Jeudi 7 février 2013
Publié par Sauvons l'Ecole
Rassemblement citoyen
des parents d'élèves du 93
le 10 février 2013
à Paris
Assises sous les paniers de basket du gymnase Japy, à Paris, Anne Hidalgo, première adjointe au maire, et Colombe Brossel, chargée de la vie scolaire et de l’éducation, entourées du recteur et d’élus municipaux. Face à elles, plusieurs centaines d’enseignants, d’animateurs et de parents d’élèves venus chercher des «réponses concrètes» à leurs interrogations.
Les deux élues défendent le projet municipal de réforme des rythmes scolaires dès la rentrée 2013, qui fait actuellement l’objet d’une fronde des enseignants parisiens, qui annoncent un second mouvement de grève mardi prochain, après celui, très suivi du 22 janvier. La première joue l’apaisement, la seconde défend le projet bec et ongles. Dans les deux cas, les cris et les huées montent rapidement de la salle.
«Il ne faut pas se crier dessus, il ne faut pas se siffler», avait pourtant intimé Vincent Peillon, ministre de l'Education, en visite lundi dans une école du XIe, faisant référence à la précédente réunion publique parisienne sur le sujet, le 24 janvier.
Une «concertation» de deux heures durant laquelle enseignants, animateurs et parents d’élèves s’étaient violemment accrochés avec les élus et le rectorat sur le retour de la semaine de 4 jours et demi dans les écoles de la capitale.
Un souvenir «douloureux» de l’aveu de chaque camp.
Mais la soirée de mercredi dans le XIe arrondissement ressemble plutôt à un remake de cette première réunion.
Après une heure et demi de chahut, Marie-Sandrine, représentante FCPE, quitte la salle. «J’en ai mal à la tête ! Ça part dans tous les sens, c’est dommage. Mais je suis contre le décret. On ne comprend pas pourquoi la mairie est si pressée... Les réponses ne rassurent pas, le budget est insuffisant. On espère tous un retournement de situation.»
Au fond du gymnase, gardant un oeil sur ses trois filles qui jouent dans un coin, Hiro critique lui aussi l’entêtement municipal : «C’est du martelage, la voix des parents n’est pas entendue. On est face à un mur.»
Les peurs des parents se cristallisent autour de la pause méridienne, qui serait allongée de 45 minutes pour permettre l’organisation d’activités periscolaires, non-obligatoires et gratuites.
Une mère prend le micro : «On est tous d’accord, la semaine de quatre jours c’est de la merde, désolé de le dire. Mais est-ce qu’on a vraiment les moyens de faire cette réforme ?»
Anne Hidalgo répète que la mairie a déjà réservé cinq millions d’euros sur le budget de 2013, en plus de l’aide promise par l’Etat. Un représentant du Théâtre de la Ville annonce la création de spectacles adaptés de 45 minutes pour se caler sur les nouveaux rythmes...
Rien n’y fait, le message ne passe pas.
Et certaines réponses évasives n'arrangent rien. Quand il s’agit de savoir quels locaux seront utilisés pour les activités périscolaires, Colombe Brossel répond qu’il faudra être «imaginatif».
Même les parents «d’accord sur le principe» d’un retour à la semaine de quatre jours et demi se disent inquiets. «Comment croire qu’on va avoir le temps d’amener les enfants au musée en trois quarts d’heure ? demande Olga, mère de deux enfants. Pourquoi chercher à aligner les rythmes des maternelles et des élementaires ? Les parents soutiennent les profs. Notre parole n’est pas confisquée par les enseignants !»
«Les médias donnent l’impression que la partie est gagnée mais ce n’est pas le cas !», ajoute Alice, venue avec sa fille «qui ne veut pas aller à l’école le mercredi. Il y a une vraie unité contre ce décret contrairement à ce que veulent faire croire les politiques. Surtout, ça ne règle aucunement les vrais problèmes comme l’échec scolaire d’avoir une demi-heure en moins chaque jour ou des activités en plus le midi...»
L’intervention de Jean-François Fontana, instituteur et fondateur de SUD-éducation, fait un tabac auprès des parents : «Les deux heures supprimées par la loi Darcos ne sont pas rétablies. On va étaler le temps sur la semaine, parce qu’il n’est évidemment pas question de toucher à la répartition sur l’année évidemment, ça toucherait trop de lobbies... Mais la vraie raison de cet empressement, c’est qu’on ne veut pas que cette mesure intérfère avec les municipales !»
Anne Hidalgo tente de rassurer : «Ce qui nous guide, c’est l’intérêt des enfants.»
Huées à nouveau. La candidate à la succession de Bertrand Delanoë ne s’interrompt pas :
«Il y a aussi des enfants qui ne sont pas bien chez eux, et c’est pas plus mal qu’ils passent plus de temps en collectivité.» «Laissez nos enfants tranquilles», crie une mère. «Cette réforme va aider beaucoup d’enfants de milieux défavorisés», répond Hidalgo. L’argument peine à convaincre auprès de ces familles vivant dans le centre de la capitale.
La soirée se termine avec la salle chantant «Abrogation, abrogation !» pendant que Colombe Brossel s’égosille.
Devant les journalistes, Anne Hidalgo, sourire forcé, fait le service après-vente. «On a bien avancé, sereinement. En tout cas je pense qu’on doit revenir à quelque chose de plus raisonnable, à plus de rationnalité ! C’est une trop belle réforme pour qu’on laisse tomber...»
A la sortie, Françoise, venue «sans a priori» avec son fils de 10 ans, est déçue. «Je ne suis absolument pas convaincue par ce que j’ai entendu. Je suis favorable à une réforme des rythmes de travail mais pas de cette manière. Il faut de vraies concertations, plus restreintes. Je suis choquée par la violence des échanges dans ce type de réunion, même mon fils a eu un peu peur à un moment !»