L’ONG Latinobarómetro vient de publier son rapport 2013 (1). Basée a Santiago du Chili, cette ONG est soutenue entre autres par le BID (Banque Inter-Américaine de Développement), le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement), l’OEA (Organisation des États Américains), l’états-unien Office of Research et les agences de coopération des gouvernements suédois, norvégiens et canadiens. Depuis 1995, Latinobarometro produit un rapport par an sur base de 20.000 interviews dans 18 pays d’Amérique Latine – ce qui représente plus de 600 millions de citoyen(ne)s – avec une marge d’erreur de 3%.
Le Venezuela décroche le record absolu de confiance de la population dans la démocratie (87 %) suivi par l’Équateur (62%). Ce résultat confirme les chiffres récents d’autres organismes indépendants, que les médias internationaux ont pris le soin d’occulter (2). L’ONG remarque d’ailleurs que “le Venezuela est le pays où on observe la plus grande différence entre ce que pensent ses citoyens de leur démocratie et l’image qui circule dans la communauté internationale”.
Ainsi, en septembre 2013 le rapport World Happiness Report for 2013 rédigé pardes experts des Nations Unies, a conclu que le Vénézuéla est le pays le plus heureuxd’Amérique du Sud.
De même, sur les 150 pays étudiés dans le World Happiness Report 2012 ("Rapport sur le Bonheur dans le Monde 2012"), l’Université de Columbia (États-Unis) constatait que le pays le mieux positionné en Amérique Latine est le Costa Rica (12ème rang mondial) suivi par le Venezuela (19ème rang mondial).
De son côté, la société d’études d’opinion Gallup, a publié en mars 2012 un rapport (paru dans le Washington Post) portant sur 124 pays et qui établit que le Venezuela est le cinquième pays le plus heureux au monde.
Tous ces rapports s’accordent en général sur l’explication : c’est parce qu’il apporte des réponses a leurs besoins et a leurs critiques que les citoyen(ne)s vénézuélien(ne)s ont retrouvé la confiance dans le système démocratique.
S’il est un signe que le Venezuela actuel a beaucoup évolué par rapport à celui d’avant la révolution, on peut le lire dans la participation électorale des citoyen(ne)s et dans leur capacité a critiquer librement les politiques publiques.
Au sein du camp bolivarien, le très visité “Aporrea.org” diffuse quotidiennement, depuis une dizaine d’années, des témoignages en faveur du processus révolutionnaire mais aussi des critiques incisives, parfois virulentes, de l’action des fonctionnaires publics, qu’ils soient maires, ministres ou président de la république.
Si le paysage politique vénézuélien foisonne avec ses quarante partis de l’extrême gauche à l’extrême droite et ses nombreux scrutins, tous validés par les observateurs internationaux (Jimmy Carter considère après avoir observé 98 scrutins dans le monde, que c’est le Venezuela qui offre le meilleur système électoral à ses citoyens), on ne peut pas en dire autant du paysage médiatique – presse écrite, radio et télévision – resté en majorité (comme l’économie) aux mains de grands groupes privés et donc moins pluraliste (3). En voici une liste commerciale : http://www.guia.com.ve/medios/.
Dominants aux plans satellitaire, national, régional et local ces médias font de 80 a 90 % d’audience (dans le cas des télévisions, grâce notamment à la diffusion de télénovélas) contre à peine 10 à 15 % pour les chaînes publiques et communautaires. Ils constituent également une force considérable d’opposition aux transformations en cours.
Paradoxalement, depuis la révolution, le nombre de concessions accordées par l’État à ce secteur privé a augmenté, et plus encore depuis la mise en oeuvre récente de la télévision numérique par le gouvernement bolivarien.
Il faut ajouter le boom des télécoms (le Venezuela est un des premiers pays d’Amérique Latine en nombre d’usagers de la téléphone mobile ou de Twitter).
Il est intéressant de consulter une enquête de OpenNet - initiative de la Faculté de Droit de Harvard et du Citizen Labde l’Université de Toronto- qui révèle une carte des pays qui censurent Internet, quels contenus ils filtrent et comment ils le font.
En Amérique Latine, des pays comme le Mexique, le Venezuela, l’Equateur, la Bolivie, le Chili et le Paraguay n’exercent aucun type de censure.
Parmi les 18 pays étudiés dans le rapport 2013 de Latinobarómetro, on trouve une autre puissance pétroliére : le Mexique.
Par contraste avec le Vénézuéla, seuls 21 % de la population s’y disent satisfaits du fonctionnement de la démocratie. 37 % des personnes interrogées – l’équivalent de 43 millions de mexicains – disent que la grande majorité ne voit plus la différence entre un régime démocratique et un régime non démocratique.
Ce rapport a fourni l’occasion à John M. Ackermande publier une analyse comparée sur le thème de la démocratie entre le Mexique et le Vénézuéla. Ackerman est chercheur et professeur de Droit de l’Université Nationale Autonome du Mexique (UNAM), président de l’Association Internationale de Droit administratif, et docteur en Sociologie Politique de l’Université de Californie.
(Blog :http://johnackerman.blogspot.com/)
T.D., Caracas le 14 novembre 2013