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L'opinion

de notre ami

Canaille le rouge :

Lire l'histoire, la droite, son extrême.

Un livre utile et passionnant

  "De la République à l'Etat français" 

  

Vous savez ce que c'est, ces weekends de printemps (aux ponts cette année plus que restreints pour ceux qui bossent) qui font que si vous êtes de ceux qui ne se sont pas évadés vers d'autres ailleurs, vous disposez d'un peu de temps pour mettre si ce n'est de l'ordre (ne soyons pas ici provocateur à la maison) du moins de la méthode dans des papiers et bouquins.

 

Et là, je suis tombé sur un titre dont j'étais persuadé de l'avoir rangé sur une étagère au Phare ouest alors qu'il se trouvait à moins d'un mètre de mon clavier parisien.

 

On jette un œil. On feuillette. On pose ce qu'on a dans la main sauf le dit bouquin. On se pose et on se fait avaler par les pages...le rangement est retradé d'autant mais...

 

J'extrais de sa préface cette phrase qui m'a conduit à décider de ce papier : "plus on célèbre officiellement les bienfaits de la colonisation, plus s'intensifie et se durcit la répression contre tout mouvement d'émancipation, plus la pratique du pouvoir inclut le recours à la force".

Qu'en pensez-vous ? Fulgurant non ?

D'autant que l'auteur de ces lignes, Maurice Moissonier disparu en 2009, historien du mouvement ouvrier, précise juste après "…dans les périodes de difficultés, le "rêve impérial" offre, comme remède aux capitulations humiliantes devant les "diktats" totalitaire une idéologie de compensation".

Ces deux citations sont extraites de la préface écrite en 1996 pour cet ouvrage dont je recommande chaudement la lecture dans la période.


Deux auteurs qui prennent la précaution de préciser et borner le champ de leur étude : le chemin de Vichy, 1930-1940

Titre du bouquin : De la République à l'État français,

deux auteurs Jean Levy et Simon Piétri

(ed. l'Harmattan-collection "Chemin de la mémoire" 1996).

 

C'est toute l'histoire de la résistible ascension des droites en France dans l'avant guerre mais surtout comment et pourquoi et par qui ces droites ont été fédérées pour porter un projet politique, celui du capital. Le besoin pour les deux cents familles (toutes origines culturelles et religieuses confondues) de se réfugier sous le parapluie d'un pouvoir fort pour se protéger et protéger leurs intérêts dans un monde en crise et devant les colères populaires montantes que ses choix de classe imposent aux peuples.

 

Si l'histoire ne repasse jamais les plats, elle garde les menus et recettes en mémoire. Le capital se souvient que la décennie avant guerre lui fut douloureuse mais que le recours au fascisme et ses succès en Italie, en Allemagne, après un premier échec en 34 lui sauva la mise dès 1938 et Munich. Le capital industriel et financier se mettant au service du réarmement et d'une hégémonie souhaitée de l'Allemagne nazie déjà victorieuse contre l'Espagne républicaine avec la bienveillante neutralité des capitaines d'industrie et banquiers étatsuniens (Ford, IBM le clan Lindbergh etc.) et britanniques comme celles des mêmes en France.

 

Pour cette réaction qui exècre la République en France, il s'agit plus d'une mutualisation des droites. Leur regroupement au sein d'un État liquidateur de la République jusqu'à l'accueil des Nazis avec jubilation ("la divine surprise" de Maurras) et de leurs espaces singuliers autour d'une racine commune : la peur du rouge qu'il vienne des faubourgs de 89 ou des sections de la Commune. (Symbolique la conférence d'A. Rosenberg, ministre et idéologure nazi, intitulée "sang et or" au palais Bourbon à l'automne 40 pour consacrer la mort des idéaux de 89. Conférence où se pressera toute la bourgeoisie colaborationiste intellectuelle et économique).

 

Plein d'enseignement pour le militant du début du 21ème siècle.

Le premier étant que connaitre et comprendre n'est pas établir un modèle à recopier. Le Capital et la droite à son service en permanence inventent cherchent des pistes pour neutraliser ce qui s'oppose à ses profits. Ils tentent d'intégrer en leur sein (valeurs et organisation) des alliés recherchés dans les rangs de ses ennemis, de leur donner des moyens pour mener leur combat contre révolutionnaire.

 

Quadrillage des média publics par une politique d'éditorialistes qui fournira des Ph.Henriot et des J-H. Paquis, investissement capitalistiques et idéologiques dans ceux (privés) de la presse nationale et locale.

Fonctionnement des relais politique dans les ministères et préfectures (Chiappe, Papon en sont des figures emblématiques).

 

Aujourd'hui on dirait de lobbying mais déjà, dès la crise du milieu des années 20 devant les montées révolutionnaires matées dans le sang avec le concours en Allemagne de la sociale démocratie mais victorieuse en URSS, une mobilisation des "élites" intellectuelles universitaires ingénieurs artistes (B. de Jouvenel, de Brinon, A Bonnard etc.) pour porter le projet d'une nouvelle Restauration contre le péril rouge construite autour d'une collaboration des 1933 avec "nos amis allemands". En 1936, le manifeste des planistes X-crise ("c'est Pétain qu'il nous faut"), Eh oui, déjà!!

 

275 pages denses, suivies d'un appareil informatif sur la presse, une bibliographie, un index des noms qui à lui seul établie des passerelles avec les enjeux de notre temps.

 

Ouvrage cadré, les auteurs volontairement se concentrent exclusivement sur l'objet de leur étude et ne parle pas des oppositions, des résistances qui pour devenir victorieuses en 1944 s'uniront dans la Résistance, ses objectifs militaire et les singularités progressistes de son programme politique.

 

Une actualité brulante du propos pour combattre en 2011 l'extrême droite, son discours bien sûr mais aussi ses racines, son fond de commerce, ses commensaux. Décrypter inspirations, contenus et objectifs masqués du programme du "fn" comme partie du programme d'un capital en crise, expliquant ainsi les passerelles qui se fortifient avec la droite qui se déclare modérée mais qui est au diapason de celle dite extrême dans la recherche d'une issue durable pour leurs intérêts : le maintien à tout prix de l'hégémonie du capital ; à tout prix.

 

Des auteurs, Jean Levy dont il est question ici étant de plus, ce qui ne gâte rien, l'auteur-animateur souvent cité ici du blog "canempechepasnicolas", voila une raison de plus pour aller y voir de plus près.

 

Il serait dommage de se passer des coups de projecteurs, qu'avec son complice Simon Piétri (lisez donc son Cri du Peuple chez Thélès), ils donnent sur "la partie obscure de la force". Un éclairage saisissant permettant d'y voir nettement plus clairs pour nos combats d'aujourd'hui.

 

PS : Sur le Capital financier, la collaboration et l'extrème droite jusqu'à nos jours, en passant par la partie discrète des truands du patronant, lisez donc si vous ne l'avez déjà fait , toujours de J Levy, "Le dossier Georges Albertini,une intilligence avec l'ennemi".

 

Tag(s) : #Pages d"écriture
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