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Les partisans de Boris Nemtsov chiffrent à 70.000 le nombre de manifestants venus lui rendre hommage le 1er mars à Moscou...Or, la capitale russe compte 11millions 500 mille habitants. On ne peut donc dire que les moscovites se sentent majoritairement "Nemtsov"...

Les partisans de Boris Nemtsov chiffrent à 70.000 le nombre de manifestants venus lui rendre hommage le 1er mars à Moscou...Or, la capitale russe compte 11millions 500 mille habitants. On ne peut donc dire que les moscovites se sentent majoritairement "Nemtsov"...

Des images pour comprendre

2
Mar
2015
Un exemple où on essaie d’imposer une théorie du complot :
l’assassinat de Boris Nemtsov

 

Vu par l’Obs

Samedi matin, article en une de L’Obs – Vincent Jauvert alias “legrandreporter” est là :

 

Lire ici 

Super responsable cette interview, dans ce contexte, comme ça… Un exemple de déontologie journalistique !

“L’opposant”

Vous noterez la narrative : Boris Nemtsov n’était donc pas un “homme politique”, non non, c’était un “opposant” :

 

 

 

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Bon France bleu reprend cependant la réaction de Poutine – même s’il tombe dans le “Un meurtre dénoncé par la communauté internationale” :

1/ en quoi est-ce une information, certains pays sont censés s’en réjouir ?

2/ je vous rappelle que, généralement, “communauté internationale” = États-Unis + UE + Canada + Australie (donc moins d’un milliard d’habitants sur 7…)

Bien entendu, employer systématique le nom “opposant” pour un politique venant de se faire assassiner laisse insidieusement la furieuse impression qu’il a forcéement été assassiné par la personne à laquelle il s’opposait…

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Le parcours de Boris Nemtsov

Ce physicien né en 1959 se lance en politique en 1989 avec un programme libéral, et est élu en 1990 au Parlement – battant une dizaine de candidats plus ou moins communistes.

Ayant fermement soutenu Boris Eltsine durant les évènements de 1991, il obtient son soutien et devient gouverneur de la région de Nizhny Novgorod (3 millions d’habitants – autant que la Bretagne par ex.), qui gagne alors le surnom de “laboratoire des réformes” libérales (qui entrainent en effet un boom de la croissance économique). Margaret Thatcher en fera l’éloge lorsqu’elle ira visiter de Nizhny Novgorod en 1993…

 

 

 

 

 

A la suite de la visite, il est élu à la chambre haute du Parlement russe, soutenus par les deux partis libéraux.

En mars 1997, il est nommé par Boris Eltsine Vice-Premier Ministre (à 38 ans…), en charge de la réforme du secteur de l’énergie.

 

Il est alors très populaire et apparait comme le probable dauphin de Eltsine pour la présidentielle de 2000.

Sa carrière prometteuse ne résista cependant pas à la grave crise économique de 1998. Il démissionna au printemps 1998.

En aout 1999, il fut un des cofondateurs du parti de l’Union des Forces de Droite, coalition libérale qui obtient près de 9 % des voix aux législatives de 1999, où il redevint député.

Et ce fut finalement Vladimir Poutine qui fut désigné dauphin de Boris Eltsine.

Sans aller très loin, au début de la fiche Wikipedia en français, on lit :

Après avoir été gouverneur de l’oblast de Nijni Novgorod, il entame une ascension fulgurante sous la présidence de Boris Eltsine et devient vice-premier ministre chargé de l’économie de 1997 à 1998, Boris Nemtsov était ministre de l’Énergie sous Boris Eltsine, ce qui lui valait d’être régulièrement dénoncé par le Kremlin comme un homme politique lié aux oligarques qui ont profité de la vague de privatisations des années 1990.

Aux législatives de 2004, l’Union des Forces de Droite s’écroula, et obtint seulement 4 % des voix, perdant tous ses députés. Nemstov démissionna alors de la direction du parti, endossant la responsabilité de l’échec. Il signa alors un appel alertant du danger d’une dictature de Vladimir Poutine.

En février 2004, il fut nommé directeur de la Neftyanoi Bank, et président de Neftyanoi Concern, sa maison-mère.

Après la révolution orange de 2004 en Ukraine, il devint conseiller économique du président ukrainien pro-occidental Viktor Iouchtchenko. Il fut révoqué en 2006, et Iouchtchenko perdit au 1er tour de la présidentielle de 2010 face à Viktor Ianoukovytch – avec un peu glorieux 5 % des voix (caramba, ça ne paye pas dans le coin le libéralisme pro-occidental on dirait…).

Fin 2008, Nemtsov cofonda le parti Solidarnosc avec Gary Gasparov. Il a été arrêté plusieurs fois très brièvement pour avoir participé à des manifestations non autorisées.

Nemtsov, natif de Sochi, critiqua fortement la tenue des Jeux Olympiques de 2014. Il se porta candidat aux municipales de sa ville natale de 2009. Il perdit avec 14 % des voix (contestant le score), battu par le candidat du parti de Poutine qui obtint 77 % des voix.

En 2012, Vladimir Poutine fut réélu président de Russie au 1er tour avec près de 65 % des voix. Les autres candidats étaient :

  • Ziouganov du parti communsite, avec 17 % des voix
  • Prokhorov, milliardaire indépendant, avec 8 % des voix
  • Jirinovski, nationaliste, avec 6 % des voix
  • Mironov, avec 4 % des voix

Nemtsov était donc passé du devant de la scène à la fin des années 1990 au fond des coulisses en 2015. Pourquoi la presse occidentale le désigne-t-il comme le “leader de l’opposition en Russie”, nul ne le sait…

 

Pour ses prises de position récentes, notons qu’il a évidemment soutenu les manifestations du Maidan à Kiev, déclarant fin 2013 : “Nous soutenons le mouvement de l’Ukraine vers l’intégration européenne. En soutenant l’Ukraine, nous nous soutenons aussi nous-mêmes”.

Il condamna le tir sur le vol MH-17 : “Les salauds qui ont fait ceci doivent être détruits.”

Et il fut un des rares hommes politiques russes a avoir condamné le rattachement de la Crimée à la Russie. (en bon démocrate pro-occidental, il n’aimait donc pas que des peuples votent pour refuser de se rapprocher de l’Occident).

Enfin, en septembre 2014, il écrivit dans le Kiev Post que “cette guerre n’est pas notre guerre, ce n’est pas votre guerre, [...] c’est la guerre de Vladimir Poutine”.

Ces positions irritaient donc beaucoup de personnes en Russie. Comme on le sait, il avait appelé à une manifestation le dimanche 1er mars .Ce que nos médias n’ont nullement rapporté c’est que plusieurs groupes d’opposition avaient décidé de ne pas manifester, estimant que la direction de la manif s’était muée en groupe de soutien à Kiev… (http://izvestia.ru/news/583471)

 

Petit détail largement tu, il avait de très bons amis américains, comme le fameux John McCain (ici en 2013) :

 

qui a du coup déclaré qu’il avait “le cœur brisé” à cause de ce meurtre :

 

Il aimait bien les Clinton aussi :

 

Bref, un ancien ministre de l’économie de Eltsine, quoi…

Je suis quand même sidéré que ces informations, pourtant facilement accessibles, ne soient guère rappelées dans nos médias – c’est pourtant à la portée du premier journaliste venu…

 

Mais non, on préfère laisser prospérer les rumeurs délirantes, comme vous l’avez vu – évidemment sans la moindre preuve. Je vous recommande vraiment la lecture des commentaires de l’Obs, c’est du TRÉS lourd !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dingue oui…

Boris Nemtsov : les liaisons dangereuses

Allez, hors de portée d’un journaliste, après 5 minutes de recherche sur Google, cet extrait sur Nemtsov issu de cette étude de l’école de guerre économique sur l’opposition russe “sous influence”(à lire comme toujours avec recul et esprit critique) :

Boris Nemtsov : les liaisons dangereuses (sic.)

Boris Nemtsov fait également partie des personnalités présentées comme les leaders de la contestation anti-Poutine dans de nombreux médias. Homme politique russe ayant occupé les postes de ministre de l’Énergie et de vice-premier ministre chargé de l’économie durant la présidence de Boris Eltsine, il est également l’un des membres fondateurs et président du parti d’opposition SPS(Soyouz Pravykh Sil – Union des Forces de Droite) de sa création en 1999 jusqu’en 2004 38.

Frédérick William Engdahl, historien et économiste germano-américain, décrit une partie de l’histoire de Boris Nemtsov dans son article « Regime Change in the Russian Federation? Why Washington Wants ‘Finito’ with Putin »39.

« D’après le Business Week Russia du 23 septembre 2007, Nemtsov introduisit le banquier russe Boris Brevnov à Gretchen Wilson, citoyenne états-unienne et employée de l’International Finance Corporation, une succursale de la Banque Mondiale. Wilson et Brevnov se sont mariés. Avec l’aide de Nemtsov, Wilson est parvenue à privatiser Balakhna Pulp and Paper Mill (NdT: grande entreprise de papier) au prix dérisoire de 7 millions de dollars. L’entreprise fut lessivée et ensuite vendue à la banque Swiss Investment de Wall Street, CS First Boston Bank. Les rapports financiers disent que les revenus de l’usine étaient de 250 millions de dollars.

La CS First Boston Bank paya également tous les frais de déplacement de Nemtsov au très exclusif forum économique mondial de Davos en Suisse. Quand Nemtsov devint un membre du cabinet directeur, son protégé Brevnov fut nommé président d’Unified Energy System of Russia JSC. Deux ans plus tard, en 2009, Boris Nemtsov, aujourd’hui le “monsieur anticorruption”, utilisa son influence pour dégager Brevnov des accusations de détournement de fonds par milliards des biens d’Unified Energy System of Russia.

Nemtsov accepta aussi de l’argent de l’oligarque emprisonné Mikhaïl Khodorkovsky en 1999 quand celui-ci utilisait ses milliards pour essayer d’acheter le parlement ou la Douma. En 2004, Nemtsov rencontra l’oligarque milliardaire en exil Boris Berezovsky dans une réunion secrète avec d’autres exilés russes influents. Lorsque Nemtsov fut accusé de financer son nouveau parti politique “Pour une Russie dans la légalité et sans corruption” avec des fonds étrangers, les sénateurs américains John McCain, Joe Liberman et Mike Hammer du Conseil national de sécurité du président Obama volèrent à son secours.

Le sbire très proche de Nemtsov, Vladimir Ryzhkov de Solidarnost est aussi très lié avec les cercles suisses de Davos, il a même financé un Davos sibérien (Forum économique de Belokurikha). D’après les comptes-rendus de presse russes d’avril 2005, Ryzkhov forma un comité 2008 en 2003 pour “attirer” les fonds de Khodorkovsky emprisonné ainsi que pour solliciter des fonds des oligarques en fuite comme Boris Berezovsky et des fondations occidentales comme la Fondation Soros. Le but déclaré de la manoeuvre étant de rassembler les forces “démocratiques” contre Poutine. Le 23 mai 2011, Ryzhkov, Nemtsov et plusieurs autres enregistrèrent un nouveau parti politique le Parti de la Liberté Populaire (PARNAS) de manière à pouvoir aligner un candidat président contre Poutine en 2012. »

Les relations troubles de Boris Nemtsov ne s’arrêtent pas là. En juillet 2009, lui même et Gary Kasparov ont rencontré personnellement Barack Obama durant sa visite au président Medvedev à Moscou. Le président américain a invité les leaders de l’opposition russe ainsi que des représentants d’ONG au Ritz Carlton Hotel de New York le 7 juillet. Avant cette rencontre, Boris Nemtsov est intervenu devant leCouncil of Foreign Relations où il a plaidé pour que le président Obama rencontre les leaders de l’opposition lors de son voyage à Moscou40.

En septembre 2011, son ancien conseiller Vladimir Kara-Murza fut l’invité de la NED à Washington en tant que membre du Conseil Fédéral du mouvement Solidarnost afin de discuter du thème : « Élections en Russie : Sondages et Perspectives »41. Parmi les quatre autres participants étant Nadia M. Diuk de la NED, modérateur du débat, mais aussi et surtout Angela Stent de l’Université de Georgetown et ancienne membre duNational Intelligence Council, un centre de réflexion sur les questions de politique étrangère s’appuyant sur les réseaux de renseignement américain et directement relié au Président des États-Unis42.

Enfin, on retrouve David Satter de l’Hudson Institute, un think tank familier de Gary Kasparov, tous étant venu écouter les chiffres fournis par Denis Volkov de l’institut de sondage/Centre d’analyseLevada, financé par la NED à hauteur de 61,460 $ en 201043 et décrit par celle-ci comme « l’institut de sondage considéré comme le plus indépendant de Russie44 ».

Dernier évènement en date, le 17 janvier 2012, un mois jour pour jour après la prise de fonction du nouvel ambassadeur américain en Fédération de Russie, Michael McFaul, les médias russes ont immortalisé un moment pour le moins atypique puisque le nouvel ambassadeur fraichement nommé par Barack Obama a rencontré de nombreuses figures de l’opposition dans l’enceinte même de l’ambassade américaine à Moscou. Parmi celles-ci Sergeï Mitrokhine, leader du parti Yabloko, mais également Boris Nemtsov en personne. Le procédé est plutôt étrange et pourrait choquer dans de nombreux autres pays45.

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38 Les autres membres fondateurs du parti sont Anatoli Tchoubais (homme politique ayant été l’un des acteurs majeur de la privatisation des entreprises russes sou la présidence de Boris Eltsine), Egor Gaïdar (Premier Ministre ayant mis en place la « Thérapie de choc » durant les années Eltsine) ainsi que Nikita Belykh (dirigeant du SPS de 2004 à 2008). Ce dernier est actuellement Gouverneur de l’Oblast de Kirov où il a travaillé avec Alexeï Navalny et Maria Gaïdar (fille d’Egor Gaïdar), depuis 2009, tous deux étant conseillers auprès de Nikita Belykh.

39 ENGDAHL Frederick William, « Regime Change in the Russian Federation? Why Washington Wants ‘Finito’ with Putin », GlobalResearch, 10 janvier 2012 http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=28571

40 « Obama Will Meet With Russian Opposition”, site de Drugaya Rossiya, 03 juillet 2009http://www.theotherrussia.org/2009/07/03/obama-will-meet-with-russian-opposition/

41 Site de la National Endowment for Democracy http://www.ned.org/events/elections-in-russia-polling-and-perspectives

42 Site du National Intelligence Council http://www.dni.gov/nic/NIC_home.html

43 Site de la National Endowment for Democracy http://www.ned.org/where-we-work/eurasia/russia

44 Ibid 41

45 SADOVSKAYA Yulia, « В Москве оппозиционеры получали инструкции в посольстве США? », 17 janvier 2012 : http://www.newsland.ru/news/detail/id/868187/

Les réactions

Outre McCain (très touché évidemment, vu que c’était probablement son poulain pour sa révolution orange…), on a pu lire ceci :

 

“un défenseur courageux et inlassable de la démocratie et un combattant acharné contre la corruption” : c’est vrai qu’il dénonçait fortement celle des pouvoirs en place, mais enfin, venant du ministre d’Eltsine qui a participé à la scandaleuse privatisation du secteur de l’énergie du pays, ils n’ont honte de rien…

Obama a fait bien mieux !

 

“Les États-Unis condamnent le meurtre brutal [sic.] de Boris Nemtsov, et nous appelons le gouvernement russe à  mener une enquête rapide, impartiale et transparente sur les circonstances de ce meurtre et à s’assurer que les responsables de cet assassinat violent [re-sic.] soient traduits en justice. Nemtsov était un défenseur infatigable de son pays, cherchant à amener à ses concitoyens russes les droits auxquels tous les peuples méritent. J’ai admiré le dévouement courageux de Nemtsov à la lutte contre la corruption en Russie et apprécié sa volonté de partager ses vues candides [re-re-sic.] avec moi quand nous nous sommes rencontrés à Moscou en 2009. Nous offrons nos sincères condoléances à la famille de Boris Efimovich et au peuple russe, qui a perdu l’un des défenseurs les plus dévoués et éloquents de ses droits.” [Barack Obama, 28/02/2015]

Cela vient du type qui espionne le monde entier, tout va bien…

Et on apprend que quand Obama va en Russie, il rencontre Nemtsov – normal, tout va bien… (colonialisme 2.0 ?)

 

P.S. je voudrais bien voir comment ils ont réagi pour des meurtres “d’opposants” ailleurs, surtout des opposants “de gauche” – si quelqu’un à des idées / sources… Merci de me contacter par mail

 

La palme est remportée (provisoirement) par la présidente de Lituanie (vous savez, le bidule qui est dans l’Europe est désormais dans l’OTAN) :

 

“Le meurtre de Boris Nemtsov montre que la Russie s’enfonce dans les ténèbres de la terreur contre son propre peuple…”

C’est sidérant, c’est la Présidente du pays, qui vient d’être réélue… Mais pourquoi s’est-on rapprochés de ces fous ?

Le pays va bien d’ailleurs :

 

 

Enfin, au niveau presse, mention à la COLOSSALE manifestation à Moscou : 70 000 personnes selon les organisateurs, 18 000 selon la police – pour 12 millions d’habitants dans la capitale…A comparer à Charlie – ce qui donne une idée de la popularité, et donc du danger, de Nemtsov…

La presse aura choisi les bonnes photos :

 

aze

“Poutine a tué mon ami” – tout va bien…

 

“Vague d’hommage” : hmm, vaguelette plutôt…

Mais ça bouge à Paris selon le Figaro :

 

Eh, plusieurs “dizaines de personnes”, ça fait vite 57 personnes… Surtout venant d’une association de premier plan, avec “une centaine de membres” revendiqués – bon, on est seulement 4 000 chez Diacrisis, mais n’ayez crainte, une manifestation de notre part ne sera évidemment pas relayée dans les médias.

Le pompon à l’Obs, encore :

 

“Hommage massif” : on a vu bien mieux quand même, surtout pour le soi-disant “leader de l’opposition”…

A la fin de l’article :

 

Eh oui, un article sur le meurtre de Nemtsov doit évidemment contenir une référence à Marine le Pen !!! (indispensable pour toucher la prime d e100 € pour chaque mention de MLP dans un média ? Je ne vois que ça comme conclusion à tirer… :) )

Quant à la citation, en effet, de quoi mourir de rire : oser déclarer qu’on fait confiance à la justice d’un pays frappé douloureusement, quelle stupidité diplomatique : on sait bien que c’est le moment pour s’essuyer les pieds sur un pays, on peut se permettre, vu l’état du nôtre !

Enfin, je signale que si quelqu’un doit mettre la pression sur l’appareil d’enquête russe, c’est bien Poutine, car la 1ère règle dans ce cas, c’est “À qui profite le crime ?”…

P.S.. Juste pour rire, c’est dans ce climat que Vincent Jauvert sort une interview d’un rocker russe, sobrement intitulée :

 

“L’autre bête noire” : la première était Nemtsov j’imagine ?

Avec cette magnifique citation :

Quand Poutine a pris la Crimée, je ne pouvais plus me taire, je me sentais trop mal. Les gens trouvent cette annexion normale. On leur a tellement bourré le crâne. La plupart n’ont pas compris, ils sont trop jeunes. Mais ceux qui, comme moi, ont vécu à l’âge adulte en URSS devraient être immunisés contre une telle propagande, cynique et brutale.”

Bref, plus sérieusement, selon la presse russe, les enquêteurs travaillent sur au moins cinq pistes possibles :

  • tentative de déstabilisation de la Russie,
  • piste ukrainienne,
  • affaire privée en relation avec le jeune mannequin ukrainien de 23 ans qui l’accompagnait
  • piste islamiste en relation avec la prise de position de Nemtsov sur Charlie Hebdo

 

Bref, il ne s’agit pas ici de dédouaner qui que ce soit, mais de demander que les commentateurs laissent la justice travailler (surtout quand ils ne connaissent rien au sujet), ou alors qu’ils donnent des PREUVES de ce qu’ils avancent.

Sinon, on aboutit à ceci : une magnifique théorie du complot, où Poutine tire toutes les ficelles (comme si des nationalistes ne pouvaient pas tuer tout seuls comme des grands !) et fait tuer ce type désormais insignifiant devant le Kremlin, en pleine crise avec l’Occident – mais bon, venant d’un “autiste”…

La minute hélas nécessaire de BHL

« Boris Nemtsov, Poutine et la guerre », par Bernard-Henri Lévy – Le 28 février 2015

J’ai rencontré Boris Nemtsov en avril 2000.

C’était le lendemain de la deuxième guerre de Tchétchénie.

J’étais venu interviewer le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Igor Ivanov.

Et j’en avais profité pour voir, le lendemain, dans les locaux d’une association de mères de soldats, celui qui n’était alors qu’un ancien gouverneur de Nijni-Novgorod, longtemps dauphin présumé de Eltsine, mais que le kagébiste Poutine avait, au dernier moment, coiffé au poteau.

Non, le futur banquier était totalement discrédité par la crise économique

Boris Nemtsov n’était pas encore l’incarnation de l’opposition démocratique en Russie qu’il est devenu avec le temps.

Ahahahahah

Mais il avait le charme, le charisme et, dans son beau visage de boxeur buté et aux aguets, l’intensité hypnotique propre à ceux qui, même s’ils ne le savent pas tout à fait, ont décidé de vouer leur vie à une cause qui les dépasse.

C’est de la bonne ?

Et je me souviens de la colère tranquille, presque logique, avec laquelle il avait évoqué quelques-uns des épisodes les plus sanglants de la chute, le mois précédent, de Grozny : tant de radicalité n’était pas fréquente dans un camp démocrate contaminé par un nationalisme grand-russe qui perdure, aujourd’hui encore, jusque chez un Khodorkovski – et elle faisait de ce jeune homme raisonnable et exalté l’opposant le plus lucide et, surtout, le plus entier à la nouvelle tyrannie rouge brune qui s’abattait sur la Russie.

Oh oui, c’est de la très bonne !

Ceux qui l’ont tué, ce 27 février 2015, sur le grand pont de pierre, à deux pas du Kremlin, savaient cela.

Ils savaient qu’ils éliminaient celui qui, de la Tchétchénie donc à l’immense entreprise de corruption que fut l’organisation des JO de Sotchi en passant par la défense intraitable de la liberté de la presse, fut le plus conséquent des chefs de l’opposition.

Ah bon, il est fort ce BHL, il sait tout sur tout ! Un vrai service de renseignement à lui tout seul…

Ils savaient que l’homme qu’ils abattaient et qui n’avait cessé, depuis dix ans et plus, de dénoncer l’essence mafieuse de la tyrannie poutinienne s’apprêtait, puisqu’il l’avait annoncé, à divulguer un rapport prouvant l’implication directe de militaires russes dans le Donbass.

Bien sûr…

Il ne pouvaient pas ignorer que leur cible de cette nuit-là était l’âme et la conscience du parti de ceux, de plus en plus nombreux, qui ont, à Moscou même, compris que cette guerre dans l’est de l’Ukraine est une folie, non seulement criminelle, mais suicidaire et qui est en train de mettre la Russie à genoux.

Surtout l’Ukraine quand même, de ce que je vois…

Bref, comme les assassins d’Anna Politkovskaïa en 2006, comme ceux de Sergei Magnitsky en 2009, comme d’autres, ils ont tué celui dont la voix – éclatante et qui, même étranglée, ne se taisait jamais – était l’honneur du peuple russe ; ce même peuple russe dont Vladimir Poutine s’ingénie, lui, au même moment, à défigurer les plus hautes valeurs.

Boris Nemtsov, c’était l’anti Poutine.

Tandis que l’un se réclame de Staline et du pire tsar de l’histoire russe, Nicolas 1er, l’autre était l’héritier conjoint de Sakharov, de Soljenitsyne et des dissidents de l’âge soviétique.

C’est là qu’on voit tout le caractère manipulateur de ce type : il cite Soljenitsyne alors que, quand celui-ci à palidé pour un réveild es valeurs russes, il a écrit un odieux billet dans Libération du 26 septembre 1990, prononçant la formule du bannissement intellectuel : « Il n’est pas récupérable : Adieu Soljénitsyne ».”

Et il est évident que sa mort est un coup dur pour la vraie grande Russie – celle qui est grande, non par les armes, mais par l’esprit et par cet insatiable désir de liberté qui va des décembristes à Pasternak en passant par cet hymne aux « libertés tcherkesses » de Pouchkine ou Lermontov que Boris Nemtsov avait sans doute en tête lors de notre rencontre d’il y a quatorze ans…

Nul ne sait, à l’heure où j’écris, qui a commandité le crime.

Eh bien on se la ferme alors…

Et l’on peut faire confiance au tortueux Poutine pour produire, le moment venu, un coupable idéal dont la personnalité viendra confirmer le conspirationnisme forcené dont il nourrit son peuple.

Alors que ce papier est garanti 100 % sans conspirationnisme, vu que BHL a toutes les preuves de ce qu’il avance ou sous-entend !

Mais ce que l’on sait, d’ores et déjà, c’est qu’une horreur pareille n’était possible que dans une Russie livrée, depuis vingt ans, à une violence d’Etat impunie.

Eh oui… Et assassiner des dessinateurs, c’est possible où ?

Ce qui est sûr c’est que Boris Nemtsov serait encore en vie et serait demain, dimanche, en tête de la manifestation anti guerre à laquelle il venait encore d’appeler, trois heures avant de succomber, sur l’antenne de Ekho Moskyy, si l’on ne sortait de vingt ans d’une chasse aux opposants où tout ce qui fait profession de démocratie a été méthodiquement trainé dans la boue et réprimé.

Et il en va de ce meurtre comme de celui de Jean Jaurès dont l’Histoire a moins retenu l’auteur direct que le vent de folie qui l’a rendu possible et qui soufflait, depuis des années, dans la presse d’extrême-droite, nationaliste et antidreyfusarde.

Puisse la comparaison s’arrêter là.

Et plaise au ciel que la mort de Boris Nemtsov n’ait pas la même signification rétrospective que celle du dernier chantre de l’internationalisme d’avant 1914.

Il va falloir, demain, regarder de très près ce qu’il adviendra de la manifestation pacifiste qu’il avait voulue et qui est en train de se transformer en manifestation de deuil et d’hommage à son courage et à sa mémoire.

Ou bien l’opposition, sonnée par ces quatre coups de révolver (autant, a dit son ami Kasparov, que d’orphelins qu’il laisse derrière lui), rentre dans le rang et attend.

Ou bien elle répond à l’intimidation par une mobilisation redoublée et fait à Boris Nemtsov un cortège recueilli et glorieux : et, alors, le parti de la guerre (contre l’Ukraine, contre l’Europe et, à la fin des fins, contre la Russie même) connaîtra sa première vraie défaite.

Le parti de la guerre, je vois assez bien qui c’est, c’est marqué dessus…

 

P.S. juste pour rire :

 

La minute vraiment nécessaire de Jacques Sapir

Chacun appréciera la différence de niveau…

Assassinat à Moscou

1 mars 2015

Par 

Il est aujourd’hui prématuré de vouloir désigner un coupable dans l’assassinat de Boris Nemtsov, mais au vu de l’émotion que cet acte odieux a provoqué, on peut néanmoins poser un certain nombre de questions. Ayant connu personnellement Nemtsov au début des années 1990, quand il fut élu maire de Nijni-Novgorod, puis l’ayant rencontré à plusieurs reprises jusqu’à son entrée au gouvernement, j’ai été ému, comme bien d’autres.

Je n’oublie pas non plus que le ralliement de Nemtsov aux idées libérales qui avaient cours en Russie à cette époque en fit un des responsables (même s’il ne fut pas, et de loin, le principal responsable) de la détestable politique économique qui conduisit le pays à la ruine et sa population à la misère, jusqu’à la crise financière de 1998. A partir de 2004, et de la « révolution orange » en Ukraine, il s’était rapproché de l’équipe de Victor Ioutchenko et des « pro-occidentaux » en Ukraine, au point de devenir un éphémère conseiller du gouvernement ukrainien. Son opposition à Poutine l’avait conduit à fréquenter les milieux oligarchiques et des gens étranges à Kiev. Plus récemment, il avait pris fait et cause pour le mouvement dit « de Maïdan » et il critiquait la position du gouvernement russe à propos de la crise ukrainienne.

Son opposition systématique à Vladimir Poutine l’avait marginalisé et il était bien moins connu que d’autres figures de l’opposition comme Zyuganov (le dirigeant du Parti Communiste de Russie ou KPRF), Alexeï Koudrine, l’ancien ministre des finances, ou même Navalny. Aux dernières élections son micro-parti avait eu moins de 1% des suffrages et, de fait, n’avait aucun poids. Il n’était donc nullement « la » principale figure de l’opposition à Vladimir Poutine comme on cherche à le présenter en France et aux Etats-Unis, mais, en dépit de son jeune âge (il avait 55 ans) il était en fait un « homme du passé ». Il faut avoir ces éléments en tête quand on réfléchit à « qui aurait eu intérêt à tuer Nemtsov ».

Un meurtre mis en scène ?

Les premières questions qui viennent à l’esprit concernent le scénario de son assassinat. On sait qu’il avait diné avec un mannequin ukrainien au restaurant qui se trouve dans l’enceinte du GOUM, dont une des sorties donne sur la Place Rouge. A partir de là, les choses semblent avoir été les suivantes :

  1. Nemtsov et son amie sont sortis à pieds du restaurant, sont passés devant l’église de Basile le Bienheureux et ont pris le grand pont qui traverse la Moskova. Vu l’heure (entre 23h et 24h) et la saison, il n’y avait pas grand monde sur le pont.
  2. Nemtsov a été tué par un tireur qui était dans une voiture (ou qui serait monté), suivant Nemtsov vraisemblablement, et qui a tiré 8 ( ?) balles dont 4 ont fait mouche dans le dos de Nemtsov. L’arme utilisé semble avoir été un pistolet automatique de type Makarov.
  3. La compagne de Nemtsov n’a pas été touchée dans le tir.

Ceci soulève plusieurs questions. Un tir depuis une voiture en mouvement implique que l’on ait parfaitement identifié la « cible » et surtout que l’on connaisse son parcours. Cela implique aussi un degré d’expertise dans le maniement des armes qui n’est compatible qu’avec le meurtre par « contrat ». Le risque de manquer la « cible » ou de ne lui infliger que des blessures non mortelles est élevé. De ce point de vue on peut se demander pourquoi ne pas attendre que Nemtsov soit rentré chez lui ? Le mode classique de l’assassinat par « contrat » se fait dans un lieu où l’on est sûr de trouver la victime, la cage d’escalier de son appartement ou quand la personne sort d’un restaurant en règle générale. Or, ce n’est pas ce qui a été fait. Le choix du lieu du crime pourrait impliquer une intention démonstrative. Comme celle d’impliquer Vladimir Poutine dans ce meurtre ? En tous les cas il est évident que les assassins ont pris des risques qui semblent indiquer une intention politique. Tout ceci fait penser à une mise en scène.

Les conditions techniques du meurtre.

On peut certes comprendre que les assassins ne tirent pas sur Nemtsov à sa sortie du restaurant. C’est un lieu où il y a toujours du monde et qui est très surveillé. Mais, le modus operandi soulève lui aussi plusieurs questions.

  1. Comment les assassins pouvaient-ils être sûrs du trajet qu’allaient suivre Nemtsov et sa compagne ? Si un fort degré de certitude existait, cela pouvait permettre aux tueurs effectivement d’intervenir sur le pont au moment voulu. Mais, si aucune certitude n’existait, comment pouvaient-ils être sûrs que Nemtsov serait, au moment voulu, sur le pont. On voit que cela impliquait un niveau d’organisation important.
  2. La voiture, une Lada blanche, ne pouvait en effet circuler sur la Place Rouge. Nemtsov n’a donc pas pu être suivi par les tueurs de sa sortie du restaurant jusqu’au moment ou il rejoint la voie routière. Pendant plusieurs centaines de mètres la voiture ne peut suivre ni précéder Nemtsov. Elle a donc dû intercepter la trajectoire du couple. Cela vaut que l’on soit dans le cas d’un tireur DEPUIS la voiture ou d’un tireur montant après avoir fait feu et cela implique très probablementun ou plusieurs complices qui suivent Nemtsov et qui indiquent (par téléphone mobile ?) aux futurs tueurs la situation de Nemtsov et de sa compagne. Mais, on peut aussi penser à une autre hypothèse, qui est techniquement possible. Ainsi, une balise aurait pu être emportée à son insu (ou volontairement ?) par Nemtsov ou la jeune femme, qui aurait donné à la voiture des tueurs la position et le déplacement exact du couple.
  3. La différence de vitesse entre des piétons et une voiture implique de plus une synchronisation parfaite pour que la voiture vienne à la hauteur de Nemtsov quand ce dernier est sur le pont. Ici encore, ceci est compatible tant avec l’hypothèse de complices qu’avec celle d’une balise.

On le voit, sauf si pour une raison ou une autre les tueurs savaient parfaitement quelle était la destination de Nemtsov et de la jeune femme, le meu

Tag(s) : #Europe
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