L'Allemagne s'immisce dans la campagne italienne. A cinq jours du scrutin, le ministre allemand des Affaires étrangères, le Libéral Guido Westerwelle, a affirmé ce mardi que « tout en ne prenant pas partie dans la campagne italienne », le gouvernement fédéral allemand « compte sur le fait que celui qui formera le prochain gouvernement poursuivra la politique pro-européenne de réformes nécessaires. »
Berlusconi réduit son retard
Indirectement, c'est une mise en garde contre la tentation des Italiens de voter en faveur de Silvio Berlusconi qui a mené tambour battant et avec succès une campagne centrée sur les critiques de l'austérité...
Mario Monti, président du conseil italien et candidat à sa propre succession après les élections des 25 et 26 février, a trouvé son adversaire : Silvio Berlusconi. On s’en doutait déjà puisque depuis l’annonce de la candidature du premier ministre, le Cavaliere n’a cessé de l’attaquer.
Mais cette fois, cela semble clair :
Mario Monti et le leader du centre-gauche italien, actuellement en tête dans les sondages, Pier Luigi Bersani, se sont rencontrés « secrètement. »
Et, selon la presse italienne, les deux leaders seraient convenus d’un « pacte de non agression » qui était déjà en vigueur dans les faits. Depuis la fin de l’année dernière, Mario Monti, s’il a pu parfois mettre en garde contre Silvio Berlusconi, s’est bien gardé de toucher au centre-gauche, même si ce dernier caracole en tête des sondages
Au Vatican, on vote pour Mario Monti.
Dans son édition de jeudi, le quotidien du Saint-Siège, L’Osservatore Romano, a donné une bénédiction à peine voilée à la candidature à peine voilée du président du conseil italien à sa propre succession. L’entrée en politique du sénateur Monti, explique le rédacteur du journal du Vatican, est «un appel à retrouver le sens le plus haut et le plus noble de la politique, celui du bien commun.» Difficile de faire plus élogieux.
Appel cordial
Dans sa même édition, L’Osservatore Romano, signale un fait encore plus significatif : Mario Monti a téléphoné ce mardi à Benoît XVI pour lui transmettre ses vœux de Noël. Un entretien, précise le journal «particulièrement cordial». Le fait n’est pas anodin, car il est de tradition que seul le président de la République italienne transmette au nom de l’Etat ses vœux. Là encore, il y a donc un geste significatif du Vatican envers le Professore Monti.
Souvenirs de la DC
Ce vendredi matin dans la presse italienne, on ne cessait de souligner l’appui de l’Eglise à Mario Monti, alors même que, dès dimanche, le président de la conférence épiscopale italienne, Angelo Bagnasco ne tarissait pas d’éloges sur la «méthode innovante» du président du conseil. Du reste, beaucoup, comme le quotidien de centre-gauche La Repubblica évoquait la recomposition autour du Professore de l’ancienne Démocratie Chrétienne (DC), le parti centriste qui a dominé la politique italienne de 1946 à 1992. On conviendra que pour quelqu’un qui doit rénover la politique italienne, il y a là un paradoxe assez troublant.
Berlusconi discrédité
Quelles sont les raisons de ce soutien ? C’est d’abord l’échec du centre-droit de Silvio Berlusconi qui s’est entièrement discrédité. «Il paie la facture des scandales», reconnaît le sénateur berlusconien Carlo Giovanardi dans La Repubblica. Impossible pour l’Eglise de soutenir un tel parti. A l’inverse, retrouver la douceur de l’époque de la DC n’est pas sans charme pour le Vatican. D’autant que le Saint-Siège peut s’inquiéter de l’influence des partis de gauche laïques, notamment du SEL de Nicchi Vendola, et du syndicat Cgil sur un futur gouvernement de centre-gauche.
La rigueur s’arrête aux portes de Saint-Pierre
Mais il y a peut-être aussi plus prosaïque. En soutenant Mario Monti et en pariant sur son maintien au pouvoir, le Vatican peut espérer que la rigueur et l’austérité menée par l’actuel président du conseil s’arrête au bout de la Via della Conciliazione, la rue qui mène à Saint-Pierre de Rome. En effet, l’Eglise bénéficie en Italie d’un régime fiscal et de revenus confortables. Mario Monti avait, du reste, dans sa grande sagesse politique, engagé à l’automne un bras de fer avec Bruxelles pour éviter de demander à l’Eglise les arriérés dus de l’impôt sur l’immobilier, l’IMU. Un geste qui coûtait A,2 milliard d'euros à l'Etat italien, mais que l’Eglise n’aura certes pas oublié…
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