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Le Syndicalisme
comme instrument
de l’impérialisme
 
Tribuna Popular – 12 mai 2013
 
L’ingérence inacceptable
du Centre de Solidarité de l’AFL-CIO
 
Par Alberto Ruiz

 

Venezuela :


Juste avant les élections du 14 avril au Vénézuéla, Russia Today (RT) avait informé sur un cable de Wikileaks de l’année 2006 dans lequel, selon les termes de ce média « l’ambassadeur au Vénézuéla William Brownfield avait élaboré un plan intégral pour infiltrer et déstabiliser le gouvernement de l’ex président Chávez », incluyant les programmes de l’USAID et son Bureau des Initiatives de Transition (OTI, pour ses sigles en anglais).
Le 1er Mai, le président bolivien Evo Morales informa l’ambassade des Etats Unis en Bolivie su son désir à ce que l’USAID abandonne la Bolivie parce qu’il soupçonnait (de manière très raisonnable) aussi que cette agence tentait de renverser son gouvernement.

 

Le cable de Wikileaks de l’année 2006 offrait une lecture fascinante. (1) Dans ce document, l’ambassadeur Brownfield expliquait que, parmi ses multiples objectifs, la déstabilisation, « le programme contemple la promotion de la confusion au sein des files bolivariennes… ».
Et décrit un élément clés de ce programme comme suit :

 

« La OTI soutient les organisations non gouvernementales locales qui travaillent dans les bastions chavistes et avec des leaders chavistes, utilisant ces espaces pour contrer cette réthorique (chaviste) et promouvoir des alliances pour le travail commun sur des thèmes d’importance pour toute la communauté. La OTI  a atteint directement quelques 280.000 adultes à l’aide de 3.000 ateliers et sessions d’entrainement apportant des valeurs alternatives et des opportunités pour que les activistes de l’opposition interagiront avec des chavistes de ligne dure, avec l’objectif de les éloigner lentement du chavisme. Nous avons soutenus cette initiative à l’aide de 50 financements pour un total de 1.1 millions de dollars ».

 

Brownfield conclut le cable en affirmant « Par la réalisation d'activités positives, travaillant de manière non partisane à travers de tout le spectre idéologique, la OTI a été capable d’aboutir à des niveaux de succès en exécutant la stratégie d’équipe de pays au Vénézuéla. Ces succès ont été obtenus grâce à une opposition croissante des différents secteurs de la société vénézuélienne et du gouvernement vénézuélien ».

 

L’un des principaux récepteurs de l’argent de l’USAID dans la région Andine, lequel inclût le Vénézuéla, est l’aile internationale de l’AFL-CIO, le Centre de Solidarité. Le Centre de Solidarité s’est vu très humilié lorsque en 2002, quand le syndicat avec lequel il travaillait et financiait au Vénézuéla, l’anti-chaviste CTV, avait participé activement dans le coup d’État contre le président Hugo Chàvez.

Toutefois, sa honte n'a pas été suffisante jusqu’au point de céder dans son effort de continuer à soutenir la CTV et inclût d’appuyer la grève dirigée par de hauts fonctionnaires et cadres contre la compagnie pétrolière vénézuélienne (PDVSA), qui avaient causé des dommages énormes à l’économie vénézuélienne.

Et jusqu’à ce jour, le Centre de Solidarité travaille encore au Vénézuéla, grâce à un appui financier de 3 millions de dollars de l’USAID, pour ses activités tant dans ce pays comme en Colombie. Bien qu’apparemment inoffensif en lisant séparément, la description du Centre de Solidarité et son travail au Vénézuéla, mais en le lisant à la lumière du cable de Wikileaks, elle révèle son rôle impérialiste.
Dans ce qui suit, nous présentons la description actuelle que le site web du Centre de Solidarité offre sur son travail :
 

Durant les 13 dernières années, le Centre de Solidarité a travaillé avec un large éventail de centres syndicaux nationaux et organisations de travailleurs non-affiliés au Vénézuéla…

Étant donnée la fragmentation politique et la division entre les syndicats au Vénézuéla, les activités du Centre de Solidarité se sont centrées sur le soutien aux syndicats de toutes les tendances politiques afin de dépasser leurs divisions pour promouvoir et défendre ensemble des politiques ayant trait au développement de la protection des droits fondamentaux sur les lieux de travail et secteurs industriels.

Le Centre de Solidarité appuie actuellement des efforts pour unifier des syndicats d’orientations politiques diverses (incluyant des chavistes et non-chavistes, de gauche et de centre) pour promouvoir des droits fondamentaux du travail face à des actions contre les travailleurs qui menacent autant les syndicats pro-gouvernementaux que les syndicats traditionnellement indépendants.

Cet accent mis sur les droits syndicaux clés, comme la liberté d’association et la négociation collective, aide à ce que les syndicats dépassent les fissures politiques pour aborder des nécessités de base du peuple travailleur du Vénézuéla.  (2)

 

Cela vous semble familier ? Le programme du Centre de Solidarité au Vénézuéla est exactement le même de celui de Département d’État et de l’USAID ; c’est á dire, rapprocher les chavistes aux anti-chavistes en alliance avec une cause commune, un processus que les Etats Unis espère qu’il diluera le chavisme, ou, dans les paroles de l’ex ambassadeur Brownfield, obtenir «l’effet désiré d’éloigner les chavistes lentement du chavisme ».

Que le Centre de Solidarité suit exactement le programme du Département d’État et de l’USAID ne doit pas surprendre du fait que celui-ci reçoit presque tout son financement de l’USAID et d’autres ressources directement liées au Département d’État et aux intérêts de la politique extérieure (par exemple, le National Endowment for Democracy –NED-).
 

Comme réponse á cette affirmation, les gens du Centre de Solidarité, sans doute, feront le même geste dépréciatif collectif de toujours, suivie d’une négation appassionnée de l’affirmation comme quoi ils continuent d’être un instrument servant la politique extérieure des Etats Unis dans des pays comme le Vénézuéla.

Que par hasard ils reçoivent des fonds de l’USAID et que leur programme coincide parfaitement avec le programme de cette agence pour déstabiliser le gouvernement et le mouvement chaviste au Vénézuéla sont de pures coïncidences, s’exclameront-ils. 

 
Leur défense sera qu’ils n’ont pas l’intention de faire de la subversion ou provoquer un changement de régime comme le font ceux qui les appuient financièrement, et qu’ils ne sont pas la même organisation qu’ils étaient une fois et laquelle intentionnellement a aidé la CIA à renverser des gouvernements progressistes à l’extérieur, tel comme celui du président Jacobo arbenz au Guatemala, en 1954, et celui du président Salvador Allende au Chili, en 1973.

 

La meilleure analyse que j’ai retrouvé pour réfuter de telles négations du Centre de Solidarité, si réellement cela mériterai une telle réfutation, est la présentation dans la thèse de doctorat de George Bass qui est en train de circuler dans toute la gauche étasunienne. La thèse de Bass, qui est d’ailleurs bien soutenue, est que, malgrès les intentions du Centre de Solidarité, objectivement ce même centre continue de servir les intérêts politiques externes des Etats Unis qui continue de financer ses activités à l’extérieur.
En peu de mots, Bass explique :

 

L’évidence montre une continuité avec les pratiques politiques extérieures passées de l’AFL-CIO quand le Centre de Solidarité faisait le suivisme du leadership de l’Etat.
 
Il a été determiné que les modes de financement de la NED indiquent que le Centre de Solidarité avait tissé étroitement ses opérations à l’extérieur dans les sphères d’importance pour l’État étasunien, qu’il est fortement dépendant du financement de l’État via la NED pour mener ses opérations et qu’il travaille étroitement avec des alliés et coalitions des Etats Unis dans ces régions.

 

Pour le cas du Vénézuéla, qu’il analyse avec détail, Bass explique que l’incursion du Centre de Solidarité dans ce pays correspondait avec l’élection de Hugo Chávez à la présidence et à l’effort postérieur du Département d’État étasunien et de la NED pour renverser Chávez.

 

Bien sûr, selon la propre page web du Centre de Solidarité, celui-ci a mené ses activités au Vénézuéla durant les 13 dernières années –ou, exactement aprés que Chávez s’installera à la présidence pour la première fois en 1999-. Et a effectué son travail dans ce pays avec le financement de la NED et des fonds de la USAID –lequel, comme l’explique Bass, a fait gonfler autant le Centre de Solidarité comme aussi d’autres groupes incluyant l’Institut Républicain International (International Republic Institute –IRI-), après que Chávez soit élu pour la première fois.
De même, le Centre de Solidarité a établit des alliances avec des syndicats, principalement la CTV, laquelle est ouvertement anti-chaviste et qui avait participé au coup d’Etat qui renversa « brièvement » Chávez du pouvoir (72 heures).

 

Comme le dit astucieusement Bass, l’important n’est pas si le Centre de Solidarité (connu aussi comme « ACILS ») aie tenu réellement l’intention ou non de renverser le gouvernement chaviste au Vénézuéla, sinon qu’il a continué et continue d’agir dans des activités qui servent objectivement aux objectifs de déstabilisation  des intérêts politiques étrangers des Etats Unis qui financent ces dites activités.
Comme le conclut Bass, « il est clair que les activités de l’ACILS au Vénézuéla furent largement le produit du soutien de l’État étasunien, non seulement par le changement soudain et drastique dans les flux de financement, sinon aussi par le choix d’association avec la CTV et l’exclusion d’autres organisations ouvrières même après que la direction de la CTV s’alignera clairement avec Fedecamaras [association des entreprises privées] et s’engagera dans des grèves et occupations destinées a la déstabilisation du régime de Chávez ». On pourrait dire la même chose du programme actuel du Centre de Solidarité, lequel est aligné si parfaitement avec celui du Département d’État et de l’USAID.

 

Tout cela est vraiment alarmant et censurable.

Le peuple vénézuélien, avec le soutien significatif de la force ouvrière organisée au Vénézuéla, vient d’élire un ex. syndicaliste chauffeur d’autobus pour la présidence de la république. Le mouvement ouvrier étasunien devrait appuyer ce nouveau président, et certainement, se réjouir pour son élection.

Au lieu de cela, l’aile de la politique extérieure du syndicalisme étasunien est engagée à ce que objectivement serait l’action d’affaiblir ce président et le mouvement qui l’a amené au pouvoir. Ce comportement doit cesser.

 

Le seul salut pour l’AFL-CIO, et son Centre de Solidarité, est la suspension de toutes les activités au Vénézuéla immédiatement et le rejet à tout le financement de ses programmes de la part des entreprises de politique extérieure étasunienne.
De même, le Centre de Solidarité devrait rendre des comptes publiquement sur tous les crimes perpétrés contre les mouvements de libération et gouvernements du tiers-monde, ainsi que ceux de son prédécesseur AIFLD ; demander des excuses pour ces crimes et faire des amendements, à travers des compensations monétaires, littéralement à des milliers de personnes auxquels ils ont porté préjudice, et même assassiné, dans le sud global, grâce à sa complicité avec l’impérialisme nord-américain.
C’est l’unique manière pour que l’AFL-CIO puisse espérer sauver sa propre âme.

 

Alberto C. Ruiz est un activiste syndical et anti-impérialiste de longue date.

 

Notes: 

 

(1)   http://www.cablegatesearch.net/cable.php?id=06CARACAS3356&version=1314919461 

(2)   http://www.solidaritycenter.org/content.asp?pl=422&sl=407&contentid=1487 

(3)   Bass, George Nelson III.  2012.  “Organized Labor and US Foreign Policy:  The Solidarity Center in Historical Context.”  Department of Political Science, Florida International University.  Online (et gratuit) sur  http://digitalcommons.fiu.edu/etd/752

 

 

Tag(s) : #Contre l'impérialisme
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