Des idées que je mets en débat et des réactions aux événements politiques, syndicaux et sociétaux.

UN 5 MAI IMPOSANT
Je me suis rendu à Paris en car avec les militants du Front de Gauche de l’Oise.
Nous étions très nombreux et mon car était totalement rempli, ce qui n’a pas toujours été le cas lors de précédentes manifestations.
Arrivé à la Bastille, ce monument de la révolution française et qui préfigura la première république quand le roi fut destitué, là, la foule était déjà imposante : il était aux environs de 13 heures.
Une foule bigarrée : drapeaux, cocardes tricolores, bonnets phrygiens, multitudes d’hommes et femmes, de jeunes, d’immigrés, de retraités, le peuple quoi.
J’ai alors voyagé parmi les manifestants, c’était le peuple qui défilait, ce peuple trompé bafoué par le président et le gouvernement auxquels ils avaient fait confiance le 5 mai 2012.
Ce peuple, je le regardai, il était vivant, pas du tout abattu, il se prépare à une lutte qu’il sait nécessaire pour que la gauche ne sombre pas à nouveau dans la défaite et le retour de la droite au pouvoir qui elle manifestait à quelques kilomètres de là, les dents longues et avec le désir de revanche.
Des gens simples, des gens qui ont pris leur dimanche pour venir dire leur dégout de cette politique d’austérité qui les frappent particulièrement. Je voyais ces jeunes filles qui manifestaient leur colère face aux emplois précaires entrecoupés de période de chômage. Je voyais des personnes paralytiques, en fauteuil, qui avaient tenu à défiler, une très vieille dame arborait tous les autos collants de la manifestation, elle était heureuse d’être là et de faire partie de cette manifestation historique.
Des militants avaient des balais, d’autres s’étaient confectionnés leur propre pancarte et les phrases étaient significatives qu’ils voulaient autre chose que la cure d’austérité prônée par le gouvernement.
Il fallait aussi voir les usines en luttes, celles des Fralib par exemple mais aussi bien d’autres avec leurs syndicats.
Les manifestants criaient leur exaspération contre ce déni de justice d’une loi d’amnistie votée au Sénat et rejetée par le gouvernement pour l’instant.
J’ai parcouru ainsi toute la manifestation avant de revenir dans mon groupe de l’Oise. J’ai pris de nombreuses photos de pancartes que j’exposerai ces jours -ci sur ce blog et certaines sont sublimes comme ce mur des cons gouvernant le monde.
Un grand moment donc, plus de 180000 manifestants comptés par le Front de gauche, c’est un pari tenu et qui prépare d’autres initiatives pour que la gauche se rassemble sur un programme de gouvernement qui favorise les salaires, la réduction du temps de travail, la retraite à 60 ans et la sixième république pou nous défaire de cette gueuse qu’est la cinquième république des privilégiés.
Je suis rentré ce soir et à la télé, sur la deuxième chaine, les charlatans de l’information distillaient l’information de 30000 personnes à la Bastille, une manifestation disait la journaliste patentée qui ne servira à rien. Mais à voir sa « bobine » et celle de la présentatrice Drucker, elles avaient le visage de la déception devant ce flot continu qui a défilé plusieurs heures durant de la Bastille à la Nation.
j’ai vite fait changé de chaine pour me retrouver sur la première chaine, où là, c’est un comble, le journaliste de cette chaine privée qui couvrait l’événement annonça une manifestation réussi avec 180000 participants selon les organisateurs et 30000 selon la police.
Oui, il y a un coup de balai à donner sur les chaines publiques quand on voit ce ramassis d’experts et d’éditorialistes dressés par l’idéologie dominante pour défaire la vérité.
En fait ce chiffre de 30000 étaient l’invention de Valls, le ministre de l’intérieur, et je vois encore la pancarte d’un manifestant qui l’interpellait en écrivant : « Valls tu nous fais honte, avec ton comportement tu aurais eu les félicitations de Franco ». Terrible jugement d’un militant contre ce retourne-veste épousant la répression tout azimuts et étant un des premiers à refuser l’amnistie des militants syndicalistes.
Mais le clou de la soirée, c’était l’intervention du premier ministre sur la première chaine et qui n’eut pas un mot pour ces hommes et ces femmes qui manifestaient, mais, par contre, il rappela toutes les mesures prises en faveur du patronat qu’il qualifia de nécessaires pour redresser le pays.
Il nous narra ensuite le semeur qui attend que cela pousse et qu’il faut du temps pour que les bonnes graines se lèvent. On pourrait lui répondre que ses semailles ne sont que des mauvaises herbes qui envahissent la pelouse sociale.
Sa seule attention, pour défendre son premier bilan, fut portée envers ces patrons d’entreprises petites et moyennes qui se dépensent pour redresser le pays.
Triste autocrate, vous êtes, Monsieur le Premier ministre. Vous faites honte à ceux qui vous ont vu venir appuyer les syndicats lors de la campagne des présidentielles et je vous vois encore présent au meeting de la CGT : quelle infamie quand aujourd’hui vous tendez toute voile dehors la main au patronat alors que vous la refuser à ce monde du travail comme ceux de Florange dont vous avez tué leurs hauts fourneaux.
Souffrez et taisez-vous : acceptez de sacrifier votre paye et votre boulot pour redresser le taux de profit : voilà votre discours.
Oui, ce gouvernement et ce président nous conduisent vers le mur, l’inacceptable : alors mobilisons nous encore plus et on ne lâche rien.
Bernard LAMIRAND