on doit veiller à ne pas devenir soi-même un monstre. Quand tu fixes longtemps ton regard dans labîme, labîme fixe aussi son regard en toi ».
Cette citation sert, comme le souhaita bien lauteur de larticle, à donner une légitimité et une valeur académique à ce quil dirait plus loin dans le texte. Cest la Fatiha de son discours, abracadabra de son parchemin, le sortilège de sa nouvelle invention. Puis, il se précipite à conclure a priori, sans argumentation aucune, sans documentation aucune ni référence de sources, que l'autre partie de léquation du conflit syrien, c’est-à-dire le gouvernement syrien, est « un adversaire pire que soi ».
Ensuite, il se jette dans l'affirmation des crimes atroces commis par les « insurgés » syriens, il en narre quelques uns, référés à lObservatoire syrien des droits de lhomme (OSDH) :
C'est le défi auquel font face les rebelles syriens, pour linstant avec relativement peu de succès comme en témoigne lObservatoire syrien des droits de lhomme (OSDH) en diffusant à deux jours dintervalle des vidéos montrant des exactions commises par les deux camps. La première, tournée et mise en ligne le 1er novembre, montre un groupe dune dizaine de soldats de larmée régulière, capturés, allongés sur le sol, roués de coups de pieds puis exécutés sommairement à la mitrailleuse par les rebelles [9].
Arrivant à ce que lon croyait être argumentation, nous ne trouvâmes que la rhétorique, voire la déception ; et la thèse de monsieur Vilmer, qui commença par un «tu quoque [10] » se finit ironiquement en une synthèse de sorte de « bene dicendi scientia [11] » avec le paragraphe suivant :
Ce constat récurrent, quune guerre est toujours sale et que des crimes sont commis des deux côtés, ne doit pas pour autant nous faire sombrer dans un relativisme cynique qui égaliserait toujours les deux parties.
Car les crimes commis par les insurgés libyens et syriens ne sont pas comparables à ceux commis par Kadhafi et Assad, ni dans leur ampleur ni dans leur raison dêtre, puisquils sont motivés par le droit légitime dun peuple à sautodéterminer, non par le désir dun dictateur de se maintenir au pouvoir. Ces différences ne les excusent pas pour autant : il faut les condamner avec la même fermeté.
Mais elles expliquent que lon doive malgré tout soutenir les insurgés [12].
Premièrement, en jetant ses sortilèges à propos de Kadhafi et du président Assad, comme il le fit dans cette phrase « ... non par le désir dun dictateur de se maintenir au pouvoir », monsieur Vilmer najouta rien de nouveau, ninventa rien dauthentique, car tout eut été déjà dit, tout eut été déjà inventé à propos des dictateurs et des despotes du monde arabe, de leurs désirs bestiaux et de leurs passions mondaines, de leur soif de sang, de leur harem et de leurs grands sérails, tout eut été imaginé et fantasmé par le discours de lÉglise au Moyen-âge, le discours orientaliste au XIXe siècle, et le discours colonialiste et impérialiste aux XXe et XXIe siècles ; rien de nouveau, rien doriginel, depuis La Chanson de Roland jusquau dernier parchemin de monsieur Vilmer, ni même cette attitude quil se donne, dans son article, à condamner, à punir, à pardonner, à psalmodier, à offrir sa clémence lorsquil hurla du haut du ciel : « ... il faut les condamner avec la même fermeté. Mais elles expliquent que lon doive malgré tout soutenir les insurgés ».
O Éternel ! quand tu sortis de Séir, quand tu t’avanças des champs d’Édom, la terre trembla, et les cieux se fondirent, et les nuées se fondirent en eaux [13].
Cependant, il nous reste à nous demander de quel « droit légitime » parla-t-il, notre bourgeois gentilhomme [14] ?
À quelle époque vivait-il lorsquil transcrit son parchemin, si ce nétait pas à celle de José Arcadio Buendia [15] ? Dans quel grenier inventa-t-il ses formules jurisprido-politico-philolo-alchimico-nigologiques [16], si ce ne fut pas dans celui de Melquiades [17] ? Neut-il pas lu les reportages publiés par les médias monopoles sur lomniprésence croissante des combattants dal-Qaïda en Syrie, surtout le Front al-Nosra [18], avant quil ne nous eût ensorcelés par son sortilège ?
Examinons ce que l'agence Reuters a publié apaisante et pertinente :
The rise of al Qaeda’s affiliate in Syria, al-Nusra Front, which the United States designated a terrorist organisation last week, could usher in a long and deadly confrontation with the West, and perhaps Israel [19].
La montée du Front al-Nusra en Syrie, un groupe affilié à al-Qaïda et libellé terroriste la semaine dernière par les États-Unis, pourrait ouvrir la voie à une longue confrontation meurtrière avec l’Occident, et peut-être avec Israël (t.d.a).
Pourtant, monsieur Vilmer décida, tout en référant encore à Nietzsche, de choisir « entre le préférable et le détestable », et il avoua qu « une guerre était toujours sale », et cela dans le but de justifier, volontairement ou naïvement peu importe , le financement et larmement des « insurgés » syriens par les pays atlantiques et arabiques ; ces mêmes « insurgés » qui commettent des carnages et des actes de terreur, qui tuent des enfants, égorgent des femmes, enlèvent des hommes et les liquident, sous prétexte quils « collaborent » avec le régime !
Peu importe que l'on tue, que l'on égorge, que l'on enlève et que lon torture, tout cela peu importe, car « une guerre est toujours sale », il faut toujours choisir le « préférable » et non pas le « détestable » !
Écoutons, monsieur Vilmer psalmodier :
La structure de lévaluation humaine, expliquait aussi Nietzsche, est toujours différentielle : choisir A est toujours choisir A plutôt que B, dans un certain contexte. « Ce nest jamais la lutte entre le bien et le mal, disait également Aron, cest le préférable contre le détestable. Il en est toujours ainsi, en particulier en politique étrangère. »
Cette éthique réaliste est celle du moindre mal.
Aujourdhui en Syrie, et en dépit de leurs crimes, les insurgés sont ce moindre mal [20].
Ainsi, les groupes affiliés à al-Qaida en Syrie deviennent pratiquement, et dans la réalité objective, les « préférables », et le régime syrien qui les confronte devient le « détestable » !
Aie pitié de moi, Seigneur, car je suis abattu ;
Guéris-moi, Eternel, car mes membres sont en désarroi,
Mon âme est bien troublée [21].
Quant à nous, si le choix est ainsi limité entre le « préférable » et le « détestable », selon les calculs et les équations de monsieur Vilmer, nous choisissons, sans hésitation aucune, le « détestable » contre le « préférable » !
Ce que monsieur Vilmer ignore naïvement ou volontairement
Je me demandais si monsieur Vilmer eut pris la peine de feuilleter les journaux, non ceux libellés alternatifs et résistants, mais bien plutôt ceux libellés monopoles, voire les porte-parole de la guerre impérialiste contre la Syrie, avant quil nous eût ensorcelés avec ses sortilèges sur la Syrie.
primo, le journal américain The New York Times a indiqué la croissance des jihadistes en Syrie, qui est devenue un aimant attirant tous les islamistes dal-Qaïda :
The evidence is mounting that Syria has become a magnet for Sunni extremists, including those operating under the banner of Al Qaeda. An important border crossing with Turkey that fell into Syrian rebelshands last week, Bab al-Hawa, has quickly become a jihadist congregating point [22].
Les preuves que la Syrie est devenue un aimant pour les extrémistes sunnites saccumulent, y compris ceux qui opèrent sous la bannière dal-Qaïda. Un important passage de frontière avec la Turquie, Bab al-Hawa, qui fut tombé dans les mains des rebelles syriens, la semaine dernière, devint rapidement un point de rassemblement pour les jihadistes (t.d.a.).
secundo, dans un reportage du journal britannique The Guardian la réalité sur le terrain devient plus obscure, lorsque le lecteur se rend compte que les soi disant « manifestations pacifiques », nétaient, en effet, quune fabrication médiatique, et que la Syrie est gravement infestée par des milliers de combattants dal-Qaïda :
... But these were not average members of the Free Syrian Army. Abu Khuder and his men fight for al-Qaida. They call themselves the ghurabaa, or strangers, after a famous jihadi poem celebrating Osama bin Ladens time with his followers in the Afghan mountains, and they are one of a number of jihadi organisations establishing a foothold in the east of the country now that the conflict in Syria has stretched well into its second bloody year ;
Almost every rebel brigade has adopted a Sunni religious name with rhetoric exalting jihad and martyrdom ;
Religion is a major rallying force in this revolution [23] ;
Abu Omar gave an order in Arabic, which was translated into a babble of different languages Chechen, Tajik, Turkish, French, Saudi dialect, Urdu [24].
... Mais ceux-ci nétaient pas de combattants moyens de lArmée syrienne libre. Abu Khuder et ses hommes guerroient pour al-Qaïda. Ils se font appeler les ghurabaa, ou les « étrangers », daprès un poème jihadiste célèbre, qui fait léloge des jours quavait passés Oussama Bin Laden avec ses partisans dans les montagnes afghanes ; ils font aussi partie de nombreuses organisations jihadistes qui ont déjà établi un point dappui à lEst du pays, maintenant que le conflit en Syrie entre sa deuxième année sanglante.
Presque chaque brigade rebelle sunnite a adopté un nom religieux de la rhétorique exaltant le djihad et le martyre ;
La religion est une force importante de ralliement dans cette révolution.
Abou Omar a donné un ordre en arabe qui fut traduit en un babillage de différentes langues en tchétchène, en tadjike, en turc, en français, en dialecte saoudite et en ourdou (t.d.a.).
tertio, le journal étatsunien The Independent a publié un reportage sur le rôle du califat turc et des émirats et sultanats arabiques dans la transportation massive darmes vers le territoire syrien. Évidemment, ceux qui bénéficient de cet arsenal sont des combattants dal-Qaïda et non pas des moines aux robes blanches :
Syrian rebels are being armed by Saudi Arabia and Qatar, The Independent has learnt, in a development that threatens to inflame a regional power struggle provoked by the 15-month-old uprising against the Assad regime.
Rebel fighters from the Free Syrian Army (FSA) have received weapons from the two Gulf countries, which were transported into Syria via Turkey with the implicit support of the countrys intelligence agency, MIT, according to a Western diplomat in Ankara [25].
The Independent a appris que les rebelles syriens sont armés par lArabie saoudite et le Qatar, ce qui entraine en effet un développement menaçant dincendier un conflit de pouvoir régional, provoqué depuis 15 mois par le soulèvement contre le régime Assad.
Les rebelles de lArmée syrienne libre (ASL) ont reçu, de deux pays arabes du Golfe, des armes qui ont été transportées vers la Syrie à travers la Turquie dont les services de renseignement, MIT, appuient implicitement de telles opérations, selon un diplomate occidental à Ankara (t.d.a.).
Un reportage publié dans le journal allemand Der Spiegel a indiqué que des milliers de Syriens sétaient enfuis vers le Liban, pas nécessairement par peur de 'larmée syrienne, mais bien plutôt dû aux attaques menées par les troupes rebelles de la soi disant « révolution » syrienne. Le reportage a aussi souligné comment la minorité chrétienne de la Syrie souffre des attaques des groupes armés rebelles :
... the women described what happened to their husbands, brothers and nephews back in their hometown of Qusayr in Syria. They were killed by Syrian rebel fighters, the women said murdered because they were Christians, people who in the eyes of radical Islamist freedom fighters have no place in the new Syria [26].
... les femmes ont décrit ce qui est arrivé à leurs maris, frères et neveux dans leur ville natale de Qusayr en Syrie. Ils ont été tués par des combattants rebelles syriens, disent-elles, ils ont été assassinés parce quils étaient chrétiens, et parce que, selon les combattants islamistes radicaux de la liberté, ils nont pas de place dans la nouvelle Syrie (t. d. a.).
Tout ce que nous indiquons ci-devant, monsieur Vilmer ne le nie pas ; au contraire, il laffirme, comme il écrit :
« Ce nest ni la première ni la seule occurrence de crimes commis par les rebelles. Cela fait des mois que les organisations de défense des droits de la personne mettent en évidence que des crimes de guerre sont commis des deux côtés. Comme cétait déjà le cas en Libye [27] ».
Ainsi, monsieur Vilmer « avouait qu’il avait toujours horriblement souffert ; mais ayant soutenu une fois que tout allait à merveille, il le soutenait toujours, et n’en croyait rien [28] ».
Discours de M. Vilmer ou Misère de la misère
Dans une série darticles, libellée « Discours de la misère » et publiée par le Centre de recherche sur la mondialisation [29], nous avons décortiqué le discours philanthrope de Christophe Barbier [30] et d'Alain Gresh [31] sur le prétendu « Printemps arabe » et le conflit syrien.
Cette série a été suivie dune autre, libellée « Misère du discours », où nous avons contrecarré les fantaisies militaires de BHL [32] à propos de la guerre en Syrie, ainsi que la parodie du Conseil national syrien (CNS) [33].
Or, il nous semble ici quune nécessité se présente à initier, avec larticle de monsieur Vilmer, une nouvelle série libellée cette fois-ci « Misère de la misère », car la misère discursive atteint, ici, son summum avec l'appel qu'avait lancé monsieur Vilmer à armer les « insurgés », ce qui entraîne à armer effectivement le Front al-Nusra, affilié à al-Qaïda, dont les combattants constituent seuls, et seulement seuls, la majorité des groupes armés en Syrie.
Voici ce que monsieur Vilmer réclame avec un ton héroïque, plus héroïque que celui de Hector devant les murailles de Troie :
« Il faut donc les soutenir, et même le faire de manière plus décisive, en leur livrant des armes lourdes pour hâter lissue de ce qui est en train de devenir une guerre dusure (...) Reconnaître que la nouvelle coalition de lopposition syrienne est « la seule représentante du peuple syrien » et lui livrer rapidement des armes – clandestinement sil le faut – est la seule manière de précipiter la fin de cette guerre qui, en vingt mois, a déjà fait près de 40 000 victimes [34] ».
Bravo Vilmer ! Félicitations al-Qaïda !
Sois transportée dallégresse, fille de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici, ton roi vient à toi ; Il est juste et victorieux, Il est humble et monté sur un âne, sur un âne, le petit dune ânesse [35].
En guise de conclusion, nous rappelons que la nouvelle coalition de lopposition ne contrôle rien sur le terrain, et que le Front al-Nusra constitue le fer de lance de lopposition armée ; cela se confirme jour après jour ; ce qui a poussé le président américain Barack Obama à avouer, comme nous l'avons indiqué au début, une certaine hésitation quant à savoir si les États-Unis doivent, ou ne pas, intervenir en Syrie. Il a expliqué être “aux prises” avec cette décision ; sans donner de réponse [36], car parfois, il vaut mieux se taire que de dire nimporte quoi !
Fida Dakroub, Ph.D
Blog officiel de l'auteur : www.fidadakroub.net
Notes
http://www.lepoint.fr/monde/syrie-l-opposition-reclame-de-l-aide-et-des-armes-28-01-2013-1620999_24.php
[2] Livre, en hébreu dans le texte.
[3] Agence SANA. (6 janvier 2013). « Le président al-Assad lance une solution politique de la crise à trois étapes et affirme que la Syrie redeviendra plus forte et jamais concédant ni principes ni droits ». Récupéré le 25 janvier 2013 de
http://www.sana-syria.com/fra/51/2013/01/06/460573.htm
[4] Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, enseignant à lUniversité McGill en droit et membre associé de la Chaire Raoul-Dandurand à lUQAM.
[5] « Que tout va bien dans le meilleur des mondes possible », une phrase célèbre de monsieur Pangloss dans «Candide ou lOptimisme » de Voltaire.
[6] Jeangène Vilmer, Jean-Baptiste. (19 novembre 2012). « Lutter avec des monstres sans en devenir un soi-même». Publié dans Le Devoir. Récupéré le 26 janvier 2013 de
http://www.ledevoir.com/international/actualites-internationales/364283/lutter-avec-des-monstres-sans-en-devenir-un-soi-meme
[7] loc. cit.
[8] Monologue de Don Diègue après l’insulte du Comte, dans Le Cid de Pierre Corneille, acte I, scène 4, v. 237 260, éd. Larousse, 2007, p. 20.
[9] Jeangène Vilmer, Jean-Baptiste, loc. cit.
[10] « Toi aussi », en latin dans le texte de J.-B. Jeangène Vilmer.
[11] La rhétorique est à la fois la science et l’art qui se rapporte à l’action du discours sur les esprits, « bene dicendi scientia » selon les mots de l’orateur romain Quintilien.
[12] loc. cit.
[13] Juges I (5 :4).
[14] Allusion au personnage de Monsieur Jourdain dans « Le Bourgeois gentilhomme » de Molière.
[15] Dans « Cent ans de solitude » de Gabriel Garcia Marquez, José Arcadio Buendia est le patriarche de la famille et fondateur de Macondo. C’est une personne à la volonté forte, inamovible (tant physiquement que moralement) et avec un grand intérêt pour les mystères philosophiques, idéaliste et aventureux. Il finit ses jours attaché à un arbre.
[16] Allusion à la métaphysico-théologo-cosmolonigologie dans « Candide ou lOptimisme » de Voltaire, ch. 1
[17] Dans « Cent ans de solitude » de Gabriel Garcia Marquez, Melquiades est un prophète gitan qui se lie d’amitié avec le premier Buendia. Ensemble ils cherchent la pierre philosophale. Melquiades est déclaré mort mais revient chez les Buendia où il écrit des parchemins. Melquiades hante toujours la maison, et ses écrits racontent toute la malédiction des Buendia.
[18] Front al-Nosra est un groupe de rebelles armés en Syrie. Le groupe a été formé à la fin de l’année 2011 lors de la guerre impérialiste contre la Syrie. Il a été désigné par les États-Unis comme une organisation terroriste à la fin 2012.
[19] Oweis Yacoub, Khaled. (20 décembre 2012). Al Qaeda grows powerful in Syria as endgame nears. Publié par Reuters. Récupéré le 29 janvier 2013 de
http://www.reuters.com/article/2012/12/20/us-syria-crisis-qaeda-idUSBRE8BJ06B20121220
[20] Vilmer, loc. cit.
[21] Psaume (6 : 3 4).
[22] Nordland, Rod. (24 juillet 2012). Al Qaeda Taking Deadly New Role in Syrias Conflict. Publié dans The New York Times. Récupéré le 29 janvier 2013 de
http://www.nytimes.com/2012/07/25/world/middleeast/al-qaeda-insinuating-its-way-into-syrias-conflict.html?pagewanted=all&_moc.semityn.www
[23] The Guardian. (30 juillet 2012). Al-Qaida turns tide for rebels in battle for eastern Syria. Récupéré le 29 janvier 2013 de
http://www.guardian.co.uk/world/2012/jul/30/al-qaida-rebels-battle-syria
[24] Abdul-Ahad, Ghaith. (23 septembre 2012).Syria: the foreign fighters joining the war against Bashar al-Assad. Publié dans The Guardien. Récupéré le 29 janvier 2013 de
http://www.guardian.co.uk/world/2012/sep/23/syria-foreign-fighters-joining-war?intcmp=239
[25] Vela, Justin. (13 juin 2012). Arab states arm rebels as UN talks of Syrian civil war. Publié dans The Independent. Récupéré le 29 janvier 2013 de
http://www.independent.co.uk/news/world/middle-east/exclusive-arab-states-arm-rebels-as-un-talks-of-syrian-civil-war-7845026.html
[26] Puz, Ulrike. (25 juillet 2012). Christians Flee from Radical Rebels in Syria. Publié dans Der Spiegel. Récupéré le 29 janvier 2013 de
http://www.spiegel.de/international/world/christians-flee-from-radical-rebels-in-syria-a-846180.html
[27] Vilmer, loc. cit.
[28] Dans « Candide ou lOptimisme » de Voltaire, ch. XXX.
[29] Articles de Fida Dakroub publié par Mondialisation.ca
http://www.mondialisation.ca/author/fida-dakroub
[30] Dakroub, Fida. (24 avril 2012). « Le calife de sang ». Publié par le CRM. Récupéré le 29 janvier 2013 de
http://www.mondialisation.ca/critique-du-discours-philanthrope-sur-la-syrie-ou-mis-re-du-discours-le-calife-de-sang/30516
[31] Dakroub, Fida. (1 mai 2012). « Les chemins de la liberté ». Publié par le CRM. Récupéré le 29 janvier 2013 de
http://www.mondialisation.ca/critique-du-discours-philanthrope-sur-la-syrie-ou-mis-re-du-discours/30637
[32] Dakroub, Fida. (13 août 2012). « De lintervention militaire en Syrie : qui croire, BHL ou Jalili ? ». Publié par leCRM. Récupéré le 29 janvier 2013 de
http://www.mondialisation.ca/de-l-intervention-militaire-en-syrie-qui-croire-bhl-ou-jalili/32342
[33] Dakroub, Fida. (4 septembre 2012). « Le 11-Vendémiaire de la Sainte-Révolution syrienne ». Publié par le CRM. Récupéré le 29 janvier 2013 de
http://www.mondialisation.ca/le-11-vendemiaire-de-la-sainte-revolution-syrienne/5303168
[34] Vilmer, loc. cit.
[35] Zacharie (9 :9).
[36] Le Point. (28 janvier 2013). loc. cit.
Docteur en Études françaises (The University of Western Ontario, 2010), Fida Dakroub est écrivain et chercheur en théorie bakhtinienne. Elle est aussi militante pour la paix et les droits civiques.