Canaille le Rouge
Utopiste, debout !
Vote sanction ?
On sanctionne quoi ?
Un de mes bons camarades qui n'a jamais compté son temps, sa disponibilité, et son énergie pour défendre les revendications des sidérurgistes et des métallos, un militant à qui on n'en compte pas du point de vue des luttes ouvrières marquantes sur plus du derniers tiers du siècle précédent, s'insurge avec raison sur les risques de voir la concurrence s'installer sur les rails.
Le cheminot retraité que je suis, ne peut que lui donner raison.
Le titre de son papier est on ne peut plus juste : SNCF: NE LAISSONS PAS FAIRE LES REQUINS DU RAIL
Son argumentaire s'engrène comme ancre et échappement en montre suisse…Jusqu'au moment où... il appelle à sanctionner Sarkozy (objectif auquel bien sûr tout syndicaliste de toute responsabilité normalement constitué devrait s'employer) à l'occasion des élections régionales.
Et là, y a comme un p'tit problème.
La situation de la SNCF ne débarque pas de mai 2007.
La loi qui permet la mise en concurrence sur le rail (marchandises, grandes lignes nationales et internationales, transports régionaux) est la transposition en droit français de la directive 91.440, concoctée par des socialistes et des libéraux partisans de l'UE et de son espace de libre concurrence.
Déjà en toute pièce dans le traité de Maastricht.
Les conditions de la transposition de cette directive 91.440 a connu un grand moment de débat et de luttes qui connaitra son paroxysme en 95.
La grève de 1995, mise en débat par la fédération CGT des cheminots et prise à bras le corps par ses militants, ceux des autres OS qui, après une intersyndicale où la CGT dû fermement rappeler les bases de l'entrée en luttes, la grande masse de la profession s'y retrouvant et s'y engageant, a permis d'imposer au gouvernement Juppé des reculs conséquents qui en leur temps ont conservé le monopole et le caractère intégré de la SNCF. Rappelons nous la pétition massivement signée par la population :
"la SNCF est un service public, elle appartient à la nation"
A partir de 1997, Juppé battu, un gouvernement se met en place.
Son ministre des transports désigné par son parti pour participer à cette majorité, parmi ses faits d'armes, réalise la privatisation du SERNAM que la grève deux ans plus tôt avait empêchée. Il organise l'entrée du capital privée dans la réalisation d'infrastructures nouvelle (Nîmes Barcelone), brèche dans le monopole public. Il spécialise les axes par type de trafic frappant au cœur du système de production intégré.
Il refuse de réunifier la SNCF en maintenant RFF au mépris de ses engagements de campagne et, au détour d'un chapitre de la loi SRU, il réorganise le transport régional avec d'une part un coup de couteau dans le statut de la RATP et un autre dans l'unicité des transports régionaux en termes de gestion publique.
Un authentique communiste, G Valbon pour 100 fois moins que cela, avait préféré partir que cautionner ce type d'opération.
Arrive le traité de l'UE.
Tous les présidents de régions dans notre pays ont appelé à voter oui, le peuple a voté NON.
La masse des syndiqués CGT a fait campagne pour ce non, cette détermination s'est diluée au fur et à mesure que les ascenseurs transparents de Montreuil gravissaient les étages de l'immeuble confédéral.
Au dehors, c'était encore plus radical :
Cette totalité des présidents de régions moins deux appartient à un parti dit de gauche qui a appelé à dire oui à cette UE, ils ont tous fait campagne pour ce oui.
Ensuite, en s'abstenant lors de la réunion des parlementaires à Versailles, ils ont permis en conscience la forfaiture qui à violé le vote des françaises et des français.
Les majorités régionales dont leurs vices présidents n'ont alors pas explosée mais Bussereau aujourd'hui veut l'entrée de Tiers opérateurs.
Certains parlent déjà en coulisse de fatalités.
Véolia (dont le PDG a son rond de serviette à la fête de l'Huma depuis 1997 et qui organise le pillage du service public EDF GDF), là aussi est sur les rangs.
Quand à cet ex- ministre des transports, il est maintenant sur le porte bagage d'un candidat que les communistes de Languedoc Roussillon ont refusé comme ils ont rejeté la candidature du ravi de la crèche fossoyeur du rail.
Soumis aux choix du PS, ils vont être appelé à voter pour ce tandem au nom du combat contre Sarkozy ?
Avec des situations plus ou moins aussi pittoresques, cela va être la même chose dans tous le pays.
Au risque que le désaccord avec mon copain Bernard sur ce point soit vraiment profond, je vois plus de perspective dans un travail permanent pour défendre l'emploi, augmenter les salaires et viser les profits que, dans une sanction certes pas déplaisante du tout, mais aux conséquences limités, qui laisseront aux manettes les partisans d'une orientation qui à droite comme à ce qu'on appelle la gauche est pour sa quasi-totalité partagée.